« La Politique du Décalogue » : différence entre les versions

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Par [[François Guillaumat]]
Par '''[[François Guillaumat]]'''


La norme libérale  consiste à soumettre tous les membres de la Cité aux quatre articles du Décalogue qui concernent la politique :
''Préface au livre de '''[[Patrick Simon]]''', ''[http://www.amazon.fr/gp/product/286839597X/?tag=liberpedia-20 Peut-on être catholique et libéral ?]'', Paris, 1999.''
 
La norme [[libéral]]e consiste à soumettre tous les membres de la Cité aux quatre articles du [https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9calogue Décalogue] qui concernent la [[politique]] :


:— tu ne voleras pas,
:— tu ne voleras pas,


:— tu ne désireras pas injustement le bien d'autrui,
:— tu ne désireras pas injustement le bien d’autrui,


:— tu n'assassineras pas,
:— tu n’assassineras pas,


:— tu ne mentiras pas,
:— tu ne mentiras pas,


cette dernière norme étant incluse dans la politique, parce que la plupart des mensonges violent en fait le droit  ou sont nécessaires à l'injustice.
cette dernière norme étant incluse dans la politique, parce que la plupart des mensonges violent en fait le [[Droit]] ou sont nécessaires à l’injustice.
 
La [[justice libérale]], par conséquent, tout le monde la connaît, ''et tout le monde s’y soumet'' dans sa vie de tous les jours, y compris les politiciens et autres hommes de l’État, quand justement ils'' n’agissent pas'' en tant qu’hommes de l’État. Celui qui ne s’y conforme pas : qui frappe son voisin, agresse les passants dans la rue pour les voler, tue sa femme, celui-là se retrouve en prison, à l’hôpital ou à la morgue. La définition libérale de la justice est donc la définition normale des gens normaux. Alors par quelle aberration devons-nous subir les pillages et autres brimades d’un [[État]] qui est [[socialiste]] comme jamais ? Et par quelle schizophrénie tant de clercs, de soi-disant « chrétiens », et comme les autres conscients et respectueux de la justice naturelle, approuvent-ils de sa part tous ces délits et crimes ?
 
La raison est typique des tromperies du Malin : « tout le monde est contre le vol », expliquent les [[sophistes]] qui le servent, « mais le vol n’existe pas en soi, c’est “la loi” qui le définit ». Pour être clair, ce seraient les hommes de l’État qui décident ce que c’est qu’un voleur et qui n’en est pas un. De même que pour l’[[avortement]], ils déterminent aujourd’hui ce qui est un assassinat et ce qui n’en est pas un{{ref|note1}}. À eux appartiendrait donc ''la définition du bien et du mal''.
 
C’est en cela que le [[libéralisme]] s’oppose à l’étatisme : pour lui, un voleur, un assassin ne sont pas ceux ''qui ne passent pas par les procédures étatiques reconnues'' pour dépouiller leur prochain ou l’expédier ''ad patres'' : pour le libéral, à l’inverse du démocrate-social qui se fait souvent passer pour lui, ''le voleur est celui qui s’empare du bien d’autrui sans son consentement'' ; quels que soient l’agresseur, la victime, le motif du vol, la destination du butin, les « besoins » des receