Voyage au pays des horreurs ou l’Invention de l’enfer libéral

From Liberpédia

Depuis au moins le début des années 1990[1] existe en France (notamment) une surabondante production de pensée qui attribue au libéralisme quasiment tous les maux de la Terre. De ce point de vue-là, l’imagination de nos « intellectuels » est sans limites. Voir la liste ci-après. Parmi cet ensemble sans fin de calamités dont le libéralisme ou le néolibéralisme, l’ultralibéralisme, le « libertarianisme », le marché, le capitalisme libéral, la mondialisation (libérale), le libre-échange, le profit, l’individualisme, la finance, la propriété… seraient à l’origine, on peut en distinguer trois sortes :

  1. Des maux réels, mais qui en fait n’ont rigoureusement rien à voir avec le libéralisme et le plus souvent même ont tout à voir avec son exact contraire ;
  2. Des phénomènes effectivement existants, mais qui en réalité ne sont pas du tout des maux  (certains relevant simplement des contraintes de la nature humaine et de la vie sur Terre) ;
  3. Enfin des phénomènes qui n’existent pas, qui relèvent purement de l’invention des « penseurs » qui les conceptualisent, en d’autres termes qui sortent de leur esprit malade.

C’est peu de dire que nous avons affaire là à la « pensée française »[2] – Université, édition, médias, monde de la culture… – dans toute son horreur, son délire et sa médiocrité.

Au cœur de la Folie française, le libéralisme (réel ou fantasmé) comme figure absolue et polymorphe du mal.

Les maux supposés du libéralisme

Il y a tout d’abord, les grands classiques : l’exploitation, la pauvreté, le chômage, les inégalités, l’exclusion, la précarité, les crises financières. Des thèmes régulièrement mis à jour par d’innombrables auteurs, par exemple :

  • L’exploitation par les détenteurs de capital de l’ensemble des salariés, au-delà des simples ouvriers (Toni Negri).
  • Le développement de discriminations de toutes sortes qui renforcent inéluctablement « l’exclusion des plus vulnérables » (Daniel Borrillo et Danièle Lochak).
  • Des inégalités croissantes de revenus et de patrimoines (Thomas Piketty).
  • Etc., etc.

Mais aussi :

