École autrichienne

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L'école autrichienne d’économie se distingue des autres en ce qu’elle s’est sérieusement efforcée de distinguer, dans la science économique, ce qui se prouve par la cohérence logique et ce qui se prouve par l’observation. Elle en déduit la distinction faite par Ludwig von Mises entre la « théorie » sociale d’une part, et l'« histoire » d’autre part. Elle tient que la faculté de penser des hommes rend la méthode expérimentale inutilisable en théorie économique, mais permet de déduire des lois générales, aussi vraies que 2 + 2 = 4, de la nature de l’action, et plus généralement des rapports de l’être pensant avec l’objet de ses actions.

L’inspiration réaliste

Elle s’inspire donc d’une conception réaliste de la preuve philosophique qui tient que les démonstrations logiques peuvent et doivent s’ancrer dans le réel, parce que c’est aussi le cas des définitions. Dans la tradition d’Aristote, à laquelle se sont formés Carl Menger et Eugen von Böhm-Bawerk – les deux économistes à partir desquels on a donné son nom à l’école autrichienne –, le fondement expérimental de la preuve logique, philosophique, se trouve dans les raisons objectives pour lesquelles on a formé le système de classification des expériences de la réalité que constitue l’ensemble des mots de la langue. Pour les kantiens, dont Ludwig von Mises et Hans-Hermann Hoppe, il suffit qu’une contradiction signale une erreur pour qu’on en tire les conséquences. Les uns et les autres comprennent la hiérarchie et l’interdépendance des concepts, et savent identifier les mots qui ne veulent rien dire.

Le dualisme scientifique

Comme le rappelle Hans-Hermann Hoppe, la méthode expérimentale repose sur deux postulats philosophiques sans lesquels, logiquement, on ne peut pas déduire des lois générales d’observations successives :

- le premier postulat est que l’objet de l’étude expérimentale est soumis à des lois constantes ; autre manière de dire que l’information qui détermine son comportement ne change pas vraiment d’une observation à l’autre.
- le second postulat est que l’être humain, pour sa part, est capable de découvrir des informations nouvelles, et d’agir en raison de ces informations.

Il s’ensuit que la méthode expérimentale s’applique à l’étude des objets qui ne pensent pas, mais ne peut pas s’appliquer à l’action humaine.

La logique de l’action

La théorie économique n’en a pas moins des lois naturelles et universelles, qui se déduisent de la nature de l’action. On agit si et seulement si cela en vaut la peine, ce qui permet de dégager les diverses notions économiques de valeur, de coût et de profit.

  • La valeur est un jugement formé par la personne qui agit sur la capacité de l’objet de l’action à servir ses projets ;
  • le coût est la valeur de ce à quoi elle renonce au moment d’agir ;
  • le profit est la différence entre la valeur et le coût ; comme on continue d’agir tant que cela en vaut la peine, l’action fait disparaître le profit et s’éteint avec cette disparition. C’est l’esprit humain qui se crée à lui-même les raisons d’agir, en identifiant des différences successives entre la valeur et le coût de ses diverses actions.

Toute la théorie économique et financière se déduit de ces éléments de départ, qu’on ne peut pas nier sans en représenter soi-même une illustration. Par exemple le fait que l’échange est productif par nature, puisqu’on donne plus de valeur à ce qu’on reçoit qu’à ce qu’on donne en échange. De même, puisque le profit naît de la création d’information et disparaît avec la fin de l’action, il est essentiellement fonction de l’ignorance des hommes et de leur capacité à l’atténuer en créant de l’information nouvelle.


Quelques économistes de l’école autrichienne


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