« Friedrich Hayek » : différence entre les versions

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'''Friedrich Hayek''', né '''Friedrich August von Hayek''' le 8 mai 1899 à Vienne,  mort le 23 mars 1992 à Fribourg-en-Brisgau),  était un philosophe et économiste [[Ecole autrichienne|autrichien]].  En 1974, il a partagé avec Gunnar Myrdal le  "Prix Nobel d'économie"  pour leurs travaux respectifs sur la conjoncture.
== Biographie ==
Friedrich August von Hayek naît à Vienne dans une famille d'intellectuels. Son père avait ainsi écrit un ouvrage réputé de botanique, tandis qu'il était  par sa mère cousin de Ludwig Wittgenstein. Il fait des études de droit et de sciences politiques à l'Université de Vienne dont il sort Docteur en Droit en 1921 et Docteur en Sciences politiques en 1923.  Devenu économiste,  il conserve  un intérêt pour le Droit, qu'il développera à partir de 1955,  et la psychologie :  son ''Sensory Order'' marque le lien entre ses conceptions de la rationalité et celles du marché <ref>Il considérait en effet qu'un bon économiste devait s'intéresser à tous les champs de la connaissance. C'est ainsi qu'il avait déclaré que
:« Personne ne saurait être un grand économiste en étant seulement économiste et je suis même tenté d'ajouter qu'un économiste qui n'est qu'économiste peut devenir une gêne, si ce n'est un danger. »</ref>. Initialement formé par [[Friedrich von Wieser]], proche des idées socialistes, il se rapproche des idées libérales après avoir rejoint  [[Ludwig von Mises]] à son Institut de recherche sur la conjoncture et lu sous sa direction les ouvrages de [[Carl Menger]] et [[Eugen von Böhm-Bawerk]].
De 1923 à 1924, Hayek sert d'assistant au professeur Jeremiah Jenks à ''New York University''. Il travaille ensuite pour le gouvernement autrichien, aidant à résoudre les questions économiques afférentes au Traité de Sèvres. Invité en 1931 pour une série de quatre conférences à la London School of Economics (LSE) par l'économiste Lionel Robbins, il connaît un tel succès qu'il y est par la suite nommé professeur. Refusant ensuite de rejoindre l'Autriche après l'Anschluss, il acquiert en 1938 la nationalité britannique.
A une époque  où  réputation en tant qu'économiste grandit dans les années 1930 mais il se trouve éclipsé  par le succès populaire  de [[John Maynard Keynes|Keynes]],  dont  regrettera toute sa vie d'avoir attendu,  pour réfuter sa ''Théorie générale'' que celui-ci ait changé d'avis,  comme il avait changé d'avis    après la parution de son ouvrage de 1930 sur la monnaie.
===Critiques libérales===
===Critiques libérales===
Les libéraux rationalistes tiennent que l'influence de Hayek auprès de ses contemporainset l'embarras dans lequel il a fini par mettre la gauche pour quelque temps, ont une seule et même source : la proscription de la preuve philosophique par le nominalisme et l'empirisme, qui explique leur refus commun de se plier à la cohérence logique comme exigence minimale de la réflexion sociale normative.
Dès ses premiers écrits de théorie politique<ref>Hayek était Docteur en Droit et son premier essai de philosophie politique a été publié au [[Le Caire|Caire]] en 1955 sous le titre ''The Political ideal of the rule of law''</ref>, Hayek a trouvé des auteurs libéraux pour juger qu'il allait trop loin dans sa critique du "rationalisme" :  tout en admettant que son rejet nominal de la ''preuve philosophique pure'' le ferait mieux accepter par une époque scientiste, ils ont prétendu  exposer les contradictions auxquelles  ce rejet l'exposait :
* Les tenants d'une théorie économique purement rationnelle, tout en reconnaissant en Hayek un grand économiste notamment grâce à [[Ludwig von Mises]],  lui reprochent d'avoir  finalement rejoint l'épistémologie de [[Karl Popper]], à l'encontre de [[Ecole autrichienne d'économie|l'approche franco-autrichienne]] dont il était issuet qu'il a pourtant contribué  à réhabiliter.
* Les [[Ecole autrichienne d'économie|économistes  autrichiens]] partisans de [[Ludwig von Mises]] regrettent qu'il ait rejoint l'épistémologie de [[Karl Popper]], abandonnant sa conception d'une '''théorie économique purement rationnelle'''<ref>Son article de [[1937]], "Economics  and Knowledge"se voulait déjà une critique de la métholodogie de [[Ludwig von Mises]], mais celui-ci n'a pas relevé  la mise en cause  et ses partisans , bien sûr, se font forts de la réfuter</ref>, que ses écrits et son renom auront pourtant contribué  à réhabiliter<ref>Sur le rôle de Hayek dans la réhabilitation de l'approche autrichienne,  voir Hans-Hermann Hoppe [http://heresie.org/Rationalis.pdf "Le rationalisme autrichien à l'ère du déclin du positivisme"]</ref>.
* Les tenants d'une philosophie politique rationnelle ont exposé la contradiction qu'il y avait à argumenter pour telle ou telle norme sociale tout en niant expressément la possibilité  d'une définition rationnelle de la justice : contradiction pratique que [[Ayn Rand]] et ses [[Objectivisme|Objectivistes]] appellent le sophisme du [http://www.membres.lycos.fr/mgrunert/Le_vol_de_concept.htm "vol de concepts"].
