Sophisme comptable

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Le sophisme comptable consiste à faire passer une dépense pour une mesure inconditionnelle de la valeur de ce qu’elle a payé, en méconnaissant les conditions d’un jugement de valeur authentique, notamment le fait que celui-ci porte forcément sur un choix à venir entre les termes d’une alternative.

Le sophisme comptable est un non sequitur

Utilisé dans un raisonnement qui se veut normatif, le sophisme comptable consiste à déduire du fait qu’une dépense a été faite qu’elle valait la peine d’être faite :

"En fait, l’« argument » invoqué, en fin de compte, se résume à dire « tout ce qui passé est juste ». Mais il ne dit permet de rien dire sur le futur. Car si on applique le même raisonnement sur le futur, on pourra dire que ce futur aura été juste, mais on ne saurait dire que sur le chemin de ce futur, les crédits de la recherche « publique » auront été étendus ou abolis.
"L’erreur élémentaire de raisonnement qui se cache derrière chacun de ces sophismes, c’est d’appliquer un calcul comptable, comme justification d’une conclusion morale: on regarde ce qui a été fait, que l’on considère à juste titre comme la cause de ce qui est, en insistant sur un aspect bon ([ou, ] respectivement, mauvais) de ce qui est, et on en déduit, par un non sequitur, que ce qui a été fait était bon ([ou, ] respectivement, mauvais) par rapport aux alternatives proposées.

Le sophisme comptable enregistre de fausses productions

La première conséquence du sophisme comptable consiste donc à traiter comme une « valeur » ce qui n’en est pas une. Ainsi, la « comptabilité nationale » prétend évaluer la prétendue « production » de l’état au prix de la charge pécuniaire qu’elle inflige aux contribuables, alors que la seule indication possible de la valeur d’un service, ce sont les actes que les personnes accomplissent volontairement pour l’obtenir.

Ce premier aspect du sophisme comptable conduit donc à enregistrer comme des « productions » des actes qui sont en fait destructeurs ; il s’oppose donc au raisonnement économique, dont la première tâche est de distinguer les actes effectivement productifs de ceux qui ne le sont qu’en apparence et qui de ce fait gaspillent les ressources : l’ économiste sait que dans la plupart des cas, creuser des trous pour les reboucher ensuite, ce n’est pas de la production mais du gaspillage.

Un autre exemple de fausse production comptabilisée comme une vraie consiste dans les activités protégées par un privilège de monopole, qui auraient disparu si on ne les entretenait pas artificiellement de la sorte. Le privilège de monopole a donc les mêmes effets que l’impôt-subvention : il vole pour de puissants privilégiés, camouflant cette redistribution politique sous les apparences d’une autre fausse production.

« Sans l’incitation à la quantité puis les quotas, sans la nationalisation de la pollution, l’agriculture intensive et polluante serait sans doute remplacée par une agriculture plus propre, «biologique », moins polluante, etc. Au lieu de surproduire des denrées inutiles, on produirait d’autres denrées: des produits actuellement haut de gamme, ou alors des carburants verts. Et si vraiment il n’est pas rentable de rien faire pousser sur un terrain donné alors le terrain sera aménagé pour autre chose que l’agriculture: des parcs naturels abritant un retour de la vie sauvage, des habitations permettant à des hommes de vivre avec plus d’espace, des champs d’éoliennes, etc. On peut tenter de deviner comment les terrains agricoles actuels seraient utilisés en l’absence de la P.A.C., mais cela ne restera jamais que des conjectures, par définition. Les usages effectifs seraient en fin de compte déterminés par l’imagination et les préférences des personnes prêtes à engager les fruits de leur travail passé et futur dans l’aménagement effectif desdits terrains.» [1]

Le sophisme comptable consiste à méconnaître les alternatives

La deuxième conséquence du sophisme comptable c’est qu’on enregistre comme des coûts ce qui ne sont que des charges. Le coût est la valeur de ce à quoi on renonce au moment de faire un choix. Le coût est toujours un coût d’opportunité.

