Laissez-faire

From Liberpédia

Laissez-faire a été pour la première fois employé par les physiocrates demandant la libre circulation des grains entre les provinces et l’abolition des corvées. Il est devenu, dans la première moitié du XIXe siècle, synonyme de marché libre en économie.

Un principe politique pour une politique économique

La politique du laissez-faire représente la mise en oeuvre dans l’économie de principes déduits de la théorie économique par l’intermédiaire de la philosophie morale.

La non agression

Comme toute politique, le laissez-faire n’implique pas une absence de normes mais au contraire une règle précise, éventuellement défendue par la force, que l’on cherche à appliquer dans tous les domaines : le respect de la propriété légitime, à son tour définie de la seule manière cohérente possible comme « les possessions qu’on n’a pas volées, c’est-à-dire prises à un autre sans son consentement ». Le laissez-faire est donc proche du « capitalisme » défini par Marx (comme « le régime de la propriété privée »). Et comme la violation d’une propriété légitime est la définition même de l'agression, le respect de cette propriété légitime est équivalent au principe de non-agression. Il n’est donc qu’une mise en oeuvre universelle de la morale sociale quotidienne, celle que la plupart des gens reconaissent et respectent quand ils ne se rêvent pas en hommes de l’Etat.

Laissez-faire et libéralisme

La plupart des gens qui passent pour libéraux ou se disent tels ne sont pas laissez-fairistes. Dans une société qui bascule dans le socialisme réel, où l’on arrive à faire passer pour « ultra-libéral » quiconque s’inquiète seulement de freiner cette évolution, on peut toujours trouver moins libéral que soi, et la science politique prendra sûrement au mot ces définitions relatives voire contradictoires : les courants d’opinion sont plus intuitifs que raisonnés, les partis rassemblent des courants disparates, et la politique est l’art du possible, dans un cadre institutionnel contraignant.

Ceux qui admettent que le libéralisme, comme toute norme politique, est une définition de l’acte juste, n’en seront pas moins fondés à juger de l’authenticité de ce « libéralisme », à l’aune d’un critère objectif, de raisonnements qui prétendent l’établir ou de déductions que l’on peut en tirer. Or, il n’y a pas de définition non contradictoire du principe libéral qui ne soit pas équivalente au principe de non agression, principe dont l’application universelle aboutirait à la politique de « laissez-faire ».

Sont donc laissez-fairistes tous les libéraux conséquents, se divisant essentiellement en anarcho-capitalistes qui pensent qu’on peut se passer complètement d’un Etat pour faire respecter la propriété légitime, et en minarchistes qui jugent nécessaire, ou en tous cas inévitable, quelque forme d’organisation territoriale exclusive pour la défense des Droits, en particulier contre les envahisseurs étrangers.

Ceux qui rejettent le laissez-faire

Représente au contraire le rejet du principe laissez-fairiste l'interventionnisme d’Etat, qui « reconnaît » aux hommes de l’Etat le « droit » de pratiquer ce qu’ils interdisent aux autres, c’est-à-dire de s’emparer des biens voire de la personne d’autrui contre son consentement : alors les hommes de l’Etat, au lieu de se contenter de neutraliser et de punir les voleurs et les assassins, se conduisent comme eux, violant pour divers motifs la propriété voire l’intégrité physique de parfaits innocents. Suivant l’ampleur de ses interventions, l'interventionnisme s’appellera étatisme, dirigisme, fascisme, socialisme, nazisme ou communisme. L’interventionnisme d’Etat a par exemple imposé :

  • Les monopoles : barrières douanières, réglementations, politiques « de concurrence » et salaires minimum
  • Les impôts et taxes diverses
  • Les diverses subventions et privilèges exclusifs aux lobbies et autres groupes de pression, dont les syndicats
  • Les « services publics » et autres entreprises nationalisées
  • L’entretien du chômage et des faux emplois
  • L’institution d’une hiérarchie des races et des religions (Nazisme racial)
  • La persécution contre les capitalistes et la diffamation organisée de leurs défenseurs (Nazisme social, plus meurtrier que le Nazisme racial)

Les laissez-fairistes tiennent ces politiques pour des systèmes d’agression criminelle et, de ce fait, destructrice et stupide - ce pourquoi ils les appellent esclavagistes-absurdistes.