* Les tenants d'une '''philosophie politique rationnelle''' ne se sont pas fait faute d'exposer les contradictions qui peuvent naître du fait d'argumenter pour telle ou telle norme sociale tout en niant la possibilité  d'une définition rationnelle de la justice<ref>contradiction pratique que [[Ayn Rand]] et ses [[Objectivisme|Objectivistes]] appellent le sophisme du [http://www.membres.lycos.fr/mgrunert/Le_vol_de_concept.htm « vol de concepts »]</ref>.
:Dès la parution de  ''La Constitution de la liberté'' de Hayek en 1960, [[Murray Rothbard|Rothbard]]  a exposé (dans [http://membres.lycos.fr/mgrunert/ethique.htm ''L'Ethique de la liberté'']) le caractère incohérent de sa notion de "coercition"  qui fourre sous cette dénomination commune aussi bien des actes violents que l'exercice paisible d'un Droit de propriété. Dans ''Droit, législation et liberté'' Hayek a pensé intégrer les critiques que lui avait faites Bruno Leoni,  mais on reste loin d'une conception cohérente du droit  et le tome III, ''The Fatal Conceit'' ("L'arrogance meurtrière", publié en français sous le titre ''La Présomption fatale'') parît plus irrationaliste encore.  
:C'est ainsi que, dès la parution de  ''La Constitution de la liberté'' de Hayek en 1960, [[Murray Rothbard|Rothbard]] lui a reproché les contradictions de sa notion de « coercition »,  parce que celle-ci rassemble sous cette dénomination commune aussi bien des actes violents que l'exercice paisible d'un Droit de propriété <ref>On trouve cette critique de la notion de "coercition" chez Hayek reprise dans [http://membres.lycos.fr/mgrunert/ethique.htm ''L'Ethique de la liberté'']</ref>. 
:A la suite de ''Droit, législation et liberté'', [[Hans-Hermann Hoppe]] reprend la critique de [[Murray Rothbard|Rothbard]],  affirmant que de telles incohérences naissent du refus de reconnaître la propriété de soi (ou le principe de non agression qui lui est équivalent) comme le seul critère de justice intellectuellement défendable ; au-delà de cette critique, il trouve des contradictions dans la théorie « évolutionniste » de la formation des normes de Hayek, les expliquant par le parti pris,  paradoxal de sa part,  d'exclure la pensée comme explication d'un processus où celle-ci est par définition  à l'œuvre toujours et partout  <ref>La critique par Hoppe de la "coercition" hayékienne se trouve dans [http://240plan.ovh.net/~catallax/sections.php?op=printpage&artid=19 « F.A. Hayek on Government and Social Evolution: A Critique »] (''Review of Austrian Economics'', vol. 7, n° 1)</ref>.
* Cependant, si les économistes libéraux rationalistes reprochent à Hayek d'avoir finalement trop concédé à l'expérimentalisme dominant, c'est pourtant dans sa ''Counter-revolution of science''<ref>La ''Counter-revolution of science'' de Hayek a été partiellement traduit par [[Raymond Barre]] comme ''Scientisme et sciences sociales'',  et on trouve chez Hervé de Quengo la [http://herve.dequengo.free.fr/Hayek/Crs/Crs11.htm traduction de la première partie historique],  que Raymond Barre avait laissée de côté</ref> que l'on trouve  la meilleure description des abus de la méthode expérimentale là où elle est logiquement inapplicable <ref> Friedrich Hayek avait conçu cette critique du scientisme avant de tomber sous l'influence de [[Karl Popper]]</ref> pour détruire la morale commune et le Droit naturel, en disqualifiant a priori le raisonnement philosophique qui les fonde.
C'est pourquoi les libéraux qui critiquent Hayek au nom du rationalisme ne le reconnaissent pas moins comme un auteur dont la lecture est indispensable pour initier ceux qui le lisent à la plupart des traditions libérales ; et il les a mis sur tant de pistes intéressantes que rares sont ceux qui n'ont pas une grande dette intellectuelle à son égard.<ref>Finalement, les libéraux rationalistes remercient Hayek :
:- d'avoir contribué  à ''réhabiliter la preuve logique en théorie sociale'', même si c'était pour l'abandonner lui-même à la fin.
:- d'avoir,  en développant les analyses de [[Ludwig von Mises]] à partir d'autres points de vue, mis l'accent sur ''le rôle de l'esprit humain dans la société'' (le thème du roman de [[Ayn Rand]], ''[[La révolte d'Atlas|Atlas shrugged]]''),  et la manière dont les violations du Droit,  en premier lieu par l'Etat, ''détruisent l'information nécessaire à la régulation sociale'', d'abord dans la planification centrale,  ensuite  dans la politique conjoncturelle,  enfin dans toutes les autres formes d'interventionnisme étatiste.
:- d'avoir ainsi, par une influence qu'il doit aussi à ses ambiguïtés  comme à sa reconnaissance tardive comme économiste,  contribué  à discréditer des politiques destructrices comme la planification autoritaire et l'inflation, et inspiré un renouveau du débat d'idées aussi bien en théorie sociale descriptive qu'en philosophie politique.</ref>
 
