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Revision as of 23 August 2008 à 10:59
Le pseudo-expérimentalisme consiste à prétendre mettre en oeuvre la méthode expérimentale dans les domaines de la connaissance où celle-ci ne peut pas s'appliquer. Ces domaines sont essentiellement les disciplines qui consistent à énoncer des propositions générales ("théoriques") à propos de l'action humaine, notamment :
- sur ce qu'elle doit faire, la philosophie morale et particulièrement politique,
- sur ses caractéristiques générales et ses conséquences prévisibles, la théorie sociale et particulièrement économique.
Pourquoi "pseudo-expérimentalisme"
Incompétence sur l'applicabilité de la méthode et incompétence dans son application
On parle de "pseudo-expérimentalisme" dans ces domaines :
- - parce qu'on ne peut pas véritablement y appliquer ladite méthode, de sorte que ceux qui prétendent s'en servir se trompent fondamentalement sur les moyens de preuve que l'on peut et doit y mettre en oeuvre.
- - et que, par conséquent ceux qui prétendent y appliquer la méthode expérimentale ne le font pas réellement : s'ils cherchaient vraiment à l'appliquer, à chacune de ces tentatives ils pourraient, et donc devraient, se rendre compte que ce n'est pas possible.
En effet, la théorie de l'action humaine ne se prête pas à la définition d'une "expérience cruciale", l'observation qui, dans la démarche expérimentale, est censée permettre de réfuter les théories fausses. C'est précisément au cours du raisonnement qui vise à déduire cette expérience cruciale des énoncés généraux que l'on voudrait prouver ou réfuter par ce moyen, que l'on a l'occasion de se rendre compte que celle-ci ne peut pas se définir :
- si on peut imaginer des exceptions à l'affirmation générale, elle est réfutée a priori, soit qu'elle soit mal formulée, soit qu'elle soit inutilisable ; et l'expérience cruciale est alors inutile.
- Si on ne peut pas imaginer de telles exceptions, l'expérience cruciale est impossible et la proposition générale est ipso facto prouvée.
Les pseudo-expérimentalistes ne sont donc pas seulement des gens qui ne savent pas raisonner sur les moyens de preuve de la science : ce sont aussi des gens qui ne savent pas véritablement se servir de la méthode qu'ils voudraient faussement appliquer à ces domaines : en effet, s'ils ne se sont jamais rendus compte que son expérience cruciale ne peut jamais y être définie, alors rien ne prouve qu'ils auraient su en définir une dans les domaines où on peut le faire, les sciences de la nature, celles qui relèvent véritablement de ladite méthode expérimentale. C'est donc parce qu'ils ne sont pas des expérimentalistes sérieux --et même pas des expérimentalistes du tout, qu'ils n'ont pas encore compris qu'il est totalement vain et inutile d'envisager des expériences dans ces domaines théoriques, parce que le raisonnement seul suffit à les réfuter ou à les démontrer.
Disqualification de la logique
Évidemment, une proposition irréfutable du type 2 + 2 = 4 est établie sans recours à la méthode expérimentale : celle-ci, pour l'établir, serait à la fois inutile et non concluante.
Une absurdité fort répandue du pseudo-expérimentalisme, qu'inspire son erreur de départ sur les relations entre l'expérience et la connaissance, consiste à prétendre qu'une proposition irréfutable ne serait pas scientifique. Rappelons que les lois de l'arithmétique sont de celles-là : qui croit sérieusement qu'elles ne feraient pas partie de la science ?
Inspiré par l'erreur épistémologique fondamentale qui entretient le pseudo-expérimentalisme, la fausse opposition entre la logique et l'expérience que l'on appelle depuis Kant la dichotomie analytique-synthétique, un groupe influent de pseudo-expérimentalistes considère donc que le caractère apparemment irréfutable d'un raisonnement serait suffisant pour le disqualifier comme science.
Dans la réalité, l'expérience est subordonnée à la logique, elle ne peut pas être valide si elle ne s'y soumet pas. Il est donc absurde d'opposer la logique à l'expérience, la distinction pertinente est celle qui oppose la méthode expérimentale et la méthode philosophique ; quant à la dichotomie analytique-synthétique, qui n'en est qu'une fausse interprétation, une falsification, elle est une des plus grandes erreurs philosophiques que l'on puisse commettre.
