Jean-Claude Michéa

From Liberpédia
Révision datée du 22 July 2022 à 00:41 par Turion (discussion | contribs)
Jean-claude-michea-urss.jpg

L’intellectuel socialiste (d’ascendance communiste[1]) Jean-Claude Michéa est devenu depuis son livre Impasse Adam Smith : brèves remarques sur l’impossibilité de dépasser le capitalisme sur sa gauche (2002), la coqueluche des sociaux-conservateurs (ou pseudo-conservateurs au sens de François Guillaumat) de gauche et de droite – en d’autres termes, tous les socialistes non progressistes. Il incarne à cet égard une branche spécifique, parmi de nombreuses autres, de l’idéologie archi-dominante en France, à savoir l’anti-libéralisme. Présenté par ses admirateurs – parmi lesquels Aude Lancelin (même si celle-ci lui préfère quand même en définitive le communiste pur jus Alain Badiou…), Dany Robert-Dufour, Alain de Benoist, Éric Zemmour, Sébastien Lapaque, Natacha Polony, Marine Le Pen[2] (ou en tout cas son entourage intellectuel…), Patrick Buisson, Eugénie Bastié, Bruno Retailleau, Alexandre Devecchio, Michel Onfray, Marion Maréchal(-Le Pen) et Kévin Boucaud-Victoire – comme un penseur puissant et anticonformiste, ce pseudo-philosophe politique (et véritable analphabète économique) n’est en réalité qu’un chien de garde parmi x autres – simplement vaguement plus original[3] dans son argumentation que beaucoup d’autres – de l’étatisme d’essence socialo-communiste au pouvoir en France (quel que soit le parti politique qui l’occupe), c’est-à-dire du système d’exploitation des faibles par les puissants. Ainsi qu’un contributeur de haut vol à la Folie française.


Quelques commentaires de François Guillaumat à propos de cet entretien avec Jean-Claude Michéa interrogé par Élisabeth Lévy, relatif à son livre L’Empire du moindre mal : essai sur la civilisation libérale (2007), « Jean-Claude Michéa et la servitude libérale » (les notes de bas de page, les liens et les remarques entre crochets sont de la rédaction).

"Nonon, je ne suis pas communiste""

Falsification du libéralisme

Cet entretien ne prouve qu’une chose, et qu’on savait déjà : que le libéralisme est d’abord l’objet de falsifications. Il semble que ce soi-disant philosophe politique ne sache tout simplement pas que l’objet de la philosophie politique est de définir le Droit ; de sorte que, si le libéralisme ne va pas au-delà, ce n’est pas parce qu’il méconnaît les autres valeurs, mais simplement parce qu’étant une philosophie politique, ce n’est pas son propos que de le traiter. Parmi les auteurs libéraux contemporains, Ayn Rand et à sa suite les philosophes néo-aristotéliciens comme Henry Veatch et Douglas Rasmussen ont montré comment cette philosophie politique s’intègre dans la philosophie morale, laquelle est par définition plus étendue dans son objet : le critère de distinction en est que la justice, étant applicable à tous, doit reposer sur des critères rationnellement acceptables par chacun donc universellement observables, alors que des biens communs plus spécialisés apparaissent dans les groupes plus restreints. C’est en raison de la nature de son objet qu’il faut bien se mettre d’accord sur cette « idéologie »-là, et lui en faire le procès, c’est méconnaître sa raison d’être même.

Le libéralisme est donc tout sauf un agnosticisme moral et une résignation au moindre mal. Il traduit au contraire une morale sociale objective : la morale sociale objective, parce que raisonnée, et une exigence absolue de justice. Dans son principe, il définit la société politique idéale – au sens de Ayn Rand, l’auteur de Capitalism: The Unknown Ideal (Le Capitalisme, cet idéal méconnu) – et on y parvient, que son point de départ soit une aspiration à desserrer les contraintes sociales, à libérer les facultés créatrices de l’homme ou au contraire à préserver ce qui en vaut la peine : ce qui compte, c’est l’objectivité. Le libéralisme bien compris n’est en effet que la systématisation, dans ce qu’elle a d’universel, de la morale sociale commune, que chacun pratique dans sa vie de tous les jours et enseigne à ses enfants, quand il ne se rêve pas en homme de l’État : avec pour conséquence que toute agression ou tromperie, qui détruit en pure perte les efforts des hommes, y est par définition proscrite.