  • La marchandisation généralisée, le règne de l’argent, le matérialisme.
  • La destruction des structures collectives (Pierre Bourdieu, L’essence du néolibéralisme).
  • La dissolution de l’individu-sujet (Dany-Robert Dufour).
  • Le modelage du cerveau de sorte qu’il soit soumis aux lois de l’économie mondiale et à l’esprit du capitalisme, phénomène contre lequel il faut résister par un altermondialisme biologique (Catherine Malabou).
  • L’uniformisation (ou l’occidentalisation) du monde (Serge Latouche).
  • La tentative de liquidation de l’État social et, conséquemment, l’instauration du chaos (Christophe Ramaux).
  • Les discriminations et le racisme (Sylvie Laurent).
  • L’escroquerie, le mensonge et la manipulation généralisés (George Akerlof et Robert Shiller). Au passage voir ce qu’il en est en réalité.
  • Des frustrations de toutes sortes.
  • La satisfaction de tous les désirs de l’individu, ce qui aboutit à l’oubli de l’essentiel (l’être, la spiritualité, l’amour du prochain…).
  • La désindustrialisation.
  • La baisse du niveau scolaire, le déclin de l’intelligence critique et du sens de la langue, l’illettrisme (Jean-Claude Michéa, L’Enseignement de l’ignorance et ses conditions modernes ; voir également).
  • Le conformisme et la soumission à l’ordre établi.
  • La subversion et la disparition de toutes les traditions.
  • La dénaturation, la déstructuration et la « dé-démocratisation » de l’Éducation nationale (Michel Fabre et Christiane Gohier).
  • L’atomisation des individus (variante : l’atomisation de l’individu).
  • L’idéologie du « genre » (Jean-Claude Michéa).
  • La violence (Jean-Pierre Dupuy).
  • La délinquance et la criminalité.
  • La répression policière et le maintien de l’ordre policier.
  • La frivolité généralisée (Jean-Joseph Goux).
  • La malbouffe (Jean-Baptiste Malet).
  • La guerre des sexes, les divorces.
  • La misère sexuelle (Michel Houellebecq) et/ou affective.
  • La débauche généralisée et le vagabondage sexuel.
  • Le sadisme, la pornographie (et plus généralement la « pornocratisation » du monde), la perversion ultime et l’égoïsme absolu (Dany-Robert Dufour).
  • Les suicides, l’alcoolisme, la drogue, la violence, les antidépresseurs, la délinquance et la criminalité (Michel Onfray).
  • L’exploitation des femmes comme objets sexuels au service des hommes (Mona Chollet).
  • La régression et la dénaturation des droits de l’homme (Justine Lacroix). Voir également. Au passage, c’est évidemment l’inverse qui est vrai.
  • La confiscation de la démocratie par une oligarchie (Chantal Mouffe).
  • La coercition, la violence et la terreur sexistes, misogynes, racistes, classistes et néo-colonialistes (Jules Falquet et Ochy Curiel).
  • La constitution d’une nouvelle religion dont la conséquence est la destruction de la nature (Stéphane Foucart) ou plus simplement et plus directement la destruction de la nature (Alain Badiou).
  • Le réchauffement/dérèglement climatique (Armel Campagne, Raphaël Glucksmann).
  • Indirectement le développement du djihadisme (Jean-Claude Michéa, entretien avec Christian Authier) ou même directement (Jean-François Bayart, voir le chapitre « Au Sahel, le néolibéralisme au service du salafisme (et du djihadisme) »).
  • L’esclavage, le colonialisme, le génocide, le racisme et le mépris du peuple (Domenico Losurdo).
  • La dégradation ou la destruction de la démocratie (revue Vacarme).
  • La destruction de la nation ou de la souveraineté.
  • L’arrogance (Eugène Enriquez et autres auteurs).
  • Des dégradations psychosociologiques de toutes sortes aboutissant à l’inhumanité généralisée (Thierry Brugvin, Samuel Chaîneau, Sébastien Hernandez, Olivier Labouret et Gérard Weil).
  • La violence masculine à l’égard des femmes (Mélanie Gourarier).
  • Le « cannibalisme » (Corinne Dupré).
  • L’art contemporain (Nadine Floury, L’Art contemporain de marché, vitrine du néolibéralisme
) et particulièrement dans ce qu’il a de plus détestable (Mikaël Faujour).
  • La destruction de la civilisation (Frédéric Lordon et, dans un autre genre, Michel Onfray).
  • La bureaucratisation (Béatrice Hibou, David Graeber et Thibault Le Texier). Voir également La Bureaucratisation du monde.
  • La négation de la nuit comme moment du temps distinct du jour (Michaël Fœssel).
  • L’insécurisation des parcours (de vie ?) qui en retour provoque une demande de sécurité permanente (Michaël Fœssel).
  • La perversion des légitimes et indispensables politiques d’égalité féministes et antiracistes (Réjane Sénac).
  • La haine de soi (Alain de Benoist).
  • Une révolution culturelle permanente qui, en raison de la domination exclusive de la loi de la valeur marchande, aboutit à la production – d’essence totalitaire – d’un « homme nouveau » (Maxime Ouellet).