==Ouvrages==
* ''Monetary Theory and the Trade Cycle'' ([[1929]])
* ''Prices and Production'' ([[1931]])
* ''Profits, Interest and Investment'' ([[1939]])
* ''The Pure Theory of Capital'' ([[1941]])
* ''The Road to Serfdom'' ([[1944]]) (''[[La Route de la servitude]]'') (dédié « aux socialistes de tous les partis »)
* ''Individualism and Economic Order'' ([[1948]])
* ''The Sensory Order: Inquiry Into the Foundations of Theoretical Psychology'' ([[1952]])
* ''The Political Ideal of the Rule of Law'' Le Caire, National Bank of Egypt ([[1955]])
* ''The Constitution of Liberty'' ([[1960]]), University of Chicago Press ISBN 0226320847 <ref>''La Constitution de la liberté''  est née des conférences de Claremont (1957) aux États-Unis qui avaient réuni en particulier Bruno Léoni, Milton Friedman et Friedrich von Hayek. Dans leur foulée, Friedman a écrit ''Capitalisme et liberté'' et Hayek, ''La Constitution de la liberté''</ref>
* ''Studies in Philosophy, Politics and Economics'' ([[1967]]) (''[[Essais de philosophie, de science politique et d'économie]]''), Belles Lettres ISBN 2251390448
* ''Law, Legislation and Liberty'' ([[1978]]) (''[[Droit, Législation et Liberté]]''), PUF ISBN 2130564968 <ref>[[Bruno Leoni]] (1913-67)en réaction à  ''La Constitution de la liberté'', avait écrit en 1961 ''La liberté et le droit''.  Les idées de son livre convaincront Hayek au point que ce dernier, pour en tenir compte, écrira ''Droit, législation et liberté'' pour en tenir compte. [[Carlo Lottieri]] a raconté cette histoire à l'occasion de la présentation à Paris, le 22 février 2006, de la traduction française de ''La liberté et le droit'' qu'il a préfacée (Les Belles Lettres - bibliothèque de la liberté).
En pages 13-14 de la « préface », il résume ainsi l'histoire :
: « ... comme Hayek lui-même l'a mis en évidence dans une conférence à Pavie quelques mois après la mort de Léoni (« Bruno Leoni the Scholar », dans « Omaggio a Bruno Leoni », édité par Pasquale Scaramozzino, ''Quaderni della Rivista Il Politico'', n° 7, Milan, Giuffré, 1969, pp. 21-25.), l'auteur de ''Law, Legislation, and Liberty'' se rapproche de l'idée d'un droit évolutif principalement à cause des critiques que son ami italien lui avaient adressées dans ses commentaires aux thèses - complètement différentes - exposées dans ''The Constitution of Liberty''. »</ref>
 
