Néo-conservateur
Définition
Le néoconservatisme est (ou peut s'interpréter comme) un courant américain du libéralisme, souvent fait de convertis, ce qui explique que tous n'aient pas compris la nocivité intrinsèque de l'état dans les domaines de l'enseignement, de la santé, voire de la monnaie. Ils sont surtout connus du public français pour avoir, comme les "Libertarian Hawks" (Tim Starr, Kevin Bjornson, Randall Herrst, Eric Dondero Rittberg, Bob Hunt, Scott Jordan), compris la nécessité de défendre aussi la liberté des autres, y compris par des moyens militaires. A cet égard on peut les considérer comme "wilsoniens", avec ce que cela peut impliquer d'idéalisme, éventuellement critiquable malgré leur bonne formation en politique internationale.
Historique
Face à la menace extérieure et à la subversion intérieure de l'Union Soviétique, contrastant avec l'isolationnisme de la "vieille droite" américaine d'ailleurs déjà marginalisée voire discréditée par son opposition à la guerre des Etats-Unis contre le Nazisme, une "New Right" américaine est apparue au début de la guerre froide, menée par la National Review dont le directeur était William Buckley Jr. Elle demandait aux hommes de l'état américain de faire leur travail supposé, en développant les efforts de défense et la surveillance policière pour combattre ce danger auquel Roosevelt avait été aveugle.
Dans la foulée, au cours des années 60, de jeunes intellectuels, guéris de leur première croyance dans le communisme - souvent d'inspiration trotskyste - ont rejoint ce mouvement en faveur de la liberté, en critiquant la faillite morale entraînée par les politiques sociales lancées sous Kennedy et Johnson sous l'étiquette de "Grande Société" - mais sans remettre en cause dans son principe le Welfare State rooseveltien.
Ces universitaires étaient Irving Kristol (surnommé "le Pape du néoconservatisme"), Daniel Bell, James Burnham, Seymour Martin Lipset, Patrick Moynihan, etc. et fondent au même moment des revues telles que Encounter, The Public Interest, The National Interest. Ils seront rejoints par Norman Podhoretz, qui a créé de son côté Commentary, où il défend l'Etat d'Israël contre ceux qui veulent l'éradiquer et s'oppose en vain au défaitisme de la New Left, qui provoquera au Vietnam la défaite, l'asservissement et les massacres que l'on sait.
Ces auteurs se forment aussi aux relations internationales, et défendront - à la suite du polémologue, stratège et mathématicien Albert Wohlstetter, ainsi que de l'éditorialiste Buckley déjà cité - l'implication croissante de l'armée américaine dans le monde afin de contenir la progression de l'empire soviétique, que favorisait le défaitisme du Parti Démocrate après 1968. Ils attirent l'attention du sénateur démocrate Henry "Scoop" Jackson, en compagnie duquel plusieurs d'entre eux siègeront au sein du Committee on Present Danger. Ils feront en vain campagne en 1976 pour que Jackson devienne le candidat démocrate à la Présidence des Etats-Unis, à la place du calamiteux Jimmy Carter.
Lorsqu'en 1980 Ronald Reagan triomphe face à cet imbécile qui avait justifié toutes leurs craintes, alors que Kissinger considérait la victoire soviétique comme inéluctable, ils reprennent espoir pour la liberté du monde : ancien démocrate (au sens du Parti Démocrate) devenu libéral (au sens français) pour avoir lu Frédéric Bastiat, ayant compris le communisme pour avoir combattu son influence à Hollywood en tant que syndicaliste, décidé à se donner les moyens d'abattre l'Union soviétique, le nouveau président s'entoure même de certains d'entre eux, nommant en particulier Jeanne Kirkpatrick ambassadeur des Etats-Unis auprès des Nations unies.
Durant les années 80, une nouvelle génération prend la relève : William Kristol (fils d'Irving et fondateur du Weekly Standard), Paul Wolfowitz, Paul Kagan, Francis Fukuyama (qui s'est détaché de ce mouvement, vers le centre-gauche, depuis le début des années 2000), Daniel Pipes, etc.
Avec la chute du communisme, ils exhortent à liquider ses vestiges et à repousser les agressions de ses derniers gangsters, politique qui ne sera finalement adoptée que dans certaines régions : en ex-Yougoslavie avec succès à partir de 1995, plus récemment en Ukraine et en Géorgie face à la résurgence de l'impérialisme moscovite.
