Voyage au pays des horreurs ou l’Invention de l’enfer libéral

From Liberpédia
Révision datée du 30 October 2018 à 11:32 par Maurloutou (discussion | contribs)

Depuis au moins le début des années 1990[1] existe en France (notamment) une surabondante production de pensée qui attribue au libéralisme quasiment tous les maux de la Terre. De ce point de vue-là, l’imagination de nos « intellectuels » est sans limites. Voir la liste ci-après. Parmi cet ensemble sans fin de calamités dont le libéralisme serait à l’origine, on peut en distinguer trois sortes : 1) des maux réels, mais qui en fait n’ont rigoureusement rien à voir avec le libéralisme et le plus souvent même ont tout à voir avec son exact contraire ; 2) des phénomènes effectivement existants, mais qui en réalité ne sont pas du tout des maux  (certains relevant simplement des contraintes de la nature humaine et de la vie sur Terre) ; 3) enfin des phénomènes qui n’existent pas, qui relèvent purement de l’invention des « penseurs » qui les conceptualisent, en d’autres termes qui sortent de leur esprit malade. Et naturellement, pour renforcer la « production nationale », une flopée de livres allant dans le même sens sont traduits de langues étrangères, à commencer par l’anglais.

Au cœur de la Folie française, le libéralisme (réel ou fantasmé) – et par extension, le néolibéralisme, l’ultralibéralisme, le marché, le capitalisme libéral, la mondialisation (libérale), le profit, l’individualisme… – comme figure absolue et polymorphe du mal.


Il y a tout d’abord, les grands classiques : l’exploitation, la pauvreté, le chômage, les inégalités, l’exclusion, la précarité, les crises financières. Des thèmes régulièrement mis à jour par d’innombrables auteurs, par exemple :

  • L’exploitation par les détenteurs de capital de l’ensemble des salariés, au-delà des simples ouvriers (Toni Negri).
  • Des inégalités croissantes de revenus et de patrimoines (Thomas Piketty).
  • Etc., etc.

Mais aussi :