  • Un « terrorisme officieux » caractérisé par le développement d’une pollution massive qui entraîne des dizaines de milliers de morts chaque année, pollution due au « néolibéralisme industriel » (Aymeric Caron).
  • La « foi ridicule dans une autonomie sans limite », qui, selon Jacques de Guillebon dans son éditorial du numéro 1 du mensuel L’Incorrect (septembre 2017), constitue l’essence du libéralisme.
  • La connivence avec le déconstructionnisme (Renaud Garcia).
  • L’engendrement d’une société moderne « entièrement fondée sur le travail abstrait et l’argent, la marchandise et la valeur ». Ce qui a pour conséquence la perte de sens et la négation des limites qui elles-mêmes débouchent sur la « pulsion de mort du capitalisme : un déchaînement de violences extrêmes, de tueries de masse et de meurtres “gratuits” qui précipite le monde des hommes vers sa chute » (Anselm Jappe).
  • La dégradation tous azimuts de l’hôpital public, qui elle-même entraîne erreurs médicales et suicides des infirmières (émission Envoyé spécial).
  • La disparition des valeurs traditionnelles du beau jeau et du fair-play dans le football, sa marchandisation, sa spectacularisation, etc. (Jean-Claude Michéa, Le plus beau but était une passe, Robert Redeker et Kévin Boucaud-Victoire).
  • L’instauration d’une extra-territorialité du droit qui aboutit à la domination destructrice des multinationales (Natacha Polony).
  • La marchandisation intégrale de l’existence, à travers l’expansion du numérique, elle-même permise par le libéralisme (Éric Sadin).
  • La destruction de toute vie privée (Frédéric Dufoing).
  • La délocalisation de la recherche scientifique vers des lieux à faibles contraintes réglementaires, « une sorte d’avatar scientifique de l’utralibéralisme » (Jean-François Bouvet dans « Chine, le défi génétique », Le Point no 2370 du 1er février 2018).
  • La séparation des enfants et des parents dans certains pays plus pauvres que d’autres (émission Envoyé spécial : dans le lancement de ce sujet diffusé le 5 avril 2018 sur France 2, Élise Lucet a expliqué que les enfants de ce village roumain dont les parents sont partis travailler en Europe occidentale étaient victimes de «  la loi du marché  »).
  • La laideur contaminatrice et généralisée (Gwen Garnier-Duguy dans L’Incorrect no 6, février 2018). C’est évidemment l’inverse qui est vrai.
  • La domination écrasante des forces de « l’antisocial » qui musèlent la « critique sociale », pratiquent la « casse sociale », refusent l’extension des « logements sociaux » et provoquent la dégradation du « climat social » puis la « régression sociale », tout cela afin de démolir l’« État social » et le « modèle social » français – qui a pour pilier la « Sécurité sociale » (que le monde entier nous envie) et qui permet la « justice sociale » –, d’empêcher le « progrès social », la « transformation sociale » et l’avènement d’une « Europe sociale », et de réduire à néant les « conquêtes sociales », les « acquis sociaux », la « solidarité sociale » et les « droits sociaux » ; forces maléfiques contre lesquelles donc il faut mener la « résistance sociale » et même la « guerre sociale » (Thomas Guénolé). Il faut avoir à l’esprit qu’« antisocial » a des sens précis en langue française classique, mais signifie, en novlangue socialiste, tout ce qui n’est pas pleinement socialiste ou communiste. À noter que le Larousse a intégré le sens socialiste… Et au passage, l’« État social » que défend l’esclavagiste-absurdiste Thomas Guénolé, c’est, entre autres, typiquement la « bureaucratisation de la lutte contre l’exclusion et de l’accès aux droits » (voir le schéma p. 46). Voir également l’article Comment, vous n’avez pas dit… « social » ? par Alain Laurent.
  • La violence à l’égard des plus vulnérables qui en retour déclenche chez eux de l’homophobie (Édouard Louis).
  • La réhabilitation des péchés capitaux (Christian Godin).
  • Le libéralisme étant dans son essence une idéologie religieuse (la « religion capitaliste »), il constitue à cet égard une « Église » (« l’Église capitaliste ») qui par son influence au sein de l’État fait de ce dernier une théocratie, une théocratie libérale-capitaliste (Bernard Friot, conférence Religion capitaliste & laïcité).
  • Un capitalisme technologique féroce qui apporte de nouvelles formes de servitude (Amellal Karim).
  • La souffrance au travail (Sophie Bruneau).
  • L’existence du design, lui-même « chien de garde du capitalisme » (Vincent Beauvois).
  • La création, à travers les techniques de développement personnel, d’un « capitalisme émotionnel » (ou encore « capitalisme affectif ») aboutissant à une dangereuse et trompeuse idéologie du bonheur, profondément individualiste, elle-même n’étant qu’une « ruse destinée à nous convaincre, encore une fois, que la richesse et la pauvreté, le succès et l’échec, la santé et la maladie sont de notre seule responsabilité » (Eva Illouz).
  • La marchandisation de la violence extrême et le terrorisme transnational (Richard Labévière).
  • La domination écrasante et malfaisante des Gafam (Nikos Smyrnaios).
  • La quasi-totalité des guerres, et en particulier les deux guerres mondiales, les génocides, les famines, le colonialisme, l’apartheid, la répression contre les courageux militants communistes, etc. (Aymeric Monville et Annie Lacroix-Riz). La grosse artillerie marxiste-léniniste-staliniste : ils ont oublié le Déluge, la dérive des continents et l’extinction des dinosaures…
  • La réduction de la durée de vie (Emmanuel Todd).
  • Une éternelle et gigantesque truanderie (Jean-François Bouchard).
  • La réduction de l’individu « au rang d’“homme-marché”, tout à la fois consommateur à conquérir et travailleur exploitable à merci » (Philippe Arondel).
  • Le narcissisme, l’égocentrisme et l’intolérance à la frustration (Marie-France Hirigoyen).
  • L’existence même des concepts d’« hétérosexualité », « homosexualité », « intersexualité » et « transexualité » qui n’ont de raison d’être que dans le cadre d’une « épistémologie coloniale et capitaliste » et d’une « gestion néolibérale de la différence sexuelle » (Paul B. Preciado).
  • La réorientation des politiques publiques en faveur des plus riches, conséquence de la généralisation à tous les champs de l’activité humaine de ce qui est présenté par les néolibéraux comme la « rationalité économique » (Gilles Dorronsoro).
  • La monumentale dette publique de la France et le fait qu’une bonne partie des Français sont matraqués de prélèvements obligatoires. Pourquoi ? Parce que les Gafam ne paient pas tous les impôts qu’ils devraient et plus généralement à cause du « totalitarisme financier » et de l’ultralibéralisme (Bernard Monot). Il est à noter que cet économiste charlatan et profiteur de l’État, partisan du « patriotisme économique », avait été décrit par Le Monde en 2014 comme « libertarien » (voir également). Folie française, quand tu nous tiens…
  • L’anti-intellectualisme (Sarah Al-Matary).
  • L’instauration de la loi du capital qui mène inéluctablement les démocraties vers le fascisme, en raison du fait que le capital « déteste tout le monde » (Maurizio Lazzarato).
  • Le propriétarisme, qui lui-même entraîne une dérive autoritaire de l’État, qui elle-même peut se transformer en dictature (de droite) (Philippe Askenazy).
  • L’imposture que constitue le transhumanisme (Christian Araud).
  • Les croisières avec leur « bouffe » en abondance et leur « gabegie » généralisée, symboles du « capitalisme le plus décomplexé », et les stations-services qui « balancent de l’essence », symboles du « capitalisme le plus débridé » (Marie Darrieussecq).
  • La négation et l’effacement du politique – dont le but ultime est le bien commun – et avec lui l’effacement de l’humain, ce qui entraîne la domination d’une ploutocratie mondiale sur des hommes interchangeables réduits à leur utilité économique (Guilhem Golfin).
  • L’instauration d’une démocratie autoritaire en vue de mener la guerre sociale contre une population qui refuse une politique en faveur du capital, le but étant de détruire le modèle social français. « Selon une méthode classique du néolibéralisme : de l’épuisement de la société doit provenir son obéissance. » (Romaric Godin).
  • La possibilité pour un petit groupe de décideurs surpuissants du secteur privé – qui échappent à tout contrôle démocratique – d’obtenir un pouvoir bien plus important que celui de la sphère politique et par là-même de façonner, pour le pire, l’existence des hommes (Dominique Bourg).
  • La destruction du monde (Dany-Robert Dufour).
  • Le darwinisme social et la réduction de toute activité humaine à la croissance économique, ce qui produit des désastres « sociaux, moraux et environnementaux », ainsi que, à travers l’individualisme qui est consubstantiel au libéralisme, « la solitude, la déréliction, la relégation, l’anomie ». À tout cela, il faut opposer « l’humanisme civique » (Emmanuel Roux). Au passage, à propos du « darwnisme social » voir notre page sur Richard Hofstadter.
  • La guerre que le libéralisme mène « contre tout ce qui n’est lui », après avoir contaminé les classes populaires avec l’individualisme et le consumérisme (Nicolas Mathieu).
  • La mise sous surveillance de l’État par le marché et le renvoi des dégâts sociaux et écologiques engendrés par le (néo)libéralisme au rang d'« externalités négatives » (Jean-Claude Monod, voir également).