À l’appui de cette philosophie politique, la théorie économique démontre que le vol, qu’il soit privé ou institutionnel sous la dénomination d’étatisme ou de socialisme, détruit en tendance toute la richesse dont il s’empare.

Ces raisonnements établissent définitivement l’interdiction du vol (entendu au sens de disposer du bien ou de la personne d’autrui sans son consentement) comme bien commun politique universel et comme condition des autres biens communs, à commencer par la science, comme l’a montré Hans-Hermann Hoppe, puisque les valeurs qui lui sont contraires ne sont que des « biens » illusoires, et font au contraire le mal[4]. Ils reconnaissent dans la propriété naturelle – celle qu’on n’a pas volée – le seul fondement possible d’un ordre moral légitime, la responsabilité qui en découle étant une condition nécessaire de la régulation sociale.

Jean-Claude Michéa commet donc un contresens absolu, en désignant comme une erreur dogmatique ce qui n’est que la conscience des catégories pertinentes. Cela ne prouve que son incompétence philosophique générale, outre son charlatanisme spécifique à propos de son objet prétendu :

Charlatanisme, parce qu’il est patent qu’il n’a lu aucun des auteurs libéraux contemporains – ou s’il en a lu certains, il n’en a rien compris, sinon il ne dirait pas ces absurdités-là –, même les moins inconnus comme Hayek. Au début des années 1980, Alfred Grosser s’était fait fort de réfuter Hayek sans l’avoir lu, et même sans seulement savoir en quoi consistaient ses conclusions, sur la prétendue « justice sociale » ; mais au moins, il savait que Hayek existait. Ici, on nous cite les sempiternels Tocqueville – dont François Bourricaud disait qu’il était « génialement faux » – et Benjamin Constant que, quels que soient ses mérites et sa pertinence, les libéraux contemporains n’ont quasiment pas lu, de sorte que ce n’est certes pas lui qui peut les avoir inspirés : pas un mot de Frédéric Bastiat, ni de Ludwig von Mises, ni de Ayn Rand, ni de Murray Rothbard, ni de Hans-Hermann Hoppe, sans parler des économistes comme Milton Friedman et Henri Lepage. « Ignorantus, ignoranta, ignorantum ».

[Les commentaires qui précèdent ont été rédigés à partir de l’entretien référencé plus haut. Il faut cependant préciser que dans son livre L’Empire du moindre mal, Michéa cite – rapidement – Frédéric Bastiat et Ayn Rand, et quelques autres (vrais) penseurs ou économistes libéraux tels que Lysander Spooner et Bertrand Lemennicier, en picorant telle ou telle idée tirée de leur œuvre qui, prétendument, irait dans le sens de sa « démonstration ». En réalité, l’auteur multiplie les contresens, les amalgames et les interprétations tendancieuses. Concernant Ayn Rand en particulier, l’exégèse par Michéa de sa pensée est d’une superficialité et d’une nullité édifiantes[5]. Et naturellement, pas un mot sur Hans-Hermann Hoppe, penseur d’un véritable anarchisme conservateur que Michéa est rigoureusement incapable d’imaginer…, ndlr]

Et comme nous avons affaire à quelqu’un qui, littéralement, ne sait pas de quoi il parle, c’est inévitablement qu’on le voit attribuer au « libéralisme » les actes de violence agressive qui en constituent, par définition, la violation. Cette contradiction, il pourrait la dire « inévitable » et l’attribuer, à coups de rationalisations, aux « contradictions du capitalisme » chères aux marxistes ; mais ici, sa définition du libéralisme étant irrémédiablement fausse, il semble seulement qu’il ne la voie pas. Peut-être croit-il, comme tant d’anti-libéraux, que la France serait « libérale » ? Peut-être prend-il vraiment pour du « libéralisme » cette foire d’empoigne, cette guerre de tous contre tous sous prétexte d’élection qu’est la pseudo-démocratie socialiste au pouvoir, qui nous écrase d’impôts sans aucun profit pour personne ?