" Un calcul comptable est une comparaison entre un avant et un après. Un calcul comptable ne considère aucune alternative à l’action qui s’est déroulée, et ne saurait donc en aucun cas permettre d’atteindre aucune conclusion concernant la comparaison entre plusieurs telles alternatives. Pour faire un choix entre des alternatives, il faut faire un calcul économique : comparer plusieurs opportunités, plusieurs futurs possibles pour un même maintenant, selon les choix qui se présentent à un instant donné, et sachant qu’au plus un seul de ces futurs sera de l’ordre du factuel, en fonction du choix effectivement fait.
"Le calcul comptable s’intéresse aux coûts comptables, i.e. aux transferts de propriété ayant lieu au cours d’une opération. Le calcul économique s’intéresse aux coûts économiques, i.e. aux différences de résultats entre plusieurs opérations envisageables mettant en œuvre les mêmes ressources données. (On appelle aussi cette différence coût d’opportunité.) Utiliser un calcul comptable à la place d’un calcul économique, c’est le sophisme comptable.
[2]

Appeler « coût » les charges imposées par la violence, comme le sont les impôts, comme appeler « valeur » la dépense du butin ainsi volé, c’est aussi une forme tacite d'apologie du crime puisque c’est nier implicitement ce qui la distingue la violence agressive des actes conformes à la justice naturelle.

Le sophisme comptable oblitère la nécessité du choix

Ce qu’implique le sophisme comptable, c’est que la question de savoir quoi produire, et comment, serait une question triviale, de sorte que le seul problème économique serait la disponibilité des moyens de production. C’est l’illusion de l’ingénieur qui croit que les choix d’investissement et de production seraient des questions purement techniques.

Le sophisme comptable implique une vision du monde qui méconnaît le rôle central de l’esprit humain dans la production. Celui-ci non seulement imagine les projets et doit prévoir dans quel avenir on les réalisera, mais est la source de tous les divers moyens de les réaliser.

« Il y a une importante conséquence au fait que chacune des décisions de chacune de nos vies est prise sur des spéculations, sur des conjectures, sur une information partielle, sur une évaluation des futurs possibles, sur des hypothèses impossibles à vérifier directement parce qu’elles portent sur des futurs contre-factuels, sur des paris plus ou moins informés mais toujours hasardeux quant au meilleur choix parmi ces futurs possibles. Cette conséquence est qu’en un sens profond, chaque homme est un entrepreneur, et chaque vie une entreprise: il n’est pas possible de justifier nos actions par une fantomatique connaissance objective absolue; nous ne pouvons fondamentalement agir et engager les ressources à notre disposition qu’en fonction de convictions personnelles.  » [3]

Le sophisme comptable est matérialiste

Le sophisme comptable prétend « mesurer » la valeur par des objets physiques, sans voir que les jugements de valeur sont des actes de la pensée, que les choses n’ont de valeur que si quelqu’un leur en attribue comme moyens de réaliser ses projets à venir.

Ce sophisme matérialiste est le fait de tous ceux qui croient que l’argent a une valeur intrinsèque, autre que celle que leur donnent ceux qui s’en servent. Ce malentendu matérialiste sur l’argent est ce qui explique l’interdiction du prêt d’argent à intérêt comme étant « contre nature ». Cette condamnation s’appuyait sur le fait que l’argent ne fait pas de petits ; ses auteurs ne voyaient pas qu’une somme d’argent disponible seulement dans l’avenir vaut moins qu’une même somme disponible immédiatement, et que cette différence de valeur explique le revenu d’intérêt.

De même, en comptabilité, les sommes d’argent qu’on enregistre ne reflètent pas les alternatives à venir mais les choix du passé, et n’ont donc de sens pour le présent que s’ils demeurent conformes aux jugements actuels sur l’avenir. La difficulté principale de l’évaluation comptable tient à ce que, si on soustrait une richesse du projet qui lui donnait sa valeur comme c’est le cas de l’impôt, ou si on l’évalue sans tenir compte des conditions prévisibles de la rareté à venir, son prix cesse d’indiquer sa valeur sociale. Le sophisme comptable consiste à faire comme si cette difficulté n’existait pas, à enregistrer un jugement de valeur passé en-dehors du contexte où il peut être valide.