 
* ''Unemployment and Monetary Policy'' ([[1979]])
* ''The Fatal Conceit'' ([[1988]])
 
==Références==
{{références|colonnes=2}}


:A la suite de ''Droit, législation et liberté'', [[Hans-Hermann Hoppe]], dans [http://240plan.ovh.net/~catallax/sections.php?op=printpage&artid=19 "F.A. Hayek on Government and Social Evolution: A Critique"] (''Review of Austrian Economics'', Vol. 7 Num. 1),  montre que les incohérences de Hayek,  come celles de Nozick, naissent du refus de reconnaître la propriété de soi (ou la non agression qui lui est équivalente) comme le seul critère de justice intellectuellement défendable ;  il expose la fausseté absurde  de la théorie "évolutionniste"  de la formation des normes chez hayek, née  du parti pris faussement scientifique d'exclure la pensée comme explication d'un processus où celle-ci est par définition  à l'oeuvre toujours et partout. 
==Liens externes==
* Hayek définissait le [[constructivisme]] comme une "surestimation des pouvoirs de la raison". Si les libéraux cohérents reconnaissent que le concept de "constructivisme" chez Hayek corespond à quelque chose de réel, ils objectent à sa définition qu'à l'évidence, si les constructivistes surestiment les pouvoirs de ''leur propre'' raison,  c'est parce qu'ils ne font que ''mépriser la rationalité des autres''. S'ils nient leurs Droits,  c'est parce qu'ils les considérent comme des objets à manipuler et non comme des êtres pensants qui savent des choses qu'eux-mêmes ne peuvent pas savoir.
{{trop de liens}}
* Ils ne doutent pas que le socialisme,  en plus d'être un ''esclavagisme'' - [[Alexis de Tocqueville|Tocqueville]] disait "une nouvelle forme de servitude",  est un illogisme de principe,  un ''absurdisme'',  qui ne se sert  des ''oripeaux de la science'' (l'expression est de [[Murray Rothbard|Rothbard]] dans ''Economistes et charlatans'') que  pour camoufler son refus de se plier à l'évidence rationnelle du principe de non agression.- en invoquant une "rationalité" mécanique qui consiste d'abord à faire comme si celle des autres n'existait pasen prétendant multiplier les "expériences" et simuler force "mesures" sur ses semblables.  
=== En français ===
* Si de ces libéraux cohérents Hayek ne faisait par principe pas partiec'est quand même dans sa ''Counter-revolution of science'' (partiellement traduite par [[Raymond Barre]] comme ''Scientisme et sciences sociales'') que l'on trouve  la meilleure description historique de cet abus de la méthode expérimentale là où elle est logiquement inapplicable (il l'avait conçu avant de tomber sous l'influence de [[Karl Popper]]) pour détruire la morale commune et le Droit naturel, en disqualifiant a priori le raisonnement philosophique qui les fonde.
* [http://www.liberaux.org/wiki/index.php?title=Friedrich_August_von_Hayek_%28Bibliographie%29 Bibliographie de Hayek] et [http://www.liberaux.org/wiki/index.php?title=Friedrich_August_von_Hayek_%28Litt%C3%A9rature_secondaire%29 littérature sur Hayek] sur le site Wikibéral
* Si Hayek diffère des autres démocrates-sociaux modérés,  en particulier de ses critiques français,  c'est parce que lui connaissait l'histoire de la pensée juridique. A ce titre, les libéraux rationalistes lui savent gré :
*[http://www.catallaxia.org/sections.php?op=listarticles&secid=15 Les Oeuvres de Hayek] sur Catallaxia
:- d'avoir remis au goût du jour la philosophie politique rationnelle, en la pratiquant avec entrain à défaut d'avoir su la reconnaître dans son principe et d'en avoir tiré une construction cohérente ;
* [http://herve.dequengo.free.fr/auteurs.htm#noteH Textes de Hayek parmi les traductions de Hervé de Quengo]