Rien n’interdit a priori de le croire, étant donné son incompétence. Le subjectivisme et le relativisme sont bien ce qui tient lieu de pensée à la pseudo-démocratie socialiste, mais c’est justement pour cela et en cela que celle-ci est anti-libérale. Les confondre (sous la dénomination trompeuse de « libéralisme philosophique » [ou, comme le dit Michéa par ailleurs, « libéralisme culturel », ndlr],) est une vieille erreur de l’Église catholique au XIXe siècle, et il faut vraiment, pour reproduire cette erreur, ne rien connaître des auteurs libéraux de la tradition philosophique réaliste.

Incompréhension du domaine du Droit

Les discours de Jean-Claude Michéa sur l’« infériorité morale » du libéralisme ne traduisent que son incompréhension élémentaire des valeurs en cause. Peut-être a-t-il besoin qu’on lui mette les points sur les i ?

Prenons l’exemple de la santé : ce n’est pas l’alpha et l’oméga de notre ambition personnelle, et on pourrait même dire que chacun aspire à ne pas devoir s’en soucier. Et pourtant nous faisons ce que nous pouvons pour échapper à la maladie, et c’est même un idéal pour lequel nous sommes à juste titre prêts à renoncer à d’autres valeurs. Eh bien il en est de même de la justice : éviter l’injustice, ou lui échapper, c’est aussi une aspiration bien limitée de l’expérience humaine, et nous aimerions bien n’avoir jamais la tentation de commettre une malhonnêteté, ni devoir nous soucier des méchants qui nous veulent du mal. Encore une fois, l’idéal serait que personne n’ait seulement à s’en soucier. Malheureusement, il y a des gens qui commettent des abus de confiance et des agressions, soit parce qu’ils croient pouvoir en profiter soit, comme Jean-Claude Michéa, parce qu’ils ne comprennent pas que ce qu’ils commettent en sont. Ne pas avoir à se soucier de l’injustice, c’est-à-dire réduire à zéro la valeur des efforts que sont obligés d’accomplir aujourd’hui les libéraux pour définir l’injustice et pour la combattre, c’est bien l’aspiration de l’humanité-victime, mais là encore, c’est un idéal.

Il y a donc deux choses que Jean-Claude Michéa ne comprend pas, et qui devraient être évidentes : la première est qu’un idéal n’est pas quelque chose qui devrait absorber toute l’existence d’un être ; c’est bien au contraire ce qu’il ne peut pas se permettre de poursuivre jusqu’au bout. Le deuxième est que ce n’est pas parce qu’on a un idéal qu’on ne saurait en avoir d’autres, c’est même impossible.

Bien entendu que le libéralisme est un idéal : celui que personne ne soit jamais frappé, dépouillé, emprisonné, déporté, réduit en esclavage. C’est l’idéal qu’on peut comprendre dès lors qu’on a atteint l’âge de raison, et qu’on a compris que les conflits détournent les efforts des hommes de ce qui leur permet de grandir, et que même les délinquants et les hommes de l’État, qui vivent sur le dos des autres, vivraient mieux s’ils avaient choisi de produire au lieu de voler.

Hélas, Jean-Claude Michéa semble ne pas comprendre l’injustice élémentaire qu’il y a à se faire voler, c’est-à-dire réduire à une sorte d’esclavage, parce qu’il est lui-même un receleur de cet esclavagisme : il vit d’argent que la police a volé au peuple par la force, et il trouve ça normal. Or, forcer les autres à subventionner des opinions qu’ils pourraient bien combattre, les trouvant idiotes et même criminelles, c’est de la censure, et c’est très concrètement que c’est injuste : Thomas Jefferson avait d’ailleurs une formule pour décrire ce comble de l’oppression[6]. Et Jean-Claude Michéa ne comprend pas non plus que c’est précisément ce que le libéralisme condamne ; quand il demande comment le libéralisme pourrait trancher « entre le droit des travailleurs à faire grève et celui des usagers à bénéficier du service public », la réponse est pourtant évidente pour quiconque a compris ce que c’est que le libéralisme : le libéral tient que le « droit de grève » n’existe pas, qu’il n’est qu’un refus de l’État, refus injuste, contraire au bien commun, de reconnaître et de faire respecter les contrats qui, comme en Suisse assureraient la « paix du travail » ; et le libéral interprète les prétendus « services publics » comme de purs instruments de pillage et d’oppression des faibles par les puissants, et de destruction des richesses à due concurrence des deniers volés par l’impôt et le monopole : de sorte que c’est en prônant leur privatisation complète et définitive qu’il résout leurs « dilemmes »[7].