Les présupposés logiques de la science
En effet, comme l'a rappelé Hans-Hermann Hoppe, toute science doit inclure les lois de la logique aux exigences desquelles elle est subordonnée. A ce titre, toute science, et par conséquent la science expérimentale, doit logiquement présupposer trois faits généraux sans la reconnaissance desquels elle ne saurait prétendre qu'aucun de ses énoncés serait vrai :
Trois présupposés logiques de toute science
- - Aucune proposition contradictoire ne peut être vraie : la contradiction est la preuve absolue d'une erreur. Or, le pseudo-expérimentalisme implique, méconnaît, et engendre, un festival de contradictions, encore appelées absurdités.
- - Le savant, le chercheur, est capable de penser, de communiquer : la science vise à créer et à transmettre de l'information nouvelle, et consiste dans cette création et dans cette diffusion d'informations nouvelles.
- - Dans son activité de pensée et de communication, le savant, le chercheur, dispose de ressources, et notamment de son propre esprit, comme s'il était le sien.
- On ne peut pas sans contradiction exercer une activité discursive et en même temps nier le principe de la propriété de soi : dire quelque chose implique en même temps qu'on est propriétaire de soi-même puisque non seulement on dispose effectivement de sa propre personne à cette occasion mais qu'en même temps, et par ce fait même, on affirme implicitement qu'on en a le Droit. De même que l'on affirme en même temps que c'est une bonne action et qu'on doit l'accomplir : c'est donc un moyen privilégié de prouver la véracité des propositions normatives et impératives ; dans leur mépris de la logique, et donc dans leur incompétence en la matière, les pseudo-expérimentalistes sont généralement aveugles à ce genre d'énoncés implicites, aux contradictions pratiques auxquels ils peuvent donner naissance, ainsi qu'aux ponts qu'ils permettent naturellement d'établir entre les faits et les normes.
Conséquences méconnues de ces trois présupposés
Ces trois présupposés de toute science, notamment le premier et le troisième, suffisent déjà à fonder la philosophie politique libérale, puisqu'ils établissent que la science présuppose la propriété de soi et qu'en outre on ne pourra jamais justifier aucune norme politique qui implique une contradiction avec cette propriété de soi. Oui, la science, toute science doit présupposer a priori comme vraie une norme de justice, comme d'ailleurs elle doit aussi présupposer une norme de vérité – l'idée d'une science wertfrei est une absurdité a priori, et fort loin que le socialisme, qui est la négation de cette norme de justice, soit "scientifique", il est au contraire incompatible avec un présupposé nécessaire de toute science. D'ailleurs en pratique la discussion scientifique, rationnelle, proscrit la violence, elle exige le respect de la personne et de la rationalité d'autrui : elle exclut donc le socialisme, et si la plupart des savants vivent d'argent volé au contribuable c'est au prix d'une contradiction – donc ça ne peut en aucune manière être justifié par un discours rationnel – et au détriment de sa qualité puisque l'impôt-subvention est une censure violente masquée par le procédé d'illusion fiscale de la violence indirecte.
Quatrième présupposé, propre à la science expérimentale
- En outre, la science expérimentale et elle seule doit absolument présupposer que l'objet de son étude est entièrement déterminé : c'est-à-dire qu'il n'y apparaît aucune information nouvelle.
- En effet, une information nouvelle change les lois de comportement de l'objet étudié : on ne peut plus "reproduire" l'expérience ni par conséquent considérer que cette "reproduction" pourrait "confirmer" ou "réfuter" des énoncés généraux déduits des "expériences" antérieures : dans ces conditions les "expériences" se succèdent simplement, aucune ne "confirme" ni ne réfute les "expériences" antérieures.
C'est ce quatrième présupposé de la science expérimentale, le seul qui lui soit propre, associé au deuxième, qu'elle partage avec toute science, qui disqualifie la méthode expérimentale comme moyen de preuve théorique dans le domaine de l'action humaine.
La méthode expérimentale n'est pas applicable dans les sciences de l'action humaine parce que celle-ci doit supposer qu'aucune information nouvelle n'apparaît dans les systèmes qu'elle étudie, alors que l'action humaine est guidée par la pensée : il s'ensuit qu'aucune "expérience" ne peut y être contrôlée, pour "confirmer" ou "réfuter" une proposition générale quelconque. Dans l'action humaine les événements historiques sont tous uniques et singuliers, aucun n'est la "reproduction" d'un autre, et aucune ne peut "confirmer" ni "réfuter" une proposition véritablement générale.
Le pseudo-expérimentalisme dans ses oeuvres
Les deux erreurs les plus courantes du pseudo-expérimentaliste
Par définition, le pseudo-expérimentaliste croit à tort que la théorie économique serait une science expérimentale.