:- d'avoir réhabilité la preuve logique en théorie sociale, même si c'était pour l'abandonner à la fin sous l'infuence d'un empirisme de mauvais aloi.
* [http://fr.liberpedia.org/L%27utilisation_de_l%27information_dans_la_soci%C3%A9t%C3%A9_par_Friedrich_Hayek "L'utilisation de l'information dans la société",  article de 1945, réédité dans ''Individualisme and economic order (1948)]
:- d'avoir, en développant les analyses de [[Ludwig von Mises]] à partir d'autres points de vue, mis l'accent sur ''le rôle de l'esprit humain dans la société'' (le thème du roman de [[Ayn Rand]], ''[[La révolte d'Atlas|Atlas shrugged]]''),  et la manière dont les violations du Droit,  en premier lieu par l'Etat, ''détruisent l'information nécessaire à la régulation sociale'',  d'abord dans la planification centrale,  ensuite  dans la politique conjoncturelle,  enfin dans toutes les autres formes d'interventionnisme étatique.
* [http://www.fahayek.org L'institut Hayek]
:- d'avoir ainsi, par une influence née aussi bien de ses concessions de principe  à l'irrationalisme  et au collectivisme dominants que de sa reconnaissance tardive comme économiste,  contribué  à discréditer des politiques destructrices comme la planification autoritaire et l'inflation, et inspiré un mouvement d'idées libérales aussi bien en théorie sociale descriptive qu'en philosophie politique.
* [http://www.mcxapc.org/docs/ateliers/0508jlm12-2.pdf « Auto-éco-ré-organisation sociale et complexité : Des desseins humains pour et par l'action humaine »], article de [[Jean-Louis Le Moigne]] écrit dans le cadre du Colloque Cerisy 99 « Hayek et la Philosophie économique »
:- Ainsi,  Il a pu initier ses lecteurs  à toutes sortes de traditions  libérales,  même si lui-même les représentait de façon imparfaite,  voire contradictoire ;  il les a mis sur tant de bonnes pistes  - à condition de ne pas partager ses incohérences - qu'il est possible  d'avoir  une grande dette intellectuelle à son égard.
{{Wikiquote}}
=== En anglais ===
* [http://www.lse.ac.uk The London School of Economics and Political Science]
* [http://www.mises.org/hayekbio.asp Biographie de Friedrich Hayek sur le Mises Institute]  
* [http://www.hayekcenter.org The Hayek Scholar's Page]
* [http://www.nobel-winners.com/Economics/friedrich_von_hayek.html Friedrich Hayek, prix Nobel]
* [http://www.montpelerin.org/ Société du Mont Pèlerin]

Revision as of 15 October 2007 à 05:26

Friedrich Hayek, né Friedrich August von Hayek le 8 mai 1899 à Vienne, mort le 23 mars 1992 à Fribourg-en-Brisgau), était un philosophe et économiste autrichien. En 1974, il a partagé avec Gunnar Myrdal le "Prix Nobel d'économie" pour leurs travaux respectifs sur la conjoncture.

Biographie

Friedrich August von Hayek naît à Vienne dans une famille d'intellectuels. Son père avait ainsi écrit un ouvrage réputé de botanique, tandis qu'il était par sa mère cousin de Ludwig Wittgenstein. Il fait des études de droit et de sciences politiques à l'Université de Vienne dont il sort Docteur en Droit en 1921 et Docteur en Sciences politiques en 1923. Devenu économiste, il conserve un intérêt pour le Droit, qu'il développera à partir de 1955, et la psychologie : son Sensory Order marque le lien entre ses conceptions de la rationalité et celles du marché [1]. Initialement formé par Friedrich von Wieser, proche des idées socialistes, il se rapproche des idées libérales après avoir rejoint Ludwig von Mises à son Institut de recherche sur la conjoncture et lu sous sa direction les ouvrages de Carl Menger et Eugen von Böhm-Bawerk.

De 1923 à 1924, Hayek sert d'assistant au professeur Jeremiah Jenks à New York University. Il travaille ensuite pour le gouvernement autrichien, aidant à résoudre les questions économiques afférentes au Traité de Sèvres. Invité en 1931 pour une série de quatre conférences à la London School of Economics (LSE) par l'économiste Lionel Robbins, il connaît un tel succès qu'il y est par la suite nommé professeur. Refusant ensuite de rejoindre l'Autriche après l'Anschluss, il acquiert en 1938 la nationalité britannique.

A une époque où réputation en tant qu'économiste grandit dans les années 1930 mais il se trouve éclipsé par le succès populaire de Keynes, dont regrettera toute sa vie d'avoir attendu, pour réfuter sa Théorie générale que celui-ci ait changé d'avis, comme il avait changé d'avis après la parution de son ouvrage de 1930 sur la monnaie.


Critiques libérales

Dès ses premiers écrits de théorie politique[2], Hayek a trouvé des auteurs libéraux pour juger qu'il allait trop loin dans sa critique du "rationalisme" : tout en admettant que son rejet nominal de la preuve philosophique pure le ferait mieux accepter par une époque scientiste, ils ont prétendu exposer les contradictions auxquelles ce rejet l'exposait :

  • Les économistes autrichiens partisans de Ludwig von Mises regrettent qu'il ait rejoint l'épistémologie de Karl Popper, abandonnant sa conception d'une théorie économique purement rationnelle[3], que ses écrits et son renom auront pourtant contribué à réhabiliter[4].
  • Les tenants d'une philosophie politique rationnelle ne se sont pas fait faute d'exposer les contradictions qui peuvent naître du fait d'argumenter pour telle ou telle norme sociale tout en niant la possibilité d'une définition rationnelle de la justice[5].
C'est ainsi que, dès la parution de La Constitution de la liberté de Hayek en 1960, Rothbard lui a reproché les contradictions de sa notion de « coercition », parce que celle-ci rassemble sous cette dénomination commune aussi bien des actes violents que l'exercice paisible d'un Droit de propriété [6].
A la suite de Droit, législation et liberté, Hans-Hermann Hoppe reprend la critique de Rothbard, affirmant que de telles incohérences naissent du refus de reconnaître la propriété de soi (ou le principe de non agression qui lui est équivalent) comme le seul critère de justice intellectuellement défendable ; au-delà de cette critique, il trouve des contradictions dans la théorie « évolutionniste » de la formation des normes de Hayek, les expliquant par le parti pris, paradoxal de sa part, d'exclure la pensée comme explication d'un processus où celle-ci est par définition à l'œuvre toujours et partout [7].
  • Cependant, si les économistes libéraux rationalistes reprochent à Hayek d'avoir finalement trop concédé à l'expérimentalisme dominant, c'est pourtant dans sa Counter-revolution of science[8] que l'on trouve la meilleure description des abus de la méthode expérimentale là où elle est logiquement inapplicable [9] pour détruire la morale commune et le Droit naturel, en disqualifiant a priori le raisonnement philosophique qui les fonde.

C'est pourquoi les libéraux qui critiquent Hayek au nom du rationalisme ne le reconnaissent pas moins comme un auteur dont la lecture est indispensable pour initier ceux qui le lisent à la plupart des traditions libérales ; et il les a mis sur tant de pistes intéressantes que rares sont ceux qui n'ont pas une grande dette intellectuelle à son égard.[10]

Ouvrages


  • Unemployment and Monetary Policy (1979)
  • The Fatal Conceit (1988)

Références

Modèle:Références

Liens externes

Modèle:Trop de liens

En français

Modèle:Wikiquote

En anglais

  1. Il considérait en effet qu'un bon économiste devait s'intéresser à tous les champs de la connaissance. C'est ainsi qu'il avait déclaré que
    « Personne ne saurait être un grand économiste en étant seulement économiste et je suis même tenté d'ajouter qu'un économiste qui n'est qu'économiste peut devenir une gêne, si ce n'est un danger. »
  2. Hayek était Docteur en Droit et son premier essai de philosophie politique a été publié au Caire en 1955 sous le titre The Political ideal of the rule of law
  3. Son article de 1937, "Economics and Knowledge", se voulait déjà une critique de la métholodogie de Ludwig von Mises, mais celui-ci n'a pas relevé la mise en cause et ses partisans , bien sûr, se font forts de la réfuter
  4. Sur le rôle de Hayek dans la réhabilitation de l'approche autrichienne, voir Hans-Hermann Hoppe "Le rationalisme autrichien à l'ère du déclin du positivisme"
  5. contradiction pratique que Ayn Rand et ses Objectivistes appellent le sophisme du « vol de concepts »
  6. On trouve cette critique de la notion de "coercition" chez Hayek reprise dans L'Ethique de la liberté
  7. La critique par Hoppe de la "coercition" hayékienne se trouve dans « F.A. Hayek on Government and Social Evolution: A Critique » (Review of Austrian Economics, vol. 7, n° 1)
  8. La Counter-revolution of science de Hayek a été partiellement traduit par Raymond Barre comme Scientisme et sciences sociales, et on trouve chez Hervé de Quengo la traduction de la première partie historique, que Raymond Barre avait laissée de côté
  9. Friedrich Hayek avait conçu cette critique du scientisme avant de tomber sous l'influence de Karl Popper
  10. Finalement, les libéraux rationalistes remercient Hayek :
    - d'avoir contribué à réhabiliter la preuve logique en théorie sociale, même si c'était pour l'abandonner lui-même à la fin.
    - d'avoir, en développant les analyses de Ludwig von Mises à partir d'autres points de vue, mis l'accent sur le rôle de l'esprit humain dans la société (le thème du roman de Ayn Rand, Atlas shrugged), et la manière dont les violations du Droit, en premier lieu par l'Etat, détruisent l'information nécessaire à la régulation sociale, d'abord dans la planification centrale, ensuite dans la politique conjoncturelle, enfin dans toutes les autres formes d'interventionnisme étatiste.
    - d'avoir ainsi, par une influence qu'il doit aussi à ses ambiguïtés comme à sa reconnaissance tardive comme économiste, contribué à discréditer des politiques destructrices comme la planification autoritaire et l'inflation, et inspiré un renouveau du débat d'idées aussi bien en théorie sociale descriptive qu'en philosophie politique.
  11. La Constitution de la liberté est née des conférences de Claremont (1957) aux États-Unis qui avaient réuni en particulier Bruno Léoni, Milton Friedman et Friedrich von Hayek. Dans leur foulée, Friedman a écrit Capitalisme et liberté et Hayek, La Constitution de la liberté
  12. Bruno Leoni (1913-67), en réaction à La Constitution de la liberté, avait écrit en 1961 La liberté et le droit. Les idées de son livre convaincront Hayek au point que ce dernier, pour en tenir compte, écrira Droit, législation et liberté pour en tenir compte. Carlo Lottieri a raconté cette histoire à l'occasion de la présentation à Paris, le 22 février 2006, de la traduction française de La liberté et le droit qu'il a préfacée (Les Belles Lettres - bibliothèque de la liberté). En pages 13-14 de la « préface », il résume ainsi l'histoire :
    « ... comme Hayek lui-même l'a mis en évidence dans une conférence à Pavie quelques mois après la mort de Léoni (« Bruno Leoni the Scholar », dans « Omaggio a Bruno Leoni », édité par Pasquale Scaramozzino, Quaderni della Rivista Il Politico, n° 7, Milan, Giuffré, 1969, pp. 21-25.), l'auteur de Law, Legislation, and Liberty se rapproche de l'idée d'un droit évolutif principalement à cause des critiques que son ami italien lui avaient adressées dans ses commentaires aux thèses - complètement différentes - exposées dans The Constitution of Liberty. »