Libéralisme

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In Regis arbitrio non esse privata civium bona. Non ergo aut universa aut partem decerpet nisi ex eorum voluntate, quorum in iure sunt.
[Les biens privés des citoyens ne sont pas à la disposition du roi. Ainsi, il ne peut en prendre tout ou partie sans le consentement de ceux qui y ont droit.]
Juan de Mariana, 1609
Nach liberaler Auffassung besteht die Aufgabe des Staatsapparates einzig und allein darin, die Sicherheit des Lebens und der Gesundheit, der Freiheit und des Sondereigentums gegen gewaltsame Angriffe zu gewahrleisten. Alles, was darüber hinausgeht, ist von Übel. Eine Regierung, die, statt ihre Aufgabe zu erfüllen, darauf ausgehen wollte, selbst das Leben und die Gesundheit, die Freiheit und das Eigentum anzutasten, wäre natürlich ganz schlecht.
[As the liberal sees it, the task of the state consists solely and exclusively in guaranteeing the protection of life, health, liberty, and private property against violent attacks. Everything that goes beyond this is an evil. A government that, instead of fulfilling its task, sought to go so far as actually to infringe on personal security of life and health, freedom, and property would, of course, be altogether bad.]
[Selon la conception libérale, la tâche de l’appareil gouvernemental consiste purement et simplement dans la garantie de la sécurité de la vie et de la santé, de la liberté et de la propriété privée contre toute attaque violente. Tout ce qui va au delà de cette tâche est néfaste. Un gouvernement qui, au lieu de remplir sa tâche, s’efforcerait de porter atteinte à la vie et à la santé, à la liberté et à la propriété serait naturellement tout à fait mauvais.]
Ludwig von Mises, Liberalismus, ch. I. 11 : “Die Grenzen der Regierungstätigkeit”, Verlag von Gustav Fischer, Jena, 1927 [traduit en anglais : Liberalism In The Classical Tradition, ch. I. 11 : “The Limits of Governmental Activity”, The Foundation for Economic Education, Irvington, NY, 1985 ; traduit en français : Le Libéralisme [1], ch. I. 11. : “Les limites du gouvernement”, Les essais : Cahiers trimestriels, 1964-1965, L’imprimerie du Delta, Paris].
La democracia responde a esta pregunta: ¿Quién debe ejercer el poder público? La respuesta es: el ejercicio del Poder público corresponde a la colectividad de los ciudadanos.
Pero en esa pregunta no se habla de qué extensión deba tener el Poder público. Se trata sólo de determinar el sujeto a quien el mando compete. La democracia propone que mandemos todos; es decir, que todos intervengamos soberanamente en los hechos sociales.
El liberalismo, en cambio, responde a esta otra pregunta: ejerza quienquiera el Poder público, ¿cuáles deben ser los límites de éste? La respuesta suena así: el Poder público, ejérzalo un autócrata o el pueblo, no puede ser absoluto, sino que las personas tienen derechos previos a toda injerencia del Estado. Es, pues, la tendencia a limitar la intervención del Poder público.
[ La démocratie répond à cette question : qui doit exercer le pouvoir public ? La réponse est : l’exercice du pouvoir public appartient à la collectivité des citoyens.
Cependant cette question ne traite pas de l’étendu que ce pouvoir public doit avoir. Il s’agit uniquement de déterminer à qui il appartiennent de diriger. La démocratie propose que nous dirigions tous : que nous intervenions tous souveraiement dans l’activité sociale.
Le libéralisme, en revanche, répond à cette autre question : qui que ce soit qui exerce le pouvoir public, quelles doivent être ses limites ? La réponse est ceci : le pouvoir public, qu’il soit exercé par un autocrate ou par le peuple, ne saurait être absolu, car les personnes ont des droits précédant toute ingérence de l’État. Ainsi, le libéralisme se définit comme la tendance à limiter l’intervention du pouvoir public.]
José Ortega y Gasset, « Ideas de los castillos: liberalismo y democracia », Obras completas, Tomo II, El Espectador (1916-1934)


Présentation, définition et justification du libéralisme, sous forme de questions. Cet article est une présentation introductive de la théorie libérale. Pour l’histoire et l’actualité du mouvement libéral, voir libéraux. Voir également terminologie du libéralisme, points de vue libéraux, points de désaccord entre libéraux, libéralisme économique, laissez-faire.