Le raisonnement laissez-fairiste

Dans l’ordre de la création

Le laissez-fairisme tient que toute violence est destructrice, définissant comme une violence le fait de disposer du bien et de la personne d’autres êtres malgré eux. Dans ces conditions, la violence ne peut servir la création que si elle s’oppose à une autre violence qui détruirait ou empêcherait cette création. L’Etat agissant par définition par la violence, les hommes de l’Etat qui neutralisent les voleurs et les assassins servent la création, ceux qui prennent aux uns, forcément pour donner à d’autres, pratiquent la destruction.

Dans l’ordre de la connaissance

Le laissez-fairisme tire les conséquences du fait qu'une personne a intérêt à s’informer à la hauteur de l’enjeu que représente pour elle l’information en question. Il en déduit que la responsabilité est une condition nécessaire et suffisante de la régulation des choix.

L’irresponsabilité institutionnelle détruit l’information

Or, l’interventionnisme, en permettant à certains d’imposer aux autres de subir à leur place les conséquences de leurs choix - c’est-à-dire en instituant l’irresponsabilité - fait en sorte que ni les décideurs ni ceux qui subissent les décisions n’ont plus intérêt à s’informer de leurs conséquences à la hauteur de l’enjeu qui est en cause : cette irresponsabilité institutionnelle inhérente à l’interventionnisme d’Etat engendre l’incompétence et l’aveuglement chez ses agents aussi bien que chez ses victimes.

Le laissez-fairisme appelle donc à une restauration de la régulation sociale par la responsabilité, en abolissant l’intervention, par définition irresponsable, des hommes de l’Etat : il ne faut pas laisser les gens faire n’importe quoi.

L’économiste n’est pas dupe de l’illusion fiscale

L’intervention de l’Etat, en séparant le décideur des conséquences de ses décisions, engendre une illusion systématique quant à leurs effets, illusion systématique que les théoriciens des choix publics ont appelée illusion fiscale ou illusion politique et qui protège largement l’interventionnisme d’une appréhension correcte de ses effets destructeurs, ainsi que du caractère illusoire des avantages qu’on croit en tirer.

C’est le métier de l'économiste que de n’être pas dupe de cette illusion, et de décrire malgré elle les effets réels des politiques et des institutions, leurs redistributions effectives, l’impossibilité d’en profiter et leurs inéluctables destructions, par opposition aux effets que leur prête, à tort, le profane.

La théorie économique du laissez-faire

La théorie économique du laissez-faire soutient que tous les avantages que l’on prête à l’interventionnisme d’Etat sont illusoires, que celui-ci ne profite réellement à personne et nuit au contraire à tout le monde, et affirme l’avoir démontré.

Les « défaillances du marché » sont des sophismes cachés derrière des formulations mathématiques

Le discours interventionniste dominant, qui invoque l’« optimum de Pareto » à l’encontre du laissez-faire, méconnaît les raisons pour lequelles ce critère est nécessaire et applicable : à savoir qu’un jugement de valeur est un acte de la pensée, de sorte qu’il ne se prête à aucune mesure ni comparaison entre les personnes, et qu’on ne peut le connaître qu’en le déduisant des actes volontairement accomplis que l’on peut observer. Il s’ensuit que toute personne agissant librement maximise son utilité, et qu'un régime politique où chacun est libre de disposer de ses biens maximise l’utilité sociale.

Les gloses sur l'utilité des gens qui n’agissent pas, notamment sur les « effets externes » qui ne sont pas en fait des violations observables du Droit, n’ont rien que d'arbitraire, dans la mesure où on ne peut jamais rien constater de ce dont elles parlent : ce n’est pas un hasard si la fameuse Ritournelle, le Quatrain des externalités, biens publics, monopoles naturels et rendements croissants ne fournit aucune norme objective pour dire quand les hommes de l’Etat devraient intervenir ni surtout s’arrêter - et c’est bien pour ça qu’on s’en sert : le seul critère objectif de la production étant l’action volontaire dans un cadre de Droit, les ersatz mathématico-statistiques qu’on voudrait faire passer à sa place font penser à un congrès de mathématiciens qui se réunirait pour savoir combien font 2 + 2, étant donné que tout le monde a interdiction formelle de mentionner le nombre « 4 ». D’ailleurs, l’empirisme le plus radical opposé à la preuve logique ne conduit-il pas à affirmer que « les règles de l’arithmétique n’appartiennent pas à la science parce qu’elles sont irréfutables » ?