L’incompréhension de ces questions par Jean-Claude Michéa ne se traduit pas seulement par le fait qu’il est dupe du prétendu « droit de grève » et des prétendus « services publics », ce qui le disqualifie déjà comme philosophe politique dans l’absolu ; elle se traduit aussi par le fait qu’il ne sait pas que le libéralisme condamne expressément l’un et les autres au nom de la justice naturelle (et de la démocratie, et certainement pas au nom d’une quelconque « technique » mot qui, en l’espèce, n’a aucun sens), ce qui le disqualifie aussi comme « professeur de philosophie » à la française, c’est-à-dire comme répétiteur des idées d’autrui.

Jean-Claude Michéa n’est en fait qu’un énième exemple de ce que l’enseignement supérieur peut donner lorsque celui-ci est presque exclusivement payé par de l’argent volé au peuple : pour ceux qui l’ont voulu et qui l’imposent par la force, c’est un instrument de censure au service de la « caste exploiteuse » pour paraphraser Émil du Bois-Reymond, la « garde du corps intellectuelle du socialisme au pouvoir » ; et pour ceux qui en sont les agents, une immunité contre les conséquences naturelles de la paresse et de l’incapacité[8].

Sa conception du libéralisme, comme celle de tous les autres anti-libéraux (quelle que soit leur tendance), se borne à répéter des poncifs qui soit n’ont rien à voir avec une définition de la justice – « l’égoïsme », l’« esprit de calcul » –, soit sont directement contraires à celle qu’en donnent les libéraux – le « désir de pouvoir », d’« exploiter les autres », et au premier chef la « neutralité morale ». Jean-Claude Michéa a le culot de prôner l’« honnêteté » alors que c’est la vertu centrale du libéralisme. Mais s’il arrêtait seulement de colporter ces mensonges-là sur ce qu’est réellement le libéralisme, cette vertu, il l’aurait déjà assez servie.

Vacuité morale et intellectuelle

Reprocher au libéralisme une prétendue absence de morale définie alors qu’on met soi-même en avant des concepts dépourvus de sens précis comme cette « common decency » qu’on ne sait même pas traduire[9], cette « égalité » dont Engels lui-même reconnaissait qu’il en existait une infinité de définitions incompatibles (et en rejetant apparemment la seule qui soit justifiée), ou même ces « crimes contre l’humanité » qui ne désignent qu’une réaction émotive à des actes arbitrairement choisis, c’est l’hôpital (du subjectivisme) qui se moque de la charité (tolérante). C’est bien ce Michéa qui n’a pas de philosophie morale déterminée, parce qu’il ne veut pas se soumettre à l’exigence première de la pensée philosophique : employer des mots qui aient un sens précis et, s’agissant de philosophie morale, des mots qui permettraient sans ambiguïté de porter un jugement sur les actes des personnes. Idéologue « nioulouque » d’une social-démocratie dont on se demande bien ce qu’il lui reproche au-delà de la pose « rebelle » convenue du Parti Révolutionnaire Institutionnel[10] qui nous gouverne, ce qu’il revendique est du dernier banal : c’est de se dispenser des règles de la logique quand sa subjectivité prend le dessus. S’il avait compris le message des Lumières écossaises, on pourrait dire qu’il reproduit leur idée essentielle, s’opposant à une pensée trop méprisante à l’égard des intuitions et des traditions des ancêtres, censées nous transmettre la quintessence de leur rationalité ; mais il faudrait qu’on y trouve une allusion dans ce qu’il dit ; à défaut, on soupçonne que ce message-là lui a largement échappé. Alors qu’est-ce qui reste ? Une sorte de micro-philosophe, à la cohérence limitée, et qui en veut surtout aux libéraux de l’être bien davantage que lui, cohérents.