Le libéralisme peut être résumé par le principe de non-agression. Ou encore, par la phrase : chacun fait ce qu’il veut avec ce qui est à lui, tout ce qui est à lui, et rien que ce qui est à lui.

Le libéralisme est-il un système économique, une idéologie, ou autre chose ?

Le libéralisme est une philosophie du Droit, visant à circonscrire les limites du pouvoir politique et à reconnaître (i.e. déclarer et non créer) les droits individuels inaliénables. Ce n’est donc pas une théorie économique ni une école de pensée économique (comme l’École autrichienne d’économie ou les néo-classiques), toutefois le Droit libéral a des conséquences pour l’économie (voir libéralisme économique).

Qu’est-ce que le Droit ?

Le Droit, c’est ce qui détermine ce que l’on a le droit de faire et ce que l’on n’a pas le droit de faire. Le Droit relève de la justice. La justice d’un acte ne dépend pas d’un bout de papier, d’une loi, écrite quelque part par quelqu’un. Le Droit est donc non seulement antérieur aux lois, mais indépendant des lois. Pour que le concept de Droit ait un sens, il doit être universel : Où est la justice si pour un même acte une personne est libre et une autre va en prison, juste parce que 100 mètres et une frontière les séparent ? Ue conception du droit basée sur la loi est donc dénuée de sens : un meurtre est ou juste ou injuste, point. Ce n’est pas l’avis d’un dictateur ou autre législateur auto-proclamé qui va y changer quelque chose : ce n’est pas parce que tel dicteteur décrète que tel personne n’est pas autorisé à vivre que ladite personne n’a pas le droit de vivre. Le Droit est donc universel, il est le même pour tous. Chaque être humain, qua être humain, a les mêmes droits.

De plus, pour que le Droit ait du sens, il faut qu’il soit indépendant de son application ou non-application. Si nul n’a le droit de tuer un innocent, ce n’est pas parce qu’un criminel tue des innocents qu’il en a le droit, le Droit détermine juste si son acte est juste ou injuste. Et surtout, si personne ne viole le Droit, tant mieux pour tous, pour le Droit, ça ne change rien. C’est tout le contraire des faux droits, les « droit à ». Le « droit à l’alimentation » par exemple : si tout le monde décide d’en profiter, il disparaît, puisque tout le monde tend la main et plus personne ne produit de la nourriture. C’est donc un droit inapplicable s’il est appliqué, autrement dit, un droit qu’il faudrait, selon certains, reconnaître, tout en disant aux gens de ne pas trop l’utiliser ! Donc, pour que le Droit ait du sens, il faut qu’il soit indépendant des lois, indépendant de son application, non-contradictoire, universel.

Quel est le Droit libéral et quelle est sa justification ?

Le fait d’engager l’usage de la force (ou la menace de l’usage de la force) est illégitime. La force (ou la menace de l’usage de la force) n’est donc légitime que pour se défendre, c’est à dire, soit empêcher une agression, soit forcer l’agresseur à réparer le dommage, soit empêcher l’agresseur dangereux de nuire à nouveau. Cette idée du Droit peut être résumée de manière simple par le principe de non-agression, le NAP (non-agression principle) : toute agression, c’est à dire toute violation des droits de propriété, est illégitime. Le Droit libéral se base donc sur le droit de propriété.

Qu’est-ce que le droit de propriété ? Et pourquoi suis-je forcément propriétaire de moi-même ?