  • À l’instar des trous noirs en astrophysique, l’absorption de « toutes les activités humaines, les ressources naturelles, les connaissances et tout le vivant, pour en faire des marchandises », jusqu’à la rupture, c.-à-d. une « crise sytémique indépassable » (Jean-Marie Harribey).
  • La transformation radicale de l’Université : « Il s’agit à la fois de l’appauvrir, de réduire le nombre d’étudiant·e·s, de la marchandiser, de favoriser le développement d’enseignements supérieurs élitaires et privés, de prendre le pouvoir sur la recherche, d’introduire un principe de concurrence, de réduire les libertés des universitaires et des étudiant·e·s. » (Philippe Blanchet).
  • La « genrisation » du capital, et plus précisément l’augmentation des inégalités de richesse entre les hommes et les femmes, au détriment des femmes (Céline Bessière et Sibylle Gollac).
  • La « double mainmise des financiers et des juges sur les entreprises et les États, dont les pouvoirs économique, financier et législatif ont été réduits à la portion congrue ». Ainsi que « la déresponsabilisation des banques commerciales et la privatisation des banques centrales ». Le tout constituant « une menace fatale tant pour les peuples et les États que pour l’écosystème » (Jean-Luc Gréau).
  • La destruction de plusieurs systèmes fondamentaux : les sanitaires, les éducatifs et les sociaux. Et aussi les écosystèmes (pendant qu’on y est…) (Barbara Stiegler).
  • La crise du coronavirus et de la Covid-19 (Alain Caillé et Jérôme Baschet).
  • L’engendrement du « néotravail », qui recèle des germes de mécanisme totalitaire. Ce qui n’est pas un hasard car le néolibéralisme « a traversé l’époque, en passant […] par le nazisme » (Fanny Lederlin).
  • Le « politiquement correct » gauchiste dominant depuis les années 1990 – féminisme délirant, antiracisme à sens unique, antidiscriminationnisme, antispécisme –, au détriment de la légitime et indispensable « critique radicale du capitalisme » que pratiquaient auparavant les valeureux communistes tendance marxiste-léniniste-staliniste (Jean-Claude Michéa). Naturellement, c’est l’inverse qui est vrai.
  • Le contrôle de la vie entière des individus par les Gafam, par l’avènement d’un « capitalisme de surveillance » (Shoshana Zuboff). Voir ce qu’il en est en réalité ici et ici. Et au passage, à propos de Naomi Klein, qui recommande chaudement le livre de Shoshana Zuboff, voir notre page qui lui est consacrée.
  • La « digitalisation du monde » (sic) qui elle-même entraîne un ensauvagement du capitalisme (qui devient cannibale et prédateur) et une grande régression : c’est le techno-féodalisme (Cédric Durand).
  • La marchandisation, l’appauvrissement et la dégradation de la vie sexuelle des femmes (Kristen Ghodsee).
  • Le(s) populisme(s) autoritaire(s) (David Cayla).
  • La création et l’imposition par la bourgeoisie, dominatrice et exploiteuse, d’un langage dont le but est de « brouiller les frontières de classe et légitimer un ordre social [à son] service » (Selim Derkaoui et Nicolas Framont). C’est évidemment rigoureusement l’inverse qui est vrai.
  • La notation et les classements (Sonia Devillers, écouter à partir de 19:40).
  • Le Brexit, résultat d’une stratégie d’une « fraction du patronat financier » britannique qui a pour but de tout « déréguler » pour étendre son emprise et gagner toujours plus d’argent, quitte à mener le monde à son extinction. À cet égard, le Brexit est « le premier exemple significatif du basculement d’un pays du néolibéralisme vers le libertarianisme autoritaire » (Marlène Benquet et Théo Bourgeron).
  • Le bizutage, le sexisme, les soirées d’excès et plus fondamentalement le formatage des étudiants au sein des écoles de commerce (Maurice Midena).
  • Le fait de faire de la concurrence « une fin en soi dans tous les espaces sociaux », ce qui rend incompatible la « pensée néo-libérale » avec « l’économie féministe » (Hélène Périvier).
  • Le chômage structurel en France et la « violence économique » (Benoît Collombat et Damien Cuvillier).
  • L’infériorisation de la valeur des vies humaines des victimes des guerres que mènent les pays occidentaux dans les pays dont sont issus les terroristes islamiques (Mathias Delori).
  • Le féminisme occidental traditionnel et hétérosexuel – la « mascarade féministe blanche néolibérale » – auquel il faut opposer vigoureusement un néoféminisme punk et intersectionnel des sexualités tous azimuts où « rien n’est vrai, mais tout est possible » (Christine Aventin).