François Guillaumat

  1. ^  Et toujours d’une grande complaisance avec le communisme et ses dérivés, voir Le communiste Michéa récidive.
  2. ^  Voir l’article d’Yvan Blot Un livre néo marxiste ? Quand Marine le Pen devient Marine la rouge... (ou encore « Marxine Le Pen »…) À ce sujet, il faut noter que depuis le milieu des années 2000, la semi-démente Marine Le Pen (comme l’a fort justement caractérisée, même si c’était pour des raisons absurdes, le « camarade » esclavagiste-absurdiste et parasite social institutionnel Jean-Luc Mélenchon) fustige dans chacune de ses interventions « l’ultralibéralisme » qui régnerait, selon elle, en France… Voir aussi Marine Le Pen était la candidate du système (et cinq ans plus tard, c’était toujours exactement la même chose ; et cinq ans plus tard, c’était toujours exactement la même chose).
  3. ^  Sur une thématique très proche, Michéa avait été précédé de ces autres grands esclavagistes-absurdistes que sont Michel Clouscard, Régis Debray et Alain Soral qui avaient dénoncé, chacun dans leur genre, la prétendue idéologie « libérale-libertaire »… Sur cette expression, voir également les compléments à propos de Michéa.
  4. ^  Sur ce point, voir les textes Libéralisme économique et Comment prouver que l’on doit rester wertfrei ? et en particulier le paragraphe Les normes implicites et néanmoins nécessaires de la science.
  5. ^  Serge Audier, dans son livre Néo-libéralisme(s) : une archéologie intellectuelle (Grasset, février 2012), dit à peu près la même chose de Michéa, en des termes évidemment plus mesurés – il qualifie à juste titre Michéa de simple « pamphlétaire ». Serge Audier est lui-même un piètre philosophe politique et un analphabète économique (tous les libéraux conséquents et les économistes compétents sont pour lui des « extrémistes »…), et si ce n’était pas le cas il serait libéral et non pas social-démocrate/solidariste. Mais au moins c’est un honnête professeur de philosophie « à la française », c’est-à-dire qu’il sait présenter et synthétiser plutôt correctement les idées des philosophes et penseurs dont il parle. On ne peut en dire autant de Michéa, tant s’en faut (sur ce point, et sur d’autres, voir aussi « Jean-Claude Michéa : le chagrin et la pitié »). Il est par ailleurs significatif de voir un Michéa prétendre régler son compte en quelques lignes à Ayn Rand, figure importante de la pensée politique contemporaine (en dépit de ses limites et erreurs, d’une part, de la forte tendance au culte de la personnalité et au sectarisme de la part des randiens « purs et durs », d’autre part). Qu’un ridicule petit penseur et propagandiste sans vergogne de l’anti-libéralisme tel Michéa soit aujourd’hui porté aux nues par toutes sortes de gens aussi bien à gauche qu’à droite en dit long sur la déliquescence intellectuelle de la France, conséquence de décennies de domination à la fois idéologique et pratique du socialisme dans ses nombreuses variantes.
  6. ^  « To compel a man to furnish contributions of money for the propagation of opinions which he disbelieves and abhors, is sinful and tyrannical. » – Thomas Jefferson
  7. ^  Ajoutons à cela que trancher ce genre de questions est précisément l’objet du Droit, et que le libéralisme est justement la seule philosophie du Droit à y apporter une réponse valable, non arbitraire (voir De l’impossibilité du non-libéralisme), contrairement, notamment, au socialisme (Pourquoi le parti socialiste ne devrait pas exister).
  8. ^  À cet égard, Jean-Claude Michéa est typiquement un parasite social institutionnel, contrairement aux universitaires-fonctionnaires libéraux.
  9. ^  « Décence ordinaire », dit par ailleurs Michéa… Sous sa plume, cet anti-concept (emprunté à George Orwell) s’apparente à une variante de socialisme, populaire et plus ou moins conservateur – non progressiste. À rapprocher également du « convivialisme » d’Alain Caillé dont Jean-Claude Michéa a signé le manifeste. En réalité, en tant qu’intellectuel socialiste, c’est-à-dire promouvant la violation permanente de la justice naturelle, il participe pleinement à l’entreprise d’oppression et de soumission des gens simples, normaux et ordinaires, justement.
  10. ^  À cet égard, il est affligeant de voir que d’aucuns mettent Michéa dans le même (beau) sac que d’authentiques anticonformistes et rebelles à l’esprit dominant de leur temps, tels que Pasolini, Simon Leys, Philippe Muray, Renaud Camus, Richard Millet, Houellebecq et Dantec – quoi qu’on pense de ces artistes et auteurs dans l’ensemble ou de tel ou tel aspect de leur œuvre (nous sommes plus réservés sur les autres personnages honorés dans ce livre, mais ce n’est pas le lieu pour en débattre). Mais que vient faire ici Michéa !? Lui, le « rebellocrate » (comme aurait dit, justement, Philippe Muray) subventionné, ne prenant aucun risque d’aucune sorte (sinon celui d’être exclu de certains milieux de gauche, ouh là là, c’est terrible…), salué, voire célébré, de toutes parts ou presque – au fil des années, de L’Humanité à Éléments en passant par Marianne, Les Inrockuptibles, La Revue des Deux Mondes, Le Figaro et Valeurs actuelles –, régulièrement « couvert » par le reste de la presse, y compris celle censée lui être hostile – par exemple le très « bobo » et « libéral » (au sens, absurde, de Michéa) L’Obs –, habitué de France Culture, et qui en définitive ne fait que ressasser le credo de l’idéologie dominante : le libéralisme, c’est pas bien, l’individualisme, source de tous les maux…