Quant à l’intervention de l’Etat, si elle fait des bénéficiaires - on va voir dans quelles limites - elle fait aussi nécessairement des victimes, et on ne peut pas comparer les variations d’utilité des uns et des autres - c’est justement pour en tenir compte qu’existe le critère de Pareto : il est donc en toutes circonstances contradictoire d’invoquer l’optimum de Pareto à l’appui d’une quelconque intervention de l’Etat.

Le détour par la théorie de l’« équilibre général », surtout décrite en termes mathématiques, n’a donc pour effet que d’habituer ses adeptes à traiter les jugements de valeur comme s’ils étaient ce qu’ils ne sont pas - des choses, mesurables, et donc

  • à perdre de vue les raisons pour lesquelles on a accepté le critère de Pareto,
  • à traiter le Droit de propriété à la fois comme s’il existait - il le faut bien pour spécifier les modèles - et comme s’il n’existait pas - en prétendant justifier des politiques qui le méconnaissent.

Une conséquence de ce traitement de la propriété digne d'Alice au pays des merveilles est que, comme on va le voir, ces modèles prétendument « généraux » sont systématiquement incomplets : s’ils l’étaient réellement, généraux, et intégraient enfin la redistribution politique dans leurs analyses d’équilibre « général », ils devraient conclure que celle-ci est automatiquement et totalement destructrice de tout ce dont elle s’empare.

La redistribution politique est aléatoire

La théorie économique générale démontre que la redistribution politique réelle va généralement dans un sens totalement différent de ce que prétend le discours public : les lois de l’incidence réelle et de la protection effective montrent au contraire que les véritables victimes des impositions sont ceux qui dépendent le plus de l’activité taxée, et que les véritables récipiendaires de la redistribution sont ceux qui possèdent le facteur de production le plus spécifique à l’activité subventionnée : c’est pourquoi les prétendues « cotisations sociales patronales » sont en réalité payée par les salariés, et les subventions à l’agriculture se retrouvent dans la poche des propriétaires fonciers et jamais dans celle des travailleurs agricoles.

Cette même théorie économique générale démontre aussi - c’est même le point de départ de la théorie financière - que toute occasion de profit est immédiatement exploitée jusqu’à sa disparition : il s’ensuit qu'il ne peut jamais y avoir de profit certain. Elle en déduit que, toutes choses égales par ailleurs, la redistribution politique n’appauvrit ou enrichit les possesseurs de la chose taxée ou subventionnée que s’ils la détenaient au moment où celle-ci est devenue certaine. Ceux qui viennent longtemps après n’en profitent pas ni n’en souffrent, la chose étant à terme compensée par des variations de prix.

Les avantages et les charges réels de la redistribution politique sont donc aléatoires - ils dépendent des rapports de forces politiques comme des conditions du marché.

La Loi de la destruction totale

Cependant, la théorie économique doit aussi reconnaître que pour obtenir la redistribution en question, de même que pour tenter de l’empêcher, on aura aussi dû faire des efforts et consentir des dépenses. Et c’est de ce fait-là que la théorie économique du laissez-faire entend, pour sa part, déduire que l’intervention de l’Etat détruit toute la production dont elle s’empare, soit au moment où elle s’empare du bien produit en rompant le lien entre la propriété usurpée et le projet que celle-ci devait servir, soit au cours des efforts faits par les puissants pour s’emparer de ce butin.

En appliquant à la redistribution politique le raisonnement général sur l’ équilibre, fondé sur le fait qu'il n’y a jamais de profit certain, on démontre que pour recevoir les distributions de l’interventionnisme public, il faut en tendance consacrer à les obtenir des ressources équivalentes à ce qu’on en attend, dépense qui est entièrement perdue pour toute production réelle. Il s’ensuit que l’intervention de l’état détruit en tendance une richesse équivalente à toute richesse dont elle s’empare. En outre, elle le ferait automatiquement et certainement dans les conditions de « certitude » de l’« équilibre général », et ses adeptes s’en seraient rendus compte depuis longtemps s’ils n’omettaient pas depuis le début d’y intégrer la redistribution politique.

