Monnaie pleine

From Liberpédia

La « monnaie pleine », « monnaie 100% » (100% money, 100% reserve banking, full reserve banking) est un type de système monétaire censé s'opposer au « fractional reserve banking ».

Elle consiste dans le fait que les banques détiennent des réserves correspondant à 100% des dépôts monétaires, soit une « couverture de 100% ». Autrement dit, cela voudrait dire, en termes simples, que les banques ne peuvent prêter que de l'argent qu'elles ont, qui existe, et non de l'argent qu'elles n'ont pas, qui n'existe pas.

Le problème est que cette définition ne précise pas à quelles « banques » elle s'applique, ni en quoi consistent les « réserves ». Nous pouvons dès lors distinguer deux définitions principales : une banque couverte par d'autres banques, ou une banque couverte par des actifs réels.

Banques couvertes à 100% par d'autres banques

Selon cette proposition, provenant généralement d'économistes monétaristes, la création monétaire devient un monopole légal de la Banque centrale d'un pays donné, et d'elle seule. Toute autre banque doit être couverte à 100% par la monnaie émise par la Banque centrale.

Équivalence par rapport au "système fractionnaire"

Aucune garantie réelle

Mais la banque centrale elle-même, par quoi est-elle couverte ? Par les billets qu'elle imprime ? Par ses propres dépôts, ceux des banques commerciales auprès d'elle ? Par de la monnaie émise par d'autres banques centrales (d'autres pays) ? Qui sont elles-mêmes couvertes par... ? In fine, cette couverture prétendument « 100% » est donc équivalente à un système fractionnaire, dont la couverture réelle peut ainsi même être de 0%.

Cette proposition ne résout dès lors strictement aucun des problèmes du système de monnaies fiduciaires monopolistiques avec réserves fractionnaires : la banque centrale est toujours irresponsable par définition (elle n'a aucune responsabilité des décisions qu'elle prend : elle est « indépendante »), elle peut librement créer de la monnaie, ce qui entraîne invariablement inflation, cycles économiques, crises.

Simple déplacement du multiplicateur

Puisque la banque centrale détient toujours le monopole légal et irresponsable de création monétaire, alors rien ne l'empêche de créer exactement autant de monnaie qu'auparavant directement (au lieu d'en créer proportionnelement moins et attendre qu'elle soit démultipliée par les banques commerciales selon les réserves fractionnaires).

Inconvénients par rapport au "système fractionnaire"

En réalité, cette proposition est ainsi pire que le système fractionnaire actuel, puisque le pouvoir irresponsable de la banque centrale devient plus direct, et qu'il n'y a plus les banques commerciales comme intermédiaires ajoutant un délai à ses décisions et détenant une certaine marge de manoeuvre, soit celle de ne pas profiter du multiplicateur au maximum, autrement dit de ne pas accorder suffisament de prêts pour réaliser complètement l'inflation destructrice voulue par la banque centrale :

Distribution monétaire directe

Selon la proposition suisse :

Dans le cadre de son mandat légal, elle [la BNS] met en circulation, sans dette, l’argent nouvellement émis, et cela par le biais de la Confédération ou des cantons ou en l’attribuant directement aux citoyens.

à noter que ce renforcement du pouvoir irresponsable d'une banque monopolistique, et de financement encore plus direct de l'État (ou redistribution) par taxe inflationniste est assumé comme un « avantage » par les partisans de la proposition :

The precise target imposed upon monetary authorities depends on the particular institutional setting in which the rule applies. Friedman’s point is that the complex and fractional reserve system might impede the central bank’s ability to control the total stock of money. As early as 1948 and in 1959, he calls for a 100% reserve requirement for demand deposits to avoid the endogenous creation of money, a procedure whereby ‘the total of money and of high-powered money would then be the same’ (Friedman 1959). The instability of the total stock of money due to changes in the forms in which the public holds money (i.e. currency or deposits) would be eliminated. Open-market operations would be the key instrument used to achieve this target. Later Friedman (1984) abandoned the 100% proposal and then advocated contemporary reserve accounting instead of lagged accounting, whatever the type of deposit.
Bien sûr, il n’a jamais été dit que la monnaie « banque centrale » était du vrai capital par rapport à la monnaie bancaire qui ne le serait pas. C’est absurde. La création des deux types de monnaie correspondent à une création ex nihilo de pouvoir d’achat et donc à un prélèvement sur les marchés sans aucune contribution préalable à la production (selon la phrase de J.Rueff : prendre sans offrir). Et, c’est bien parce que c’est un privilège qu’il faut le réserver à la collectivité (privilège régalien).

Critique de Droit

À noter également qu'en termes de Droit, cette proposition implique un monopole légal, autrement dit l'utilisation de la violence pour empêcher par la force certaines activités entre adultes consentants. Ce monopole légal serait au moins équivalent, voire pire, à celui du "système fractionnaire" classique.

Autres critiques

Références

Maurice Allais, propose donc de confier l’exclusivité de la création monétaire ex nihilo à une Banque Centrale – indépendante constitutionnellement des pouvoirs politiques, son objectif statutaire constitutionnel étant de préserver la stabilité des prix, c’est-à-dire une hausse des prix annuelle qui n’excède pas 2%, le rythme annuel de cette création monétaire étant calé sur le rythme de croissance du PIB réel. [1]

Banques couvertes à 100% par des "actifs réels"

Un sens plus cohérent de "couverture 100%" est d'avoir une monnaie réelle avec couverture de 100%. L'exemple classique d'une telle monnaie est constitué par un étalon-or avec réserves de 100%.

Banques libres

Du point de vue libéral et autrichien, le seul système à la fois compatible avec le Droit et qui résout véritablement les problèmes des systèmes monétaires actuels est celui des banques libres.

Voir aussi