Le droit de propriété commence avec ma raison: je décide d’écrire ces lignes, personne d’autre. Pour m’exprimer, il faut d’abord que je me considére comme propriétaire de mes moyens d’expression, i.e. de moi-même. Dire « je ne suis pas mon propriétaire » est donc une contradiction, puisqu’en m’exprimant ainsi j’aurais implicitement accepté d’être mon propriétaire, sinon je n’aurais même pas le droit de parler, car mes cordes vocales, mon cerveau, etc. ne m’appartiendraient pas. Donc, toute tentative de nier la propriété de soi est une contradiction pratique, car celui qui la nie l’accepte implicitement (voir la démonstration a priori de la propriété de soi ).

Par ailleurs, ou bien je suis propriétaire de moi-même, ou bien quelqu’un d’autre l’est, ou bien et moi et quelqu’un d’autre sommes propriétaires de moi-même. Si quelqu’un d’autre est propriétaire de moi-même mais que je ne suis pas son propriétaire, il y a de toute évidence inégalité en Droit : le quelqu’un d’autre a un droit que je n’ai pas. Cette situation ne satisfait donc pas au critère d’universalité du Droit. L’autre possibilité, c’est à dire que je suis autant propriétaire de lui qu’il est propriétaire de moi, satisfait certes au critère d’universalité, mais cela voudrait dire que pour toute action de n’importe quel humain, il faudrait que tous les autres humains lui donnent son accord. Même si cela était techniquement possible, comment donner son accord si vous n’avez pas au préalable l’accord des autres de vous servir de « vos » cordes vocales pour exprimer un accord sur quoi que ce soit ? Le propriété de tout par tous est donc impossible. Il s’ensuit que je suis le seul et unique propriétaire de moi-même et que nul autre ne peut l’être.

Ainsi, l’esclavage au sens de propriété d’une autre personne est impossible: je suis propriétaire de moi-même ; quelqu’un d’autre ne peut donc pas me vendre en esclavage, puisque je ne lui appartiens pas, et s’il tentait de le faire il commettrait une agression contre moi. Reste donc la possiblité de se vendre soi-même. Me vendre impliquerait de céder ma propriété de moi à quelqu’un d’autre. Or, ma propriété de moi découle de ma raison, de ma volonté, du fait que JE décide de mes choix. Donc, si je peux certes faire le choix d’obéir maintenant à l’acheteur, je ne peux en aucune manière lui garantir que je continuerai à faire ce choix ultérieurement. Autrement dit, je ne peux pas, même si je le souhaitais, lui céder ma volonté, ma raison, et donc, par définition de la propriété, il ne peut pas être mon propriétaire.

Cela n’empêche malheureusement pas qu’il y a eu et qu’il y a de l’esclavage dans le sens de personnes forcées à obéir à une autre personne qui a le pouvoir, et non le droit, d’en disposer comme elle veut. Il convient à ce propos de souligner que le libéralisme est la seule philosophie du droit qui condamne toutes les formes d’esclavage, aussi bien l’esclavage des noirs en amérique, qui fut combattu par les libéraux de l’époque , que les autres esclavages de ce genre (romains, arabes, africains, etc), que l’esclavage de l’Etat, que ce soit sous sa forme nationaliste (vous ne vous appartenez pas, vous appartenez à la nation), paternaliste ( lorsque l’Etat prétend décider pour vous de ce qui est bien ou non pour vous, interdisant la drogue par exemple, il se prend ipso facto pour votre propriétaire), autoritaire (vous ne vous appartenez pas, vous appartenez au dictateur), socialiste ( certains devraient être propriétaires du fruit de votre travail au lieu de vous ), ou plus généralement étatiste ( si vous payez 50 % d’impôts, ça veut dire que vous travaillez la moitié de l’année pour vous, et la moitité de l’année pour l’Etat, vous êtes donc en partie esclave de l’Etat, un peu comme les serfs du moyen-âge qui devaient travailler pour leur « seigneur » ). La forme la plus poussée de cet esclavage-ci est bien sûr la conscription, le service militaire obligatoire, puisque l’Etat peut vous envoyer vous faire massacrer au champ de bataille, et a donc bel et bien un droit de vie et de mort sur vous, caractéristique des pires formes d’esclavage.