  • La marchandisation généralisée, le règne de l’argent, le matérialisme.
  • La désindustrialisation.
  • La destruction des structures collectives (Pierre Bourdieu, L’essence du néolibéralisme).
  • La dissolution de l’individu-sujet (Dany-Robert Dufour).
  • Le modelage du cerveau de sorte qu’il soit soumis aux lois de l’économie mondiale et à l’esprit du capitalisme, phénomène contre lequel il faut résister par un altermondialisme biologique (Catherine Malabou).
  • L’uniformisation (et/ou l’occidentalisation) du monde (Serge Latouche).
  • Les discriminations et le racisme (Sylvie Laurent).
  • L’escroquerie, le mensonge et la manipulation généralisés (George Akerlof et Robert Shiller) – au passage voir ce qu’il en est en réalité.
  • Des frustrations de toutes sortes.
  • La satisfaction de tous les désirs de l’individu, ce qui aboutit à l’oubli de l’essentiel (l’être, la spiritualité, l’amour du prochain…).
  • La baisse du niveau scolaire, le déclin de l’intelligence critique et du sens de la langue, l’illettrisme (Jean-Claude Michéa, L’Enseignement de l’ignorance et ses conditions modernes).
  • Le conformisme et la soumission à l’ordre établi.
  • La subversion et la disparition de toutes les traditions.
  • La dénaturation, la déstructuration et la « dé-démocratisation » de l’Éducation nationale (Michel Fabre et Christiane Gohier).
  • L’atomisation des individus (variante : l’atomisation de l’individu).
  • L’idéologie du genre (Jean-Claude Michéa).
  • La violence (Jean-Pierre Dupuy).
  • La délinquance et la criminalité.
  • La frivolité généralisée (Jean-Joseph Goux).
  • La malbouffe (Jean-Baptiste Malet).
  • La guerre des sexes, les divorces.
  • La misère sexuelle (Michel Houellebecq) et/ou affective.
  • La débauche généralisée et le vagabondage sexuel.
  • Le sadisme, la pornographie (et plus généralement la « pornocratisation » du monde), la perversion ultime et l’égoïsme absolu (Dany Robert-Dufour).
  • La régression et la dénaturation des droits de l’homme (Justine Lacroix) – au passage, c’est évidemment l’inverse qui est vrai.
  • La confiscation de la démocratie par une oligarchie (Chantal Mouffe).
  • La constitution d’une nouvelle religion dont la conséquence est la destruction de la nature (Stéphane Foucart) ou plus simplement et plus directement la destruction de la nature (Alain Badiou).
  • Le changement climatique.
  • Indirectement le développement du djihadisme (Jean-Claude Michéa, entretien avec Christian Authier) ou même directement (Jean-François Bayart, voir le chapitre « Au Sahel, le néolibéralisme au service du salafisme (et du djihadisme) »).
  • L’esclavage, le colonialisme, le génocide, le racisme et le mépris du peuple (Domenico Losurdo).
  • La destruction de la nation et/ou de la souveraineté.
  • L’arrogance (Eugène Enriquez et autres auteurs).
  • Des dégradations psychosociologiques de toutes sortes aboutissant à l’inhumanité généralisée (Thierry Brugvin, Samuel Chaîneau, Sébastien Hernandez, Olivier Labouret et Gérard Weil).
  • La violence masculine à l’égard des femmes (Mélanie Gourarier).
  • Le « cannibalisme » (Corinne Dupré).
  • L’art contemporain (Nadine Floury, L’Art contemporain de marché, vitrine du néolibéralisme
) et particulièrement dans ce qu’il a de plus détestable (Mikaël Faujour).
  • La destruction de la civilisation (Frédéric Lordon et, dans un autre genre, Michel Onfray).
  • La bureaucratisation (Béatrice Hibou, David Graeber et Thibault Le Texier). Voir également La Bureaucration du monde.
  • La négation de la nuit comme temps distinct du jour (Michaël Fœssel).
  • L’insécurisation des parcours (de vie ?) qui en retour provoque une demande de sécurité permanente (Michaël Fœssel).
  • La perversion des légitimes et indispensables politiques d’égalité féministes et antiracistes (Réjane Sénac).
  • La haine de soi (Alain de Benoist).
  • Une révolution culturelle permanente qui, en raison de la domination exclusive de la loi de la valeur marchande, aboutit à la production – d’essence totalitaire – d’un « homme nouveau » (Maxime Ouellet).
  • La « foi ridicule dans une autonomie sans limite », qui, selon Jacques de Guillebon dans son éditorial du numéro 1 du mensuel L’Incorrect (septembre 2017), constitue l’essence du libéralisme.
  • La connivence avec le déconstructionnisme (Renaud Garcia).
  • La dégradation tous azimuts de l’hôpital public, qui elle-même entraîne erreurs médicales et suicides des infirmières (émission Envoyé spécial).
  • La disparation des valeurs traditionnelles du beau jeau et du fair-play dans le football, sa marchandisation, sa spectacularisation, etc. (Jean-Claude Michéa, Le plus beau but était une passe, Robert Redeker et Kévin Boucaud-Victoire).
  • La destruction de toute vie privée (Frédéric Dufoing).
  • La délocalisation de la recherche scientifique vers des lieux à faibles contraintes réglementaires, « une sorte d’avatar scientifique de l’utralibéralisme » (Jean-François Bouvet dans « Chine, le défi génétique », Le Point no 2370 du 1er février 2018).
  • La séparation des enfants et des parents dans certains pays plus pauvres que d’autres (émission Envoyé spécial : dans le lancement de ce sujet diffusé le 5 avril 2018 sur France 2, Élise Lucet a expliqué que les enfants de ce village roumain dont les parents sont partis travailler en Europe occidentale étaient victimes de «  la loi du marché  »).
  • La laideur contaminatrice et généralisée (Gwen Garnier-Duguy dans L’Incorrect no 6, février 2018).
  • La domination écrasante des forces de « l’antisocial » qui musèlent la « critique sociale », pratiquent la « casse sociale », refusent l’extension des « logements sociaux » et provoquent la dégradation du « climat social » puis la « régression sociale », tout cela afin de démolir l’« État social » et le « modèle social » français – qui a pour pilier la « Sécurité sociale » (que le monde entier nous envie) –, empêcher le « progrès social » et réduire à néant les « acquis sociaux », la « solidarité sociale » et les « droits sociaux » ; forces maléfiques contre lesquelles donc il faut mener la « résistance sociale » et même la « guerre sociale » (Thomas Guénolé). Il faut avoir à l’esprit qu’« antisocial » a des sens précis en langue française classique, mais signifie, en novlangue socialiste, tout ce qui n’est pas pleinement socialiste et/ou communiste. À noter que le Larousse a intégré le sens socialiste… Et passage l’« État social » que défend l’esclavagiste-absurdiste Thomas Guénolé, c’est, entre autres, typiquement la « bureaucratisation de la lutte contre l’exclusion et de l’accès aux droits » (voir le schéma p. 46).
  • La violence à l’égard des plus vulnérables qui en retour déclenche chez eux de l’homophobie (Édouard Louis).
  • La réhabilitation des péchés capitaux (Christian Godin).
  • Le libéralisme étant dans son essence une idéologie religieuse (la « religion capitaliste »), il constitue à cet égard une « Église » (« l’Église capitaliste ») qui par son influence au sein de l’État fait de ce dernier une théocratie, une théocratie libérale-capitaliste (Bernard Friot, conférence Religion capitaliste & laïcité).
  • Un capitalisme technologique féroce qui apporte de nouvelles formes de servitude (Amellal Karim).
  • La souffrance au travail (Sophie Bruneau).
  • L’existence du design, lui-même « chien de garde du capitalisme » (Vincent Beauvois).
  • La création d’un « capitalisme émotionnel » (ou encore « capitalisme affectif ») aboutissant à une dangereuse et trompeuse idéologie du bonheur, profondément individualiste, elle-même n’étant qu’une « ruse destinée à nous convaincre, encore une fois, que la richesse et la pauvreté, le succès et l’échec, la santé et la maladie sont de notre seule responsabilité » (Eva Illouz).
  • La marchandisation de la violence extrême et le terrorisme transnational (Richard Labévière).
  • La quasi-totalité des guerres, et en particulier les deux guerres mondiales, les génocides, les famines, le colonialisme, l’apartheid, la répression contre les courageux militants communistes, etc. (Aymeric Monville et Annie Lacroix-Riz) – la grosse artillerie marxiste-léniniste-staliniste : ils ont oublié le Déluge, la dérive des continents et l’extinction des dinosaures…
  • La réduction de la durée de vie (Emmanuel Todd).

Liste non exhaustive, tant s’en faut…


  1. ^  Nous renvoyons à la note 1 de notre article sur la Folie française.


Mots clés : sophismes - sophistique - propagande