Le Cercle vicieux de l’interventionnisme

En outre, comme l’a démontré Ludwig von Mises, comme l’intervention de l’Etat crée un précédent dans la destruction du Droit, n’atteint pratiquement jamais ses objectifs affichés, et cause des dégâts dont le mécontentement se nourrit, elle engendre des pressions pour des interventions ultérieures aussi longtemps que subsiste l’illusion quant à ses effets réels : c’est le Cercle vicieux de l’interventionnisme décrit par Mises ou Loi des Calamités selon la formule de Michel de Poncins, qui doit conduire à terme à l’abolition de tout Droit (le « socialisme réel ») et à la destruction de toute richesse si on continue à ne pas tenir compte de ses véritables conséquences.

Le Multiplicateur des Calamités

Il s’ensuit que, même si une intervention particulière de l’Etat ne détruit la richesse dont elle s’empare que dans un rapport de 1 à 1, on doit aussi tenir compte des destructions à venir, causées par les interventions futures que la première aura engendrées. On appellera Multiplicateur des Calamités le rapport, supérieur à 1, entre les richesses dont s’empare une intervention particulière des hommes de l’Etat, et celles que cette intervention spécifique aura finalement détruites, compte tenu des interventions supplémentaires qu’elle aura par la suite inspirées.

Le laissez-fairiste tient pour criminelle l’intervention de l’Etat dans l’économie

Enfin, sous l’angle de la justice, conformément aux règles du droit naturel, le laissez-fairiste tient que personne n’a le Droit de voler personne, et qu’en conséquence quiconque dispose du bien d’autrui sans son consentement est un criminel - ce que font, et ce que sont, les hommes de l’Etat qui se livrent à l’interventionnisme « économique ». C’est généralement au terme de l’analyse qu’il conclut que cet interventionnisme est criminel, après avoir successivement constaté qu’il n’a pas, puis qu’il ne peut pas avoir les effets qu’on en attend ; qu’il ne peut rien produire, puis qu’il est intrinsèquement destructeur.

Histoire

C’est, dit-on, un marchand, François Legendre (ou Le Gendre), qui, le premier, à Colbert qui lui demandait comment le gouvernement du roi pouvait aider le commerce, aurait répondu : «  Laissez-nous faire ». Que l’expression « laissez-faire » soit passée du français en anglais montre que le laissez-faire est une tradition intellectuelle française, à la différence du libéralisme anglo-saxon et notamment britannique, qui s’appuyait sur les démonstrations factuelles d’Adam Smith et de Ricardo pour démontrer que les monopoles, notamment protectionnistes, détruisent la production sans profiter réellement à leurs bénéficiaires prétendus. Le laissez-faire érigé en principe heurtant les intérêts à court terme de puissants exploiteurs, la démonstration anglo-saxonne a eu plus de succès, aidée par une tradition politique plus favorable au commerce, avec pour inconvénient une certaine tendance à rationaliser les compromis, accentuée par les assauts contre la preuve philosophique menés au XIXe siècle à la suite de Kant et de Hume.

La conséquence en est que nombre d’auteurs passant pour « libéraux » se sont mis, dès la fin du XIXe siècle, à déterrer les vieux sophismes de l’interventionnisme et à en inventer de nouveaux, notamment au départ pour rationaliser a posteriori les politiques dites « de concurrence » imposées à partir de 1890, dont il faudra attendre Murray Rothbard pour démontrer en 1962 qu’elle sont contradictoires, tant en théorie économique qu’en philosophie politique.

La philosophie du laissez-faire a été dominante de la fin du XIXe siècle jusqu’au début du XXe, dans les pays riches d’Europe et d’Amérique du Nord. Elle a été progressivement mise en cause par des hommes politiques contraints d’avoir l’air de « faire quelque chose » pour des clientèles électorales, et discréditée par l’interprétation qu’ils ont donnée au Krach de 1929 et à la Grande Dépression comme attribuables à la liberté d’entreprendre, et non aux décisions irresponsables et aveugles des banquiers centraux et autres hommes de l’Etat.

