Néolibéralisme

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Lieu commun, formule passe-partout et fantasme ultimes de la pensée politico-idéologique contemporaine. En réalité, pratiquement personne ne se réclame du « néolibéralisme » depuis plusieurs décennies. Et il ne s’agit pas non plus d’un phénomène social (économique et/ou sociologique) qu’on pourrait rationnellement décrire ou définir. Sémantiquement, le terme serait censé désigner un libéralisme nouveau, limité à l’économie (libéralisme économique). Or, les théories libérales d’un Locke ou d’un Bastiat, par exemple, sont toujours aussi valables après des siècles, et reprises par les libéraux d’aujourd’hui. Le « néo » n’a donc aucun sens. Au contraire, les libéraux n’auraient aucun complexe à se déclarer « paléo-libéraux »[1] ou « archéo-libéraux » pour bien montrer que le libéralisme n’est pas une question de mode.

Un anti-concept

L’expression « néolibéralisme » est dénuée de sens logique, car le libéralisme suit une longue tradition historique. Les minarchistes d’aujourd’hui n’ont pas des idées très différentes d’un John Locke, et même l’anarcho-capitalisme s’inscrit dans une lignée idéologique qui remonte à Lysander Spooner et à Gustave de Molinari. Autrement dit, il n’y a pas de moment logique dans l’histoire de la pensée libérale dont on pourrait dire qu’avant ce moment c’est le « libéralisme » et après c’est le « néolibéralisme ».

Non-libéralisme

Par ailleurs, si le mot « néolibéralisme » a eu un sens, c’est à un moment bien précis de l’histoire des idées (le Colloque Lippmann[2]) et, justement, pour désigner l’inverse – un « libéralisme » (un pseudo-libéralisme de notre point de vue) fortement imprégné de social-étatisme – de ce que les ennemis du libéralisme prétendent stigmatiser aujourd’hui !

Autrement dit, dans ce sens là, le terme serait tout au plus une formule fort maladroite pour désigner – favorablement pour ceux qui s’en réclamaient à l’époque du Colloque Lippmann, défavorablement pour les (vrais) libéraux de tous temps –, une économie mixte, une social-démocratie, ou même un « capitalisme d’État » ou capitalisme de connivence, toutes choses non libérales que les vrais libéraux sont évidemment les premiers à dénoncer. Les anti-libéraux, en revanche, sont de pure mauvaise foi lorsqu’ils prétendent dénoncer ce non-libéralisme là, puisque ce qu’ils réclament est encore moins de libéralisme, autrement dit encore plus de ce non-libéralisme ![3]

Le procédé, naturellement, relève du sophisme de l’épouvantail habituel : puisque presque personne ne se réclame du néo-libéralisme, il est facile de l’accuser de tous les maux, et de mettre les échecs de toute politique, aussi socialiste soit elle, à son compte. En parallèle, étant donné qu’aucun État existant n’est véritablement libéral, quiconque se prononce pour le libéralisme est d’emblée accusé de défendre le « néo-libéralisme », dont le caractère nuisible aura été établi sans opposition. CQFD.

  1. ^  À ne pas confondre cependant avec ce sous-courant spécifique du libéralisme radical qui se désigne lui-même par l’étiquette de « paléo-libéralisme ».
  2. ^  Voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Colloque_Walter_Lippmann + Walter Lippmann La Cité libre
  3. ^  Ainsi par exemple, Natacha Polony n’hésite pas à classer comme « néo-libéral » un régime où l’État contrôle directement pas loin de 60 % du PIB [4]. Pourrait-on dès lors suggérer poliment un régime « néo-socialiste » qui consisterait en un État se cantonnant à ses tâches régaliennes à 5 % du PIB ? (Voir aussi [5] et [6] )


Voir aussi