Libéral-libertaire

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Depuis quelques années, l’étiquette, considérée comme stigmatisante, « libéral-libertaire » tend à être utilisée par les conservateurs étatistes (ou pseudo-conservateurs au sens de François Guillaumat) de tout bord (de droite, de gauche, « ni de droite, ni de gauche » ou « et de droite et de gauche »[1]) – beaucoup d’entre eux étant de fieffés esclavagistes-absurdistes – contre ceux à qui ils reprochent de ne l’être pas assez, étatistes, dans quelque domaine que ce soit. Leurs cibles pouvant être de vrais libéraux ou des pseudo-libéraux – ou même parfois des anti-libéraux revendiqués (aspect relevant typiquement de la Folie française).

L’expression « libéral-libertaire » n’a par ailleurs pas de sens politico-idéologique rationnellement définissable : toute définition que peuvent en donner les pseudo-conservateurs est au mieux non pertinente, au pire absurde (anti-concept).

Usage dans le contexte de la Folie française

L’expression « libéral-libertaire » est, dans le contexte du débat idéologique français, une escroquerie intellectuelle – une de plus – destinée à stigmatiser ou à discréditer le libéralisme.

Le qualificatif – vu comme fortement péjoratif – a commencé à apparaître médiatiquement au milieu des années 1990 dans les milieux proches de Jean-Pierre Chevènement/« jacobins-républicains » (Régis Debray, le torchon Marianne, Philippe Cohen, Emmanuel Todd…), gaullistes/souverainistes (Henri Guaino, Paul-Marie Coûteaux…) et communistes tendance marxiste-léniniste-staliniste (Alain Soral, sous l’influence de Michel Clouscard…), pour ensuite être adopté plus généralement par tous les pseudo-conservateurs de gauche et de droite[2]. Bien que personne ne revendique l’étiquette (et que les quelques personnes qui pourraient éventuellement, si tant est que cela ait un sens rationnellement identifiable, légitimement se qualifier de « libérales-libertaires » n’aient strictement aucune influence médiatique…), le terme a d’abord et essentiellement servi à tous les gens pré-cités à attaquer les (post-)soixantehuitards « sociaux-démocrates », droits-de-l’hommistes, union-européistes et mondialistes et en particulier les figures emblématiques que sont Bernard-Henri Lévy et Daniel Cohn-Bendit. Comme si ce dernier, notamment, était libéral[3] et non pas ce qu’il est vraiment, à savoir un semi-esclavagiste-absurdiste, thuriféraire de la pseudo-démocratie socialiste et, simplement, à l’occasion, moins fanatiquement étatiste et statolâtre que d’innombrables autres figures de la classe parlante française et en particulier ceux qui le dénoncent comme « libéral-libertaire ».

  1. ^  Les (vrais) libéraux étant, pour leur part et en tant que philosophes politiques, fondamentalement au-delà – bien au-delà – des considérations, qu’elles soient purement partisanes ou à visée idéologique, relatives à la « droite » et la « gauche ».
  2. ^  Par exemple, Éric Zemmour, Natacha Polony, Jean-Claude Michéa, Alain de Benoist, Jean-Yves Le Gallou, Philippe de Villiers, Patrice de Plunkett (sombre crétin catholique et socialiste, thuriféraire du pape François, véritable halluciné de l'anti-libéralisme, entre autres), Patrick Buisson, Michel Geoffroy, Guillaume Bernard, Laurent Dandrieu, Pierre-Yves Rougeyron, Eugénie Bastié…
  3. ^  Alors qu’il dénonce, comme tout le monde, le « néo-libéralisme », « l’ultra-libéralisme », la « mondialisation débridée »…

Utilisation dans un but de discréditer

Libéral-libertaire est utilisé par certains esclavagistes-absurdistes contre ceux qu’ils accusent de ne pas être suffisamment étatistes, qu’ils soient libéraux, libertaires, ou ni l’un ni l’autre.

De même que extrême-droite ou populisme, le terme a une signification suffisamment vague pour pouvoir y classer à la légère, et avec une connotation négative, toutes sortes de gens de différentes sensibilités. Le but étant de créer l’amalgame entre libéral et libertaire, ou même avec libertin, hédoniste, nihiliste.