Or, les économies qui ont subi la Grande Dépression n’étaient pas gouvernées par le laissez-faire. Dès avant la Première Guerre mondiale, et a fortiori pendant sa durée, les Etats lui avaient déjà porté des atteintes majeures, en multipliant des monopoles, impositions et interdictions d’échanger : politiques d’inflation, attribution aux syndicalistes de privilèges exorbitants du droit commun, subventions au chômage, notamment en Grande-Bretagne, salaires minimum et même persécution des « riches » avec l’impôt progressif sur le revenu.

Depuis la guerre froide

Les réglementations étatiques n’ont cessé de croître depuis, la « démocratie » majoritaire, ou soi-disant telle, remplaçant progressivement l’état de Droit. Ce qui a changé, c’est que les rationalisations de l’interventionnisme ont toutes été démontrées absurdes dès le début des années 1960, grâce à la remise en oeuvre de la preuve philosophique, tant en économie, avec l’école autrichienne et qu’en philosophe politique, avec le renouveau libéral américain, tandis que l’Ecole de Chicago fournissait, comme autant de « preuves », les illustrations empiriques des destructions nécessairement causées par l’interventionnisme d’Etat. Les ouvrages de Ayn Rand - notamment son roman Atlas Shrugged, ont joué, pour ouvrir les yeux sur les ravages et l’immoralité de l’interventionnisme d’Etat, le même rôle que L’Archipel du Goulag d’Alexandre Soljenitsyne pour l’inhumanité du socialisme réel.

Le socialisme étant une disqualification de la justice naturelle au nom de la méthode expérimentale invoquée comme uniquement et universellement valide - contre la philosophie morale et notamment politique, toute réhabilitation de la preuve philosophique en sciences sociales s’expose naturellement de sa part à la qualification d’« idéologie ». Les premiers « idéologues » étant les économistes libéraux du début du XIXe siècle, Say, Cabanis, Destutt de Tracy, et appelés tels par l’analphabète économique Napoléon Bonaparte, les laissez-fairistes contemporains peuvent assumer cette qualification : étant donné que les questions normatives relèvent de la seule preuve philosophique, il est plus honnête d’en accepter les conséquences, et d’apprendre à pratiquer les disciplines intellectuelles adéquates, plutôt que d’invoquer la science expérimentale en faisant semblant d’avoir oublié que celle-ci ne peut rien prouver en la matière.

Hong Kong a été le premier État à mettre en place (depuis au moins le début des années 60) à cette époque une politique économique inspirée par le laissez-faire. D’autres gouvernements, occidentaux, s’en sont aussi inspirés, mais pas dans la même mesure : pendant les années 1980, le gouvernement de Margaret Thatcher au Royaume-Uni a tenté de réduire l’emprise des monopoles, notamment syndicaux, et de privatiser les décisions. Le président des États-Unis Ronald Reagan invoquait les principes laissez-fairistes pour freiner l’accroissement des dépenses publiques et mettre en cause certains monopoles. Le Ministre des finances Roger Douglas en Nouvelle Zélande et le général Augusto Pinochet au Chili s’en sont également inspirés, avec un égal succès.

Le passage de Reagan et Thatcher au pouvoir a freiné le développement de l’interventionnisme d’état, et l’a fait reculer sur certains points, mais celui-ci continue à se développer.

Citations

Définition du laissez-faire :

Dans l’économie de marché, type d’organisation sociale axé sur le laissez-faire, il y a un domaine à l’intérieur duquel l’individu est libre de choisir entre diverses façons d’agir, sans être entravé par la menace d’être puni. Si toutefois le pouvoir fait plus que de protéger les gens contre les empiétements violents ou frauduleux de la part d’individus asociaux, il réduit le domaine où l’individu a liberté d’agir, au-delà du degré où il est limité par les lois praxéologiques. Ainsi nous pouvons définir la liberté comme l’état de choses où la faculté de choisir de l’individu n’est pas bornée par la violence du pouvoir, au-delà des frontières dans lesquelles la loi praxéologique l’enferme de toute façon. (Ludwig von Mises, L’Action humaine)

Le laissez-faire et l’esclavage :

l’abolition de l’esclavage et du servage ne pouvait être effectuée par le libre jeu du système de marché, parce que les institutions politiques avaient soustrait les domaines nobiliaires et les plantations à la souveraineté du marché. L’esclavage et le servage furent abolis par une action politique, dictée par l’esprit de l’idéologie — si décriée — du laissez-faire, laissez-passer. (Ludwig von Mises, L’Action humaine)