Si je suis propriétaire de moi-même, il en découle logiquement que je fais ce que je veux avec moi-même. Il en découle que si je crée un objet de mes mains, cet objet est à moi. Si je construis une maison, je l’ai construite de mes mains, elle est donc à moi. Si je m’achète une maison, c’est avec l’argent gagné à la sueur de mon front, ou l’argent que quelqu’un m’a donné (à moi et pas à quelqu’un d’autre) de son plein gré, elle est donc à moi.

Je suis donc le seul et unique propriétaire légitime de mon corps, du fruit de mon travail et de mes biens acquis sans violer les droits d’autrui.

Donc, qu’est-ce que le libéralisme ?

Le libéralisme est anti-politique, en ce qu’il s’oppose au pouvoir politique lui-même. Contrairement aux idéologies politiques, le libéralisme ne cherche pas à déterminer qui doit détenir le pouvoir, et quelles fins ce pouvoir doit servir. Le libéralisme cherche à déterminer quelles sont les limites du pouvoir, les moyens qu’il peut ou ne peut pas utiliser. Il est en cela aux antipodes du totalitarisme, qui attribue des moyens illimités, un pouvoir total, aux détenteurs du pouvoir politique (ou à des aspirants-détenteurs). Le libéralisme s’oppose donc à l’étatisme, tendance à élargir sans cesse les attributions de l’État.

Les valeurs libérales sont la liberté individuelle, la créativité individuelle, la responsabilité individuelle, l’indépendance personnelle, le respect des droits individuels, etc., tous intégrés dans le paradigme de la propriété individuelle.

Le libéralisme défend le droit de propriété : propriété du premier arrivant qui « mélange son travail à la terre » (cf. John Locke) puis propriété par le don, l’échange, la vente, entre deux individus consentants. Il s’oppose donc aux violations du droit de propriété, les agressions. L’interdiction des drogues, les impôts, le viol, le meurtre, le vol, le SMIC, la conscription, etc. sont des agressions et donc violent le Droit : l’interdiction des drogues nie la propriété de soi, impliquant que quelqu’un d’autre que moi serait propriétaire de moi, sans que moi je sois propriétaire de lui ; les impôts et le vol nient ma propriété légitime de mes biens, impliquant que quelqu’un aurait le droit de me les prendre sans mon consentement, sans que j’aie le droit de prendre les siens ; le meurtre et le viol nient la propriété de soi, la conscription (service militaire obligatoire), est une forme d’esclavage, niant la propriété de soi, le SMIC nie la propriété de soi, impliquant qu’une tierce personne a le droit de se mêler d’un contrat légitime entre deux adultes consentants. La fraude est également contraire au Droit libéral, par exemple, vendre de l’arsenic à quelqu’un dans une bouteille marquée « lait », vendre des faux bijoux, etc.

Les libéraux sont-ils contre l’égalité ?

Les libéraux sont contre les fausses conceptions, socialistes, de l’égalité: l’égalité en moyens, l’égalité en résultat, l’égalité des chances, etc. Les libéraux sont pour la vraie égalité, l’égalité en Droit (ou mieux, l’identité des droits), c’est à dire que chaque Homme a les mêmes droits indépendamment de la couleur de sa peau, du pays où il habite, de l’argent qu’il a, du pouvoir qu’il a, etc. En fait, le libéralisme peut même être justifié par l’égalité, car comme nous l’avons vu, toute justification de l’agression implique une inégalité: s’il est interdit d’avoir de la drogue, comment quiconque peut-il la confisquer ? S’il est interdit de déambuler dans les rues avec une arme à feu, comment un policier peut-il le faire ? Si le racket est interdit, comment l’Etat peut-il prélever des impôts ? (voir forces du désordre) Par ailleurs, quelqu’un qui ne respecte pas cette égalité y renonce ipso facto: quelqu’un qui ne respecte pas mon droit de propriété ne doit pas s’attendre à ce que je respecte le sien. Si quelqu’un me prend de force mes biens, je peux de force les reprendre, par égalité.

Voir aussi

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