Le terme peut donc être utilisé par des personnes de tendances diverses :

  • par des conservateurs qui veulent créer l’amalgame entre, d’une part, une défense libérale des libertés personnelles, et d’autre part, une position libertaire, de gauche, une opposition à la morale (celle affichée par les conservateurs eux-mêmes, ou même à toute morale), voire même un comportement libertin ;

Erreurs de catégorie

If we wish to preserve a free society, it is essential that we recognize that the desirability of a particular object is not sufficient justification for the use of coercion.
Friedrich Hayek

Pour clarifier le débat, il faut commencer par éviter les erreurs de catégorie. Il faut donc distinguer :

  • les opinions politiques, qui concernent la question du Droit, de l’usage de la violence légitime, ce qui doit être interdit par la loi (par exemple : libéralisme, socialisme, etc.) ;
  • les opinions morales, qui impliquent un jugement de valeur sur nos comportements vis-à-vis des autres, sur ce qu’il est bien ou mal de faire (par exemple : altruisme, égoïsme, nihilisme, etc.) ;
  • les opinions philosophiques, religieuses, médicales, etc. sur comment mener la « bonne vie », sur, par exemple, ce qui est bon ou néfaste pour la santé (par exemple : ascétisme, bouddhisme, hédonisme, régimes alimentaires, etc.) ;
  • les simples goûts ou préférences personnels (par exemple : « j’aime le vin », « je n’aime pas le whisky », etc.) ;
  • le comportement personnel (par exemple : libertinage, mariage, consommation d’alcool, etc).

Tout mélange entre ces différentes catégories vise à détourner le débat, généralement d’ordre uniquement politique, vers des considérations dès lors hors sujet, de type ad hominem.

Exemple :

Le débat sur les dangers prouvés ou potentiels du cannabis et des autres drogues, légales ou non, est justifié, mais dans ce contexte hors sujet : c’est une question que peut se poser tout un chacun pour savoir s’il souhaite en consommer ou non, que les parents peuvent se poser avant d’avertir leurs enfants contre ses dangers, que les médecins peuvent se poser pour faire des recommandations ou des prescriptions.
Mais ce n’est pas une question que devrait se poser le législateur.
Jan Krepelka, Bernard Rappaz est victime d’une absurde prohibition

Un oxymore ou un pléonasme ?

Au-delà de son usage rhétorique, le terme a-t-il un sens rationnel définissable ?

Sens contradictoire

D’après Wikipédia, le terme libertaire a été créé précisément par opposition au libéralisme. Les associer est donc nécessairement contradictoire.

Sens redondant

Le terme «  libéral-libertaire  » semble parfois être utilisé pour désigner des libéraux qui défendraient les libertés personnelles en plus des libertés économiques. Dans ce sens-là, il est alors redondant ; les vrais libéraux ont toujours compris que les unes ne vont pas sans les autres :

  • Ludwig von Mises défendait la légalisation des drogues, et prônait la tolérance :
Opium and morphine are certainly dangerous, habit-forming drugs. But once the principle is admitted that it is the duty of government to protect the individual against his own foolishness, no serious objections can be advanced against further encroachments. A good case could be made out in favor of the prohibition of alcohol and nicotine. And why limit the government’s benevolent providence to the protection of the individual’s body only? Is not the harm a man can inflict on his mind and soul even more disastrous than any bodily evils? Why not prevent him from reading bad books and seeing bad plays, from looking at bad paintings and statues and from hearing bad music? The mischief done by bad ideologies, surely, is much more pernicious, both for the individual and for the whole society, than that done by narcotic drugs.
Ludwig von Mises, Human Action, 1949
Un homme libre doit être capable de supporter que ses concitoyens agissent et vivent différemment que ce qu’il considère comme bon, et doit se retenir d’appeler la police au moindre comportement qui lui déplaît.
Ludwig von Mises, Liberalismus, 1927

Plus généralement :

La distinction entre libertés personnelles et libertés économiques n’est […] que rarement pertinente : la liberté d’expression personnelle implique la liberté économique de vendre ses livres ou fonder son journal. Même la liberté de travail peut être vue comme une forme particulière de la liberté d’association. Dans le cas de la prostitution, la vente d’un service sur le marché est liée à l’une des libertés les plus intimes qui soit : la liberté sexuelle.
Jan Krepelka, La prostitution : un marché comme un autre

Alors que les faux libéraux, qui prétendent défendre exclusivement les libertés « politiques » ou personnelles – soit un libéralisme « politique » et non « économique » – ne défendent en réalité aucun libéralisme du tout :

This is how the “liberals” got so illiberal, because there is no hard and fast dividing line between regulating “only” our economic lives and regulating everything else. All aspects of human life find an expression in commerce, so if you regulate that, you regulate everything. Which they are now happily proceeding to do. [4]


Voir aussi