« École autrichienne » : différence entre les versions
Kae (discussion | contribs) Aucun résumé des modifications |
|||
(36 versions intermédiaires par 2 utilisateurs non affichées) | |||
Line 1: | Line 1: | ||
L''''école autrichienne''' d’économie se distingue des autres en ce qu’elle s’est sérieusement efforcée de distinguer, dans la science économique, ce qui se prouve par la cohérence logique et ce qui se prouve par l’observation. | |||
L''''école autrichienne''' | Elle en déduit la distinction faite par [[Ludwig von Mises]] entre la '''« théorie »''' sociale d’une part, et l''''« histoire »''' d’autre part. Elle tient que la faculté de penser des hommes rend la méthode expérimentale inutilisable en théorie économique, mais permet de déduire des lois générales, aussi vraies que 2 + 2 = 4, de la nature de l’action, et plus généralement des rapports de l’être pensant avec l’objet de ses actions. | ||
Elle en déduit la distinction faite par [[Ludwig von Mises]] | |||
== | ==L’inspiration réaliste== | ||
Elle | Elle s’inspire donc d’une conception réaliste de la preuve philosophique qui tient que les démonstrations logiques peuvent et doivent s’ancrer dans le réel, parce que c’est aussi le cas des définitions. Dans la tradition d’Aristote, à laquelle se sont formés [[Carl Menger]] et [[Eugen von Böhm-Bawerk]] – les deux économistes à partir desquels on a donné son nom à l’école autrichienne –, le fondement expérimental de la preuve logique, philosophique, se trouve dans les raisons objectives pour lesquelles on a formé le ''système de classification des expériences de la réalité'' que constitue l’ensemble des mots de la langue. Pour les kantiens, dont [[Ludwig von Mises]] et [[Hans-Hermann Hoppe]], il suffit qu’une contradiction signale une erreur pour qu’on en tire les conséquences. | ||
Les uns et les autres comprennent la hiérarchie et | Les uns et les autres comprennent la hiérarchie et l’interdépendance des concepts, et savent identifier les [[Anti-concept|mots qui ne veulent rien dire]]. | ||
==Le dualisme scientifique== | ==Le dualisme scientifique== | ||
Comme le rappelle [[Hans-Hermann Hoppe]], | Comme le rappelle [[Hans-Hermann Hoppe]], la méthode expérimentale repose sur deux postulats philosophiques sans lesquels, logiquement, on ne peut pas déduire des lois générales d’observations successives : | ||
:- le premier postulat est que | :- le premier postulat est que l’objet de l’étude expérimentale est soumis à des lois constantes ; autre manière de dire que l’information qui détermine son comportement ne change pas vraiment d’une observation à l’autre. | ||
:- le second postulat est que | :- le second postulat est que l’être humain, pour sa part, est capable de découvrir des informations nouvelles, et d’agir en raison de ces informations. | ||
Il | Il s’ensuit que la méthode expérimentale s’applique à l’étude des objets qui ne pensent pas, mais ne peut pas s’appliquer à l’action humaine. | ||
==La logique de | ==La logique de l’action== | ||
La théorie économique | La théorie économique n’en a pas moins des lois naturelles et universelles, qui se déduisent de la nature de l’action. On agit si et seulement si cela en vaut la peine, ce qui permet de dégager les diverses notions économiques de valeur, de coût et de profit. | ||
*La ''valeur'' est un jugement formé par la personne qui agit sur la capacité de l’objet de l’action à servir ses projets ; | |||
*le ''coût'' est la valeur de ce à quoi elle renonce au moment d’agir ; | |||
*le ''profit'' est la différence entre la valeur et le coût ; comme on continue d’agir tant que cela en vaut la peine, l’action fait disparaître le profit et s’éteint avec cette disparition. C’est l’esprit humain qui se crée à lui-même les raisons d’agir, en identifiant des différences successives entre la valeur et le coût de ses diverses actions. | |||
Toute la théorie économique et financière se déduit | Toute la théorie économique et financière se déduit de ces éléments de départ, qu’on ne peut pas nier sans en représenter soi-même une illustration. Par exemple le fait que l’échange est productif par nature, puisqu’on donne plus de valeur à ce qu’on reçoit qu’à ce qu’on donne en échange. | ||
De même, | De même, puisque le profit naît de la création d’information et disparaît avec la fin de l’action, il est essentiellement fonction de l’ignorance des hommes et de leur capacité à l’atténuer en créant de l’information nouvelle. | ||
==Quelques économistes de l’école autrichienne== | |||
* [[Carl Menger]] | |||
* [[Eugen von Böhm-Bawerk]] | |||
* [[František Čuhel]] | |||
* [[Ludwig von Mises]] | |||
* [[Friedrich Hayek]] | |||
* [[Murray Rothbard]] | |||
* [[Israel Kirzner]] | |||
* [[Jacques Garello]] | |||
* [[George Reisman]] | |||
* [[Pascal Salin]] | |||
* [https://mises.org/profile/dominick-armentano Dominick T. Armentano] | |||
* [[Hans-Hermann Hoppe]] | |||
* [[François Guillaumat]] | |||
* [[Georges Lane]] | |||
* [[Jesús Huerta de Soto]] | |||
* [https://mises.org/profile/mark-thornton Mark Thornton] | |||
* [[Juan Ramón Rallo]] | |||
==Autres présentations et approfondissements== | |||
* [https://www.wikiberal.org/wiki/%C3%89cole_autrichienne École autrichienne] sur Wikibéral | |||
* [https://www.objectifliberte.fr/2010/10/xavier-mera-vienne-vs-chicago.html L’école de Chicago et l’école autrichienne, des divergences fondamentales] par Xavier Méra | |||
* [https://www.mises-fr.org/lecole-autrichienne-et-lesprit-scientifique/ L’école autrichienne et l’esprit scientifique] par [[Pascal Salin]] | |||
* [https://www.mises-fr.org/entretien-sur-lecole-autrichienne-1/ Entretien avec Stéphane Geyres sur l’école autrichienne] ; [https://www.mises-fr.org/entretien-sur-lecole-autrichienne-2/ partie 2] | |||
* [https://ecaef.org/austrian-school-of-economics/history-of-austrian-economics/what-is-it-and-what-does-it-mean/ Introduction à l'école autrichienne] (en anglais) par Kurt L. Leube | |||
* [https://wiki.mises.org/wiki/Austrian_School Austrian School] Sur Mises Wiki | |||
* [http://thorsten-polleit.com/wp/wp-content/uploads/2019/06/The-Austrian-School-of-Economics_June20191.pdf The Austrian School of Economics – An Introduction] par Thorsten Polleit | |||
* [https://www.econlib.org/the-five-best-introductory-books-in-austrian-economics/ The Five Best Introductory Books in Austrian Economics] | |||
* [https://docs.google.com/document/d/1w_Iicy4DxWetmBs2nETlg9rDvPDZPGB_3-IeUJ1QeHo/ L’école autrichienne et son importance pour la science économique moderne] par [[Hans-Hermann Hoppe]] | |||
* [https://web.archive.org/web/20181011044304/http://www.ecoleliberte.fr/ressource/lecole-autrichienne-marche-et-creativite-entrepreneuriale-2007/ ''L’École autrichienne : marché et créativité entrepreneuriale''] par [[Jesús Huerta de Soto]] | |||
* [https://mises.org/wire/difference-between-austrians-and-everyone-else-%E2%80%94-one-easy-chart The Difference Between Austrians and Everyone Else — In One Easy Chart] par [[Jesús Huerta de Soto]] | |||
* [[pseudo-expérimentalisme|Le pseudo-expérimentalisme]] | |||
* [[Philosophie réaliste]] | |||
* [[Monopole]] | |||
* [[Protectionnisme]] | |||
* [[Keynésianisme]] | |||
* [[Libéralisme économique]] | |||
* [[Folie française]] |
Version actuelle datée du 29 December 2023 à 12:32
L'école autrichienne d’économie se distingue des autres en ce qu’elle s’est sérieusement efforcée de distinguer, dans la science économique, ce qui se prouve par la cohérence logique et ce qui se prouve par l’observation. Elle en déduit la distinction faite par Ludwig von Mises entre la « théorie » sociale d’une part, et l'« histoire » d’autre part. Elle tient que la faculté de penser des hommes rend la méthode expérimentale inutilisable en théorie économique, mais permet de déduire des lois générales, aussi vraies que 2 + 2 = 4, de la nature de l’action, et plus généralement des rapports de l’être pensant avec l’objet de ses actions.
L’inspiration réaliste
Elle s’inspire donc d’une conception réaliste de la preuve philosophique qui tient que les démonstrations logiques peuvent et doivent s’ancrer dans le réel, parce que c’est aussi le cas des définitions. Dans la tradition d’Aristote, à laquelle se sont formés Carl Menger et Eugen von Böhm-Bawerk – les deux économistes à partir desquels on a donné son nom à l’école autrichienne –, le fondement expérimental de la preuve logique, philosophique, se trouve dans les raisons objectives pour lesquelles on a formé le système de classification des expériences de la réalité que constitue l’ensemble des mots de la langue. Pour les kantiens, dont Ludwig von Mises et Hans-Hermann Hoppe, il suffit qu’une contradiction signale une erreur pour qu’on en tire les conséquences. Les uns et les autres comprennent la hiérarchie et l’interdépendance des concepts, et savent identifier les mots qui ne veulent rien dire.
Le dualisme scientifique
Comme le rappelle Hans-Hermann Hoppe, la méthode expérimentale repose sur deux postulats philosophiques sans lesquels, logiquement, on ne peut pas déduire des lois générales d’observations successives :
- - le premier postulat est que l’objet de l’étude expérimentale est soumis à des lois constantes ; autre manière de dire que l’information qui détermine son comportement ne change pas vraiment d’une observation à l’autre.
- - le second postulat est que l’être humain, pour sa part, est capable de découvrir des informations nouvelles, et d’agir en raison de ces informations.
Il s’ensuit que la méthode expérimentale s’applique à l’étude des objets qui ne pensent pas, mais ne peut pas s’appliquer à l’action humaine.
La logique de l’action
La théorie économique n’en a pas moins des lois naturelles et universelles, qui se déduisent de la nature de l’action. On agit si et seulement si cela en vaut la peine, ce qui permet de dégager les diverses notions économiques de valeur, de coût et de profit.
- La valeur est un jugement formé par la personne qui agit sur la capacité de l’objet de l’action à servir ses projets ;
- le coût est la valeur de ce à quoi elle renonce au moment d’agir ;
- le profit est la différence entre la valeur et le coût ; comme on continue d’agir tant que cela en vaut la peine, l’action fait disparaître le profit et s’éteint avec cette disparition. C’est l’esprit humain qui se crée à lui-même les raisons d’agir, en identifiant des différences successives entre la valeur et le coût de ses diverses actions.
Toute la théorie économique et financière se déduit de ces éléments de départ, qu’on ne peut pas nier sans en représenter soi-même une illustration. Par exemple le fait que l’échange est productif par nature, puisqu’on donne plus de valeur à ce qu’on reçoit qu’à ce qu’on donne en échange. De même, puisque le profit naît de la création d’information et disparaît avec la fin de l’action, il est essentiellement fonction de l’ignorance des hommes et de leur capacité à l’atténuer en créant de l’information nouvelle.
Quelques économistes de l’école autrichienne
- Carl Menger
- Eugen von Böhm-Bawerk
- František Čuhel
- Ludwig von Mises
- Friedrich Hayek
- Murray Rothbard
- Israel Kirzner
- Jacques Garello
- George Reisman
- Pascal Salin
- Dominick T. Armentano
- Hans-Hermann Hoppe
- François Guillaumat
- Georges Lane
- Jesús Huerta de Soto
- Mark Thornton
- Juan Ramón Rallo
Autres présentations et approfondissements
- École autrichienne sur Wikibéral
- L’école de Chicago et l’école autrichienne, des divergences fondamentales par Xavier Méra
- L’école autrichienne et l’esprit scientifique par Pascal Salin
- Entretien avec Stéphane Geyres sur l’école autrichienne ; partie 2
- Introduction à l'école autrichienne (en anglais) par Kurt L. Leube
- Austrian School Sur Mises Wiki
- The Austrian School of Economics – An Introduction par Thorsten Polleit
- The Five Best Introductory Books in Austrian Economics
- L’école autrichienne et son importance pour la science économique moderne par Hans-Hermann Hoppe
- L’École autrichienne : marché et créativité entrepreneuriale par Jesús Huerta de Soto
- The Difference Between Austrians and Everyone Else — In One Easy Chart par Jesús Huerta de Soto
- Le pseudo-expérimentalisme
- Philosophie réaliste
- Monopole
- Protectionnisme
- Keynésianisme
- Libéralisme économique
- Folie française