Dans la pratique, en revanche, la quasi-totalité des pseudo-expérimentalistes reconnaissent que la philosophie morale, et notamment politique ne relève pas de la méthode expérimentale, mais on ne les voit pas moins, et sans arrêt, discourir dans ces domaines d'une manière qui implique qu'elle pourrait s'y appliquer :
- soit qu'ils y emploient des moyens de preuve qui singent cette méthode -- qui la singent mais ne l'appliquent pas réellement, puisque toute tentative pour ce faire conduit à des contradictions, et leurs conclusions sont de ce fait arbitraires au regard des moyens de preuve qu'ils avaient voulu se donner.
- soit qu'ils nient carrément la possibilité de toute connaissance autre qu'expérimentale :
- dans ce cas, le seul fait qu'ils prétendent rationnellement justifier, ou prôner, quel acte que ce soit implique immédiatement une contradiction pratique : en effet, une telle recommandation affirme implicitement qu'il serait possible à la science expérimentale de prouver la philosophie morale, ce dont ils ont par hypothèse expressément admis que ce n'est pas possible, et leurs conclusions sont alors contradictoires par rapport aux moyens de preuve qu'ils prétendaient reconnaître.
Même Ludwig von Mises est tombé dans cette contradiction-là, ne comprenant pas qu'il n'existe aucune raison logique de rechercher la vérité des faits si, comme il le croyait, les jugements de valeur sont finalement arbitraires.
Les pseudo-expérimentalistes sont aveugles à la contradiction pratique
Dans la pratique, les pseudo-expérimentalistes sont aveugles à la plupart des contradictions pratiques : ils sont trop mal formés à la science non expérimentale – à la philosophie – pour reconnaître les énoncés implicites qu'une action quelconque entraîne ou présuppose, de sorte qu'ils ne voient pas la contradiction qu'il y a à dire quelque chose d'une manière qui implique en même temps que cette chose-là est fausse.
Bien entendu, ils ne sont pas assez bêtes pour ne pas voir la contradiction qu'il y a à dire à haute voix "je ne suis pas en train de parler maintenant". En revanche, ils le sont tous, assez bêtes, pour ne pas voir la contradiction qu'il y a à recommander une politique quelconque "au nom de la science", alors qu'ils reconnaissent par ailleurs que la science expérimentale ne saurait être que descriptive et reconnaissent qu'une science descriptive ne saurait en elle-même fournir de normes, a fortiori lorsqu'en outre ils professent qu'aucune science n'existe qui en serait capable.
Le pseudo-expérimentalisme est la source du sophisme technocratique
La démarche qui consiste à soi-disant justifier des politiques économiques et sociales au nom de la "science" est donc un charlatanisme pur, et constitue en outre l'essence de la démarche technocratique. Le technocrate prétend avoir le "droit" d'imposer ses décisions à la place des citoyens, sous prétexte que sa démarche à lui serait "scientifique" alors que la leur ne le serait pas. La vérité, c'est qu'en volant les autres elle viole la seule norme d'action qui est logiquement démontrée, ce qui la disqualifie totalement du point de vue de la raison.
La technocratie est une variante du socialisme, qui consiste à vouloir abolir la justice naturelle sous prétexte que celle-ci ne peut pas se prouver au moyen de la science expérimentale. Elle est affectée de sa contradiction intrinsèque de son prétexte premier, puisque la science expérimentale en tant que telle ne permet absolument pas de juger des normes. Le socialisme est donc :
- un pseudo-expérimentalisme normatif, puisqu'il prétend faussement se servir de la science expérimentale pour juger des normes – pour disqualifier celles de la justice naturelle et rationaliser l'arbitraire qu'il veut imposer à la place ; c'est aussi
- un pseudo-expérimentalisme inavoué, puisque ses adeptes mis au pied du mur prétendent ne pas s'en servir réellement, et
- un pseudo-expérimentalisme absurdiste, puisqu'il refuse systématiquement de tirer les conséquences logiques de cette contradiction.
L'alibi permanent du socialisme
Etant à l'origine du socialisme, le pseudo-expérimentalisme sert de prétexte a priori pour disqualifier les raisonnements logiques qui démontrent immanquablement le caractère par définition criminel et destructeur de toute redistribution politique.