  • De très nombreux maux résumés par la formule : « Prédation des communs et crise écologique, emprise de la finance et capture de l’État, délitement politique et violence sociale généralisée » (une centaine d’auteurs – dont François Bégaudeau, Laurent Binet, Johann Chapoutot, Laurent Cordonnier, Laurence De Cock, François Denord, Samuel Gontier, Serge Halimi, François Jarrige, Frédéric Lordon, Mathias Roux et François Ruffin – qui prétendent dresser le « tableau de la France néolibérale »).
  • Le « patriarcapitalisme, c’est-à-dire comment la structure de domination, la culture et l’identité de genre interagissent avec la structure économique pour faire obstacle à l’égalité [entre hommes et femmes] » (Pauline Grosjean).
  • Le transhumanisme, qui a pour but de « changer l’être humain pour mieux ne pas changer notre modèle de société » et qui est indissociable de «  l’appropriation capitaliste toujours plus poussée de nos corps et de nos vies » (Nicolas Le Dévédec).
  • L’ensauvagement (Ludivine Bantigny).
  • Le désastre économique, social, écologique et même anthropologique (Philippe Murer).
  • L’injonction au désir sexuel, qui constitue une « pression constante vécue notamment par les femmes et les minorités de genre » (Tal Madesta).
  • La société de surveillance et le contrôle sanitaire mondial (Guillaume Travers).
  • La déterritorialisation : « Multinationales et ultra-riches ont pu se soustraire aux réglementations et s’abstenir de toute contribution au bien commun. » (Guillaume Vuillemey).
  • Le transhumanisme, « stade terminal du processus capitaliste, [qui] n’est rendu possible que par une conception dégradée de l’homme, fondée sur la négation de sa valeur intrinsèque et son aliénation à la sphère de l’utile » (Nicolas Le Bault ).
  • Un idéal en toc qui peut se résumer par « l’accroissement indéfini des droits et de la richesse des individus » (Frédéric Saint Clair).
  • Le processus d’esseulement des auditeurs de musique et de privatisation de leurs goûts et leurs pratiques (Simon Bornstein).
  • La perversion du yoga : dans le discours véhiculé par la « culture mainstream », le yoga est en effet présenté comme étant « la méthode miraculeuse pour résoudre les problèmes et réaliser les aspirations des individus modernes assujettis au néolibéralisme » (Zineb Fahsi).
  • La promotion du rap « sale », c.-à-d. stéréotypé, sexiste, viriliste et raciste (Benjamine Weill). Et néolibéral aussi, évidemment.
  • L’inscription des méditation, sport, coaching, thérapies, massages, yoga « dans une logique néolibérale de consommation et de perfectionnement inatteignable  » : « Coûteuses et normatives, les pratiques de bien-être ne s’adressent souvent qu’aux personnes jeunes, blanches, riches ou valides. Elles prétendent apporter des solutions individuelles à des problèmes collectifs » (Camille Teste).
  • La loi que font régner les trafiquants de drogue dans les banlieues de l’immigration, les réglements de comptes, les morts, etc. (Michel Onfray).
  • L’explosion de l’insécurité et du nombre des homicides (Vincent Arpoulet).
  • L’existence des tueurs en série « qui, à première vue, semblent obéir à une logique purement criminelle ou bien exprimer une forme de folie strictement individuelle. En réalité, le meurtre en série relève d’une logique de revanche sociale réactionnaire qui ne fait que renforcer le système injuste et violent dont le tueur a été lui-même victime » (Laurent Denave). « Il s’agit de contribuer à une réflexion sur la domination sociale et de comprendre ce qu’une société inégalitaire peut produire de plus cruel et révoltant. »
  • Le désastreux démantèlement de l’État, le délitement des merveilleux services publics, la désindustrialisation, etc. (Maroun Eddé).
  • La désinformation scientifique, au service du « credo conservateur » (Stéphane Foucart, Stéphane Horel et Sylvain Laurens). On apprend notamment dans ce livre que les « campus américains [sont] sous perfusion libertarienne »
  • La consécration du capitalisme racial (Sylvie Laurent).
  • L’état d’urgence de plus en plus fréquent institué par les États inspirés par la philosophie politique libérale, situation menant inévitablement à la dictature (Eugénie Mérieau).
  • La fin du monde, littéralement, si le système capitaliste n’est pas d’urgence renversé par une révolution écologiste et socialiste (Clément Sénéchal).


Liste non exhaustive, tant s’en faut…


  1. ^  Nous renvoyons à la note 1 de notre article sur la Folie française.
  2. ^  Et naturellement, pour renforcer la « production nationale », une flopée de livres allant dans le même sens sont importés de la francosphère ou traduits de langues étrangères, à commencer par l’anglais.

Voir aussi


Mots clés : sophismes - sophistique - propagande - idiocratie - bouillie intellectuelle - économistes charlatans - sociologues socialistes - sociologie socialiste - pseudo-philosophes - classe parlante - idéologie dominante - pensée unique