Le sophisme comptable est un vol de concepts

Le sophisme comptable consiste donc à se servir des concepts de la valeur, en méconnaissant les conditions d’un jugement de valeur authentique, à prétendre se servir des indications fournies par les prix en refusant de tenir compte de ce qui leur permet d’indiquer la rareté réelle.

Employer une notion tout en niant la réalité qui lui donne un sens, c’est ce que Ayn Rand appelait un vol de concepts : le sophisme comptable vole les concepts de la valeur en refusant de reconnaître les conditions du choix authentique qui seules peuvent leur donner un sens.

Ce sophisme est typique des adeptes de la planification autoritaire qui ne comprennent pas que la rationalité économique qu’ils voyaient à l’oeuvre auparavant dans les domaines où ils ont usurpé la prise de décision sera détruite par cette usurpation même ; que c’est pour cela que les planificateurs soviétiques en étaient réduits à recopier les prix des marchés et catalogues occidentaux pour donner à leurs calculs un semblant de signification.

Le sophisme comptable débouche sur le sophisme anti-comptable

Comme le sophisme comptable implique de méconnaître les alternatives réelles dans la description de choix dont on ne veut pas reconnaître qu’ils se posaient, sa version à l’usage du public encore plus ignorant des alternatives consiste à ne même plus tenir compte de la contrepartie, faussement comptabilisée, des distributions envisagées :

- le sophisme comptable affirme au moins implicitement, que cette distribution « vaudrait » les charges qu’elle fait peser sur ceux qui la paient, alors que, dans la mesure où on les a forcés à le faire, on a au contraire la meilleure preuve possible qu’en réalité elle ne les vaut pas.

- le sophisme anti-comptable consiste à passer entièrement sous silence l’origine de ces distributions, à méconnaître le fait métaphysique qu’elle doivent forcément avoir une origine ou une autre, sortir de quelque part, être prises à quelqu’un, et à faire et discourir comme si celles-ci, au contraire, étaient gratuites. C’est par un sophisme anti-comptable que l’on entretient le « mythe de l’État-père Noël » que dénonçait Ludwig von Mises

En particulier, les promesses électorales contiennent force sophismes anti-comptables implicites, dans la mesure où le politicien qui les fait promet à tout le monde de l’argent volé aux autres. Frédéric Bastiat appelait cette pratique « montrer la main douce, celle qui donne, et cacher la main rude, celle qui prend ».

C’est aussi par un sophisme anti-comptable que les politiciens prétendent avec la complicité de l’establishment journalistique « débloquer des fonds », quelques millions ci, quelques milliards là pour venir à l’aide des uns ou sauver les finances des autres. Le modèle économique implicite est que cet argent provient d’une manne céleste, dont le flot régulier à destination des administrés est assuré par l’office des grand’prêtres de l’establishment médiatico-administrativo-politique. Et gare aux impies qui voudraient bloquer cette manne céleste.

Comme le sophisme anti-comptable consiste à méconnaître la loi première de l’existence, la loi de l’identité, qui inspire toute la procédure et les disciplines comptables, on pourrait être tenté d’ opposer radicalement le sophisme anti-comptable au sophisme comptable, dans la mesure où son principe apparaît comme l’inverse du premier. Cependant, leur principe commun est de fausser la prise en compte des valeurs, en occultant le fondement naturel de la comptabilité et de ses règles : les conditions de l’authenticité des jugements de valeur dans le premier cas, la prise en compte de la loi métaphysique de l’identité dans l’autre. Dans les deux cas il s’agit de falsifier la réalité, dans les deux cas d’amener à ne pas prendre en compte les conséquences de ses lois. On peut donc présenter le sophisme anti-comptable comme un cas particulier, ultime, du sophisme comptable, lequel se définit alors comme une falsification des règles de la comptabilité dans le but de fausser la perception des effets d’une politique. En effet le principal effet, et la raison d’être, des sophismes comptables, et notamment du sophisme anti-comptable, est d’entretenir l’illusion fiscale.