En outre, une conséquence logique de la méthode expérimentale est qu'aucune expérience n'y est définitive : aucune théorie n'y est définitivement établie parce qu'on peut toujours imaginer que les phénomènes que l'on a observés n'aient pas seulement été causés par les facteurs que l'on avait cru identifier jusqu'à présent, mais aussi voire principalement par d'autres, qu'on n'avait pas imaginés. De sorte que des expériences ultérieures peuvent en principe toujours réfuter les conclusions de celles qui ont été menées jusqu'à présent.
Cela permet au pseudo-expérimentalisme, dans le domaine de l'action humaine, de différer indéfiniment la reconnaissance du fait que le socialisme, la redistribution politique, sont intrinsèquement et uniquement destructeurs. Disqualifier le raisonnement qui le démontre a priori, prétendre que de nouvelles "expériences" seraient nécessaires pour s'assurer de leurs effets réels, c'est ce qui permet de conserver les institutions redistributrices en dépit de leur échec manifeste et constant à réaliser leurs objectifs prétendus.
Disqualification du raisonnement logique
Dans leur fausse opposition entre la logique et l'expérience, les pseudo-expérimentalistes croient devoir choisir l'expérience, et rejettent évidemment la logique qu'ils en aient conscience ou non : le pseudo-expérimentalisme est un absurdisme.
Il leur sert de prétexte pour disqualifier les praticiens de la philosophie morale et de la théorie économique autrichienne précisément parce que ceux-ci emploient, exclusivement et naturellement, les moyens de preuve de la philosophie : la validation des concepts et la cohérence du raisonnement.
Contradictions du pseudo-expérimentaliste vis-à-vis de la philosophie morale
En philosophie morale ce reproche est contradictoire de leur part, puisque le pseudo-expérimentalisme reconnaît expressément que la science expérimentale ne peut pas en elle-même fournir de normes : la seule démarche cohérente de leur part serait :
- pour ceux des pseudo-expérimentalistes qui admettent la possibilité d'une science normative objective et rationnelle, de reconnaître que les philosophes moralistes sont fondés à exercer leur métier d'après les règles qui sont les siennes,
- et en outre que ceux-ci sont les seuls, notamment les philosophes politiques, à être compétents pour justifier ou non les politiques et les institutions économiques et sociales ; en somme, par définition de renier la démarche technocratique.
- Pour ceux des pseudo-expérimentalistes qui n'admettent pas la possibilité d'une science normative objective et rationnelle, de s'interdire à eux-mêmes tout énoncé normatif d'aucune sorte au nom de leur "science", réelle ou prétendue. En somme, de renoncer là aussi à la démarche technocratique.
La démarche technocratique est en toutes circonstances charlatanesque puisqu'en aucune manière la science expérimentale ne peut fournir de normes.
Effets sur la théorie économique
En théorie économique, au moins, le pseudo-expérimentaliste est cohérent avec lui-même : affirmant faussement que l'on pourrait, et même devrait y appliquer la méthode expérimentale, il ne se contredit pas lui-même en multipliant les énoncés et les démarches qui présupposent implicitement cette possibilité et cette nécessité.
Il reste que la méthode en question ne lui est pas applicable et que, comme nous l'avons vu, cela veut dire qu'ils ne l'appliquent pas véritablement mais font seulement semblant. Parce qu'il faut se borner à faire semblant pour ne pas être aperçu que la méthode expérimentale n'est pas applicable à la théorie économique.
"Prouver expérimentalement" que deux et deux font quatre
Le pseudo-expérimentalisme en tant que tel ne peut inspirer aucun progrès à la théorie économique, puisque la méthode expérimentale ne peut rien y prouver, et qu'en outre les pseudo-expérimentalistes font seulement semblant de s'en servir. Pire, comme leurs préjugés méthodologiques excluent qu'un résultat puisse être définitivement établi, de sorte que, même quand leurs théories se trouvent être vraies – parce que, anciennes ou nouvelles, elles sont logiquement cohérentes – ils perdent un temps considérable à faire semblant de les "tester" empiriquement.
"Prouver expérimentalement" que deux et deux font cinq
Cependant, pour demeurer pseudo-expérimentaliste, il faut ne pas avoir appris à très bien raisonner : le pseudo-expérimentalisme le plus modéré demeure contradictoire, engendre des erreurs et dans cette mesure-là est toujours un absurdisme. De sorte que les pseudo-expérimentalistes, qu'ils reprennent des théories connues ou prétendent en inventer de nouvelles, ne sont pas forcement aussi capables d'identifier leurs contradictions que des gens plus complètement formés à la logique : le pseudo-expérimentalisme laisse passer des théories absurdes, dont les rationalisations de l'étatisme fournissent maint exemple.