Ils défendent bien sûr toujours l'Etat d'Israël face à la volonté manifeste des Arabes d'en exterminer la population juive. Ayant toujours su que l'Egyptien Arafat et son prétendu "peuple palestinien" étaient une invention du KGB, ils résistent à la politique américaine, qui consiste à demander à Israël de leur accorder des concessions territoriales, en échange de prétendus accords de paix, toujours violés par la partie arabe et européenne.
Ils contestent toujours la légitimité de l'ONU, à la fois parce que cette organisation vise à usurper les pouvoirs constitutionnels du gouvernement des Etats-Unis (ils ne sont pas anarchistes), et parce qu'elle est encore, depuis les années 50, et malgré la chute du communisme, un instrument corrompu à la solde des pires dictateurs, dont la politique américaine vise à contenir la nuisance.
Depuis que le Nazisme musulman a révélé ses plans de domination à la face du monde, ils ont conçu les plans qui visent à nettoyer le Moyen-orient de ses complices - plans qui sous-estimaient peut-être la traîtrise et le mensonge de la gauche démocrate. lls avaient été les premiers à y dénoncer le rôle de l'Iran et de l'Arabie séoudite, qui s'appuient sur leurs richesses pétrolières volées pour développer la forme la plus ignoble de criminalité au service de leur volonté de domination.
Aujourd'hui, les néoconservateurs s'identifient généralement avec le Parti Républicain des États-Unis, bien que l'un de leurs mentors, Richard Perle, affecte toujours de voter pour le parti démocrate.
Leurs rapports avec les libéraux et les libertariens
En tant que libéraux, les néoconservateurs, sont souvent minarchistes en principe, mais réalistes en politique : ils ne souhaitent pas pour l'instant voir diminuer le rôle de l'Etat régalien (1). Au contraire, face à la menace mortelle du nazisme musulman et du risque de voir les pires criminels s'emparer d'armes nucléaires, ils aspirent à une augmentation des crédits en matière d'armements, à une extension de l'influence américaine dans le monde, au travers d'interventions militaires, d'éventuels coups d'Etat, et de soutiens financiers dans les différents pays aux organisations qui défendent la liberté ou la démocratie.
Ils représentent à l'évidence la partie la plus active et, à l'exception des "Libertarian hawks" qui ont peu d'influence, la plus intellectuellement cohérente du libéralisme aux Etats-Unis. Avec leurs publications et au sein de multiples think tanks (American Enterprise Institute, Hudson Institute, PNAC, etc.), ils défendent à des degrés divers la plupart des thèmes libéraux : Droit de porter les armes, baisse des impôts, déréglementation, défense de la liberté des autres, etc.
Comme ils ont étudié la réalité, leurs recommandations sont, dans ce domaine, reprises par la classe politique : ainsi, de la lettre ouverte à Bill Clinton en 1998, exposant les raisons de renverser le régime de Saddam Hussein, raisons qui feront alors l'objet d'un consensus bipartisan, mais dont on ne tirera les conséquences qu'après le 11 septembre 2001 ; c'est seulement par la suite que les Démocrates feront semblant de ne pas les avoir partagées - à l'usage, sans doute, de ceux qui ne savent pas se servir d'Internet pour vérifier qu'ils mentent.
S'ils sont les libéraux les plus cohérents à l'exception des "Libertarian hawks", c'est parce que Murray N. Rothbard, à la suite d'une erreur de raisonnement, confondait avec le libéralisme l'isolationnisme qu'il avait accidentellement adopté au cours de ses fréquentations de jeunesse. Avec quelques dupes du même sophisme, il dénonçait les salutaires entreprises des néoconservateurs, après avoir emprunté aux esclavagiste-absurdistes les plus fanatiques leurs mensonges et leurs falsifications contre le gouvernement des Etats-Unis : un prétexte en est par exemple le thème de la collusion du Big Business avec le Big Government, alors que les néo-conservateurs dénoncent les réglementations et les subventions qui en sont l'expression ; autre calomnie typiquement gauchiste, ils prétendaient que la coïncidence du Warfare State et du Welfare State, qu'on a observée à l'époque de Lyndon Johnson, traduisait en fait une loi universelle, occultant soigneusement les épisodes historiques qui la réfutent. C'est dire s'ils étaient incapables d'appliquer à un monde réel la formule de Randolph Bourne: War is the Health of State). Lew Rockwell, entre autres, s'en est fait une spécialité.
Postérité
La vision du monde néoconservatrice a séduit nombre d'intellectuels aux Etats-Unis, tels que le philosophe Allan Bloom (qui servit de modèle au romancier Saul Bellow pour son roman Ravelstein), disciple de Leo Strauss, philosophe politique d'origine allemande (très prisé par un Paul Wolfowitz, par exemple).
De ce côté-ci de l'Atlantique, la plupart des personnalités libérales reprennent à leur compte les analyses néo-conservatrices qui les concernent - donc au premier chef en politique internationale, comme Alain Madelin et Yves Roucaute (La Puissance de la liberté et Le Néoconservatisme est un humanisme). Par exemple Guy Millière est le seul en France qui ait publié trois livres contre l'hystérie anti-Bush organisée par la caste exploiteuse à la française, et leurs illusions sur sa prétendue "bêtise" et "impopularité" - c'est ainsi qu'il avait annoncé sa réélection en 2004.
L'influence néoconservatrice semble aussi avoir gagné de nombreuses personnalités semi-libérales : elle inspire une partie du Labour de Tony Blair ou, en France, les articles et essais de Jean-François Revel (depuis Comment les démocraties finissent jusqu'à L'Obsession anti-américaine) ou André Glucksmann (en particulier dans Ouest contre Ouest)).
A la grande déception de ses amis libertariens et autrichiens qui avaient appris la politique internationale, et qui mesurent à quel point il se discréditait et les discréditait par ces attaques nombrilistes, Rothbard s'est trouvé des successeurs parmi de soi-disant libertariens qui ne comprennent rien à la politique internationale - provincialisme qui est bien sûr américain, mais aussi belge et autres. Par exemple, sur le site lewrockwell.com, ou sur antiwar.com de la petite frappe interlope Dennis Raimondo (qui se fait appeler "Justin"). Martin Masse, son pendant québécois (il a fondé le webzine Le Québecois libre), donne si l'on peut dire un bon échantillon de leur incompréhension de la politique internationale, de la politique tout court et du libéralisme, lorsqu'il écrit :
- Aujourd'hui, les néoconservateurs américains prétendent défendre la « démocratie » et la « liberté » mais ont gardé cette tendance à vouloir l'imposer aux autres pays par la force. Le fait que les États-Unis doivent se transformer en empire pour atteindre cet idéal ne semble pas les déranger particulièrement. Ils valorisent les valeurs militaristes et croient que la liberté ne sera protégée que par un État fort. C'est tout le contraire de ce que croient les libertariens cohérents. Les néoconservateurs ne sont en fait que des trotskistes mutants qui ont plaqué leurs croyances étatistes et impérialistes sur un discours superficiellement « conservateur » dans le sens américain du terme, c'est-à-dire en faveur du libre marché et des valeurs traditionnelles.
Note :
(1) : Une autre façon de dire plus ou moins la même chose, mais d'un point de vue légèrement différent, est celle de Guy Millière, qui lui-même tente de concilier libéralisme classique et néoconservatisme (extrait de son livre Le futur selon George W. Bush, paru aux éditions Page Après Page en octobre 2005, chapitre "Pourquoi la compassion ?") :
- « A la différence des adeptes du libéralisme classique et de leurs extrémistes, les libertariens (sur les libertariens, cf. David Boaz Libertarianism. A Primer, Free Press, 1998), [les néo-conservateurs] ne sont pas adeptes d'une liberté générique, principielle et absolue coupée de toute transcendance, car celle-ci, selon eux, deviendrait vitre incompatible avec la liberté tout court. Ils ne sont pas adeptes d'un Etat minimum, et moins encore de la disparition de l'Etat, mais adeptes d'un Etat qui est à sa place, assure la défense du pays et se trouve donc concerné par la défense du monde. Tant à leurs yeux la défense des Etats-Unis et de ce qu'ils incarnent doit aujourd'hui passer par la défense du monde ou, pour être plus exact, de la décence dans le monde : moins de dictatures, moins de tyrannies, davantage de droit, de démocratie, de liberté. Parce qu'ils connaissent the covenant, le pacte fondateur, et la renaissance religieuse et morale qui lui a permis d'advenir, ils n'oublient pas que certaines choses sont consubstantielles à la liberté et [ils] peuvent, comme l'a écrit Irving Kristol, accepter un conservative welfare state, un Etat providence conservateur (cf. The Neocon Reader, sous la direction de Irwin Stelzer, Grove Press, 2005). »
(Autres) Liens externes
Au sein du monde francophone, des sites comme Libres.org, Le Monde À L'Envers ou encore l'Institut Hayek reproduisent à l'occasion un point de vue néoconservateur, dans la mesure où on peut le distinguer de celui des gens normaux.