Le sophisme anti-comptable est la première source de l’illusion fiscale

L’illusion fiscale décrit la différence entre les effets réels des politiques et des institutions redistributrices et leurs effets supposés tels que le discours public prétend en débattre, et à ce titre le rôle de l’économiste est d’attirer l’attention sur ce qu’on ne voit pas, par opposition à ce qu’on voit, pour reprendre les expressions de Frédéric Bastiat.

Comme le sophisme anti-comptable consiste à occulter une contrepartie nécessaire des distributions étatiques —le pillage qui les alimente, il représente dans la pratique les neuf dixièmes de l’illusion fiscale qui permet à l’étatisme de faire croire à ses victimes qu’il leur est avantageux. Notamment, la plupart des Sophismes économiques que dénonce Frédéric Bastiat dans le recueil qui porte ce titre sont des sophismes anti-comptables.

La vérité ultime que cache l’illusion fiscale est que la redistribution politique détruit la totalité du butin redistribué, ou son équivalent pour les parties prenantes : en effet, la rivalité pour le butin conduit chacun à consommer, pour s’en emparer, des ressources qui sont en tendance équivalentes au butin espéré (et complètement perdues pour toute production) : c’est la Loi de Bitur-Camember.

Le charlatanisme keynésien consiste dans des sophismes anti-comptables

Le charlatanisme keynésien consiste essentiellement à tenter de faire croire que dans certaines circonstances l’accaparement des richesses par les hommes de l’état ne priverait personne, dans la mesure où leurs dépenses engendreraient elles-mêmes des richesses plus importantes encore.

Cette sophistique s’oppose à la démonstration de Bitur-Camember, qui prouve que l’intervention de l’état au sens habituel du terme non seulement détruit, mais détruit une richesse équivalente à celle qu’elle vole, mais à l’évidence elle s’oppose d’abord à la loi de l’identité —qui dit en l’espèce qu’on n’a rien sans rien, et qu’on ne peut pas avoir à la fois le beurre et l’argent du beurre. Et nier la loi de l’identité en raisonnant sur la dépense, c’est nier les lois de l’arithmétique et de l’algèbre : la définition même du sophisme anti-comptable.

Confondre l’épargne avec la thésaurisation

Le premier sophisme anti-comptable du charlatanisme keynésien, dont on peut dire qu’il caractérise la « pensée » de Keynes, consiste à confondre l’épargne avec la thésaurisation, c’est-à-dire à méconnaître le fait que la plus grande partie de l’épargne est investie, de sorte qu’un surcroît d’épargne n’est pas une « fuite » dans le circuit de la dépense.

Méconnaître le fait que c’est l’épargne qui paie les salaires

L’ignorance de Keynes l’avait conduit à méconnaître complètement la structure de production, étudiée par les économistes autrichiens et suédois, et sans la prise en compte de laquelle on ne peut, dans le meilleur des cas, comprendre la conjoncture qu’à moitié.

Cela l’avait conduit à la plus grave erreur théorique et pratique que l’on puisse commettre lorsque l’on prétend —si contestable que soit en outre la démarche— raisonner sur la dépense totale comme déterminant de l’activité productive. En effet, méconnaître la structure de production conduit à ne pas comprendre que c’est avec de l’épargne que l’on paie la plus grande partie de la dépense dans l’économie. Pour occulter ce fait, le tour de passe-passe de la comptabilité nationale à la mode keynésienne consiste à employer des agrégats : produit national avec ses composantes principales —consommation et investissement net— qui sont pertinentes pour juger du revenu, mais occultent la plus grande partie de la dépense sous la rubrique de l’investissement net. Or celui-ci représente la différence entre des achats des entreprises à leurs fournisseurs, lesquels représentent presque deux fois le volume de la consommation finale, et les coûts matériels de la production.

De même, entre autres, les keynésiens méconnaissent qu’un accroissement de dépenses de consommation ne peut conduire à embaucher davantage de salariés que si le chiffre d’affaire supplémentaires est réinvesti, c’est-à-dire... épargné.