Le laissez-faire et le progrès :

les économistes... réfutèrent la croyance superstitieuse selon laquelle les procédés permettant d’économiser le travail provoqueraient le chômage et réduiraient tout le monde à la pauvreté et au dépérissement. Les économistes du laissez-faire ont été les pionniers des progrès techniques sans précédent au cours des deux siècles qui viennent de s’écouler... L’idéologie du laissez-faire et sa conséquence, la « révolution industrielle », firent sauter les barrières idéologiques et institutionnelles qui bloquaient le progrès vers le bien-être. Elles démolirent un ordre social où un nombre toujours croissant de personnes étaient condamnés à une détresse abjecte et sans issue. (Ludwig von Mises, L’Action humaine)

Le laissez-faire, le libre échange et la paix

Ces libéraux britanniques et leurs amis du Continent eurent assez de pénétration pour comprendre que ce qui peut sauvegarder une paix durable, ce n’est pas seulement le gouvernement du peuple par lui-même, mais le gouvernement du peuple dans le laissez-faire complet. A leurs yeux, le libre-échange, à la fois dans les affaires intérieures et dans les relations internationales, était la condition préalable nécessaire à la préservation de la paix... tandis que le laissez-faire élimine les causes de conflit international, l’ingérence des hommes de l’Etat dans l’économie et le socialisme engendrent des conflits auxquels on ne peut trouver aucune solution pacifique. (Ludwig von Mises, L’Action humaine)

L’ingénieur mathématicien Maurice Allais doit à son ignorance de la philosophie de ne pas comprendre le laissez-faire

«  Comment la nouvelle doctrine du libre échangisme mondialiste a-t-elle pu s’imposer alors qu’en réalité elle n’a entraîné que désordres et misères dans le monde entier ? Il y a sans doute à cela trois raisons essentielles : un enseignement erroné dans toutes les universités du monde, une funeste confusion entre libéralisme et laissez-fairisme, la domination des multinationales américaines » [1]

Sur la prétendue opposition entre le libéralisme et le laissez-faire

Alors que le capitalisme pur, le capitalisme de laissez-faire n’a jamais existé nulle part, alors qu’on avait laissé certaines interventions (inutiles) des hommes de l’Etat diluer et saper le système américain originel — bien plus par erreur que par intention théoriquement motivée, ces interventions-là étaient des entraves mineures, et les “économies mixtes” du dix-neuvième siècle étaient essentiellement libres, et c’est cette liberté jamais vue qui a amené un progrès sans précédent pour l’humanité.
Les principes, la théorie, et la pratique effective du capitalisme reposent sur un marché libre c’est-à-dire non réglementé, comme l’histoire des deux derniers siècles l’a amplement démontré. Aucun défenseur du capitalisme ne peut se permettre de méconnaître le sens exact des termes de “laissez-faire” et d’“économie mixte”, qui indiquent clairement les deux éléments opposés qui sont en cause dans cette mixture : l’élément de liberté économique, qui est le capitalisme, et celui de l’intervention des hommes de l’Etat, qui est l’étatisme.
Une campagne insistante se poursuit depuis des années pour nous faire accepter l’idée suivant laquelle tous les Etats seraient les instruments des intérêts économiques de classe, le capitalisme n’étant pas une économie libre, mais un système d’ingérences étatiques au service de quelque classe privilégiée. Le but de cette campagne est de falsifier l’économie politique et de réécrire l’histoire pour oblitérer l’existence et la possibilité d’un pays libre et d’une économie sans intervention de l’Etat. Comme un système de propriété privée nominale gouverné par les interventions de l’Etat n’est pas du capitalisme mais du fascisme, le seul choix que cette oblitération nous laisserait est le choix entre le fascisme et le socialisme (ou le communisme) — ce que tous les étatistes du monde, de toutes les variétés, degrés et dénominations s’efforcent frénétiquement de nous faire avaler -détruire la liberté est leur objectif commun, après quoi ils comptent se battre entre eux pour le pouvoir. (Ayn Rand, « The New Fascism: rule by consensus »)

Voir aussi