Extrait du livre d’Alain Laurent L’Autre Individualisme : une anthologie (Les Belles Lettres, octobre 2016) :

Parmi les innombrables et obsessionnelles tirades contre « l’individu-roi » et l’« hyper-individualisme » dont, du néo-communiste Badiou au souverainiste Debray, les intellectuels de gauche ont fait leur mantra, les saillies archéo-socialistes d’un Jean-Claude Michéa contre l’« individualisme destructeur » sont particulièrement édifiantes. Ne voyant de toutes parts dans notre société qu’« atomisation définitive de l’espèce humaine » et « règne dissolvant du chacun pour soi » générés par l’avènement cataclysmique d’un « sujet monadique » ruinant le « fait communautaire » et les « structures d’appartenances premières et non choisies » (assertions lui valant l’admiration éperdue des milieux ultra-traditionalistes : un indicateur instructif), cet auteur, afin de s’élever contre « l’isolement insensible de chaque individu au sein de ses intérêts particuliers », ne trouve rien de plus convaincant à ses yeux que prendre appui sur ce propos de Friedrich Engels : « Si l’isolement de l’individu, cet égoïsme borné, sont partout le principe fondamental de la société actuelle, ils ne se manifestent nulle part avec une impudence, une assurance si totale que dans la cohue des grandes villes. La désagrégation de l’humanité en monades dont chacune a un principe de vie particulier et une fin particulière est ici poussée à l’extrême. » Il faut croire que pour Michéa cette condamnation absolue de l’autonomie des individus par le compère de Marx représente l’alpha et l’oméga de sa propre philosophie morale et politique puiqu’elle survient pratiquement dans chacun de ses opus : Impasse Adam Smith, p. 49 (2002), L’Empire du moindre mal, p. 160 (2007), la postface à la traduction de La Culture de l’égoïsme de Christopher Lasch, p. 94 (2013) et Les Mystères de la gauche, pp. 37-38 (2014).


Voir aussi


Mots clés

critique libérale de Jean-Claude Michéa - critique libérale de Michéa - critique de Jean-Claude Michéa - critique de Michéa - antilibéralisme - socialisme conservateur - conservatisme socialiste - social-conservatisme - « logique libérale » - « logique du libéralisme » - réfutation des thèses de Jean-Claude Michéa - escroc intellectuel - escroquerie intellectuelle - « société décente » - idiots utiles du communisme - poison intellectuel - misère du michéaïsme - pseudo-anarchisme conservateur