Le crayon magique du multiplicateur

Imaginez un tour de prestidigitation où le magicien tiendrait un crayon entre deux doigts : il se mettrait à tirer sur sa queue et au lieu de reculer d’autant, sa pointe s’allongerait, poussant en sens inverse. C’est ce tour de magie que prétend réaliser le « multiplicateur » keynésien. Le raisonnement qui prétend « démontrer » celui-ci repose sur un sophisme mathématique grossier, qui postule implicitement ( sous prétexte d’observations statistiques) que, lorsqu’on fait varier une partie de certaines dépenses, le rapport entre cette partie-là et le tout demeurerait constant. Ce sophisme a d’abord été réfuté par Henry Hazlitt, réfutation reprise par Murray Rothbard.

L’approche « macroéconomique » implique des sophismes comptables

L’approche macroéconomique que Keynes avait inaugurée, mais qui est reprise par d’autres, constitue pour sa part un exemple de sophismes comptables, dans la mesure où elle prétend traiter la dépense comme une masse homogène alors que le problème de la conjoncture c’est celui de la distribution des demandes par rapport aux offres, problème né d’ erreurs de prévision de la part des entrepreneurs. La macroéconomie est donc bien un exemple d’erreur de catégorie consistant à méconnaître le problème économique de l’information, et à raisonner sur les sommes d’argent échangées et comptabilisées comme si le rapport des prix aux jugements de valeur ne se posait pas.

La démonstration de Bitur-Camember consiste à démasquer deux sophismes anti-comptables dans le raisonnement sur l’équilibre et permet d’en identifier un troisième

Le premier sophisme anti-comptable de la théorie de l’équilibre généralement enseignée est que celle-ci n’inclut aucune description de la spoliation légale : et quand elle envisage l’intervention de l’état elle en traite a posteriori, comme un deux ex machina, comme si cette intervention était compatible avec les postulats de départ dont elle se sert pour décrire le système économique —c’est-à-dire pour exister en tant que pensée construite, alors que cette intervention les viole nécessairement.

En particulier, une contradiction caractéristique de l’étatisme en économie mathématique consiste à traiter le Droit de propriété à la fois comme s’il existait —ce qui est absolument nécessaire pour spécifier les modèles de maximisation qui la constituent, et comme s’il n’existait pas —ce qu’implique d’accepter le principe de l’intervention de l’état, puisque celle-ci se définit comme une violation de ce Droit.

Le deuxième sophisme anti-comptable de la théorie de l’équilibre généralement enseignée, qui découle du premier, consiste à ne tenir aucun compte du coût de l’activité prédatrice dans la société politique, et par conséquent du fait qu’à l’équilibre, ce coût de l’activité prédatrice doit être égal aux butins qu’on espère en tirer —avec pour conséquence —ce qui est la Loi de Bitur-Camember— qu’en tendance, l’activité prédatrice doit détruire autant de richesse qu’elle en vole.

Et c’est justement parce qu’elle démasque ces deux sophismes anti-comptables que la démonstration de Bitur-Camember s’appelle ainsi : parce que ce que le sergent Bitur reprochait au sapeur Camember, c’était de ne pas avoir creusé

« un trou assez grand pour y mettre à la fois sa propre terre et celle de l’autre trou ».

Les erreurs sur laquelle insiste l’appellation de Loi de Bitur-Camember sont donc celles commises contre la loi de l’ identité —même si c’est dans le cadre d’un raisonnement qui n’est pas purement comptable, puisqu’il doit aussi évoquer les tendances à l’équilibre.

Peut-être, cependant, le sophisme anti-comptable qui masque le plus efficacement la Loi de Bitur-Camember consiste à ne pas tenir compte de la richesse que la spoliation empêche de créer —production découragée chez ses victimes, renonciation à l’exercice d’un métier honnête chez les voleurs— richesse qui par définition n’apparaîtra dans aucune statistique, alors qu’une discipline comptable correctement suivie exigerait forcément d’en reconnaître l’existence.

C’est par exemple une manifestation de la Loi de Bitur-Camember que, dans les hôpitaux comme dans les écoles tenus par les hommes de l’état, la moitié' du personnel est administratif : la « comptabilité nationale » recensera comme la mesure de leur « production » les salaires de ces parasites sociaux institutionnels, alors que le raisonnement économique y voit, à l’évidence, celle de leurs destructions.

Ultime illustration du fait que le sophisme comptable implique une négation des principes de la véritable comptabilité.

Voir aussi