Refuser a priori que deux et deux fassent quatre
le pseudo-expérimentalisme comporte en outre un élément de falsification systématique de la théorie, qui tient au fait que – même s'il ne cherche jamais sérieusement à définir une expérience cruciale –, dans la mesure où il exige une prétendue "vérification empirique", il oblige à formuler les énoncés théoriques de telle manière qu'ils soient "empiriquement testables", c'est-à-dire que l'on puisse imaginer une expérience qui les contredirait. Or, comme nous l'avons vu, dès lors que l'on peut imaginer que l'expérience contredise un énoncé théorique en économie, cela veut dire qu'il est faux !" La recherche d'une théorie "testable", fort loin d'être une condition de son caractère scientifique comme le croient les pseudo-expérimentalistes les plus convaincus, garantit au contraire sa fausseté. Ce qui, associé à la prétention à "tester" les théories les mieux établies, veut dire que le pseudo-expérimentalisme a pour vocation ultime à détruire toute théorie économique, en falsifiant systématiquement l'ensemble de ses énoncés pour les rendre, prétendument, "scientifiques" à l'aune de ses préjugés.
La destruction radicale dans un contexte d'inculture théorique
Cette dégradation peut se faire beaucoup plus radicalement dans un milieu intellectuel où les lois de l'économie préalablement établies par la logique ne sont pas connues ni comprises.
En effet, de même que le pseudo-expérimentalisme a pu naître et se perpétuer, par un cercle vicieux de l'incompétence méthodologique, dans un milieu, l'Europe du début du XIXe siècle, où la transmission du savoir philosophique avait connu une panne majeure – due entre autres à la révolution française mais aussi à l'influence délétère de sophistes comme David Hume –, de même le pseudo-expérimentalisme, implanté dans un monde intellectuel ignorant de la théorie économique, peut y engendrer un véritable nihilisme vis-à-vis de celle-ci.
C'est ce qui s'est passé à la fin du XIXe siècle en Allemagne, où l'on a importé l'empirisme de Hume par l'intermédiaire de John Stuart Mill sans y importer une culture théorique équivalente à la leur, ou la France dont les hommes de l'État, à partir de 1880, ont confié l'enseignement de la "science économique"... à des agrégés de Droit.
De David Hume, Ayn Rand écrivait notamment ceci :
- "S'il était possible à un animal de décrire le contenu de sa conscience, le résultat serait une transcription de la philosophie de Hume.
- "Ses conclusions seraient celles d'une conscience confinée au niveau de la perception, réagissant passivement à l'expérience des concrets immédiats, sans aucune capacité à former des abstractions, d'intégrer dans des concepts les objets qu'elle a perçus, attendant en vain qu'apparaisse un objet appelé 'causalité' (sauf qu'une telle conscience serait incapable de tirer aucune conclusion)."
Dans ce contexte d'ignorance absolue et définitive (qu'on ne peut pas réduire par l'action), c'est le principe même d'une théorie économique qui est détruit. Etant donné que la validation pseudo-expérimentale de toute théorie économique ne peut qu'échouer, les "historicistes" économiquement incultes ne peuvent "observer" que des régularités fugaces, éphémères, et transitoires : ils en déduisent alors qu'il n'y a pas de lois de l'économie, et en concluent que les hommes de l'État pourraient décider ce que bon leur semble.
Or, les lois les plus importantes de l'économie nous disent au contraire que les hommes de l'État, quand ils "interviennent", n'obtiennent pratiquement jamais les effets qu'ils prétendaient obtenir, la Loi de Bitur-Camember nous enseignant notamment que cette usurpation du pouvoir social détruit plutôt, en tendance, l'intégralité des ressources dont elle s'empare. Loi générale que le pseudo-expérimentalisme a empêché de découvrir ceux qui étaient en principe les mieux placés pour la découvrir, à savoir les théoriciens de l'Équilibre général et ceux des Choix publics.
Voir aussi
"Les impasses du pseudo-expérimentalisme en économie", par François Guillaumat.
"Superstition de la «science» : comment le socialisme falsifie la méthode expérimentale", par François Guillaumat.
http://lumiere101.com/2007/11/13/le-pseudo-experimentalisme/
http://lumiere101.com/2008/04/29/pourquoi-tant-de-physiciens-se-prennent-pour-des-economistes/
http://lumiere101.com/2008/05/13/prouver-statistiquement-que-deux-et-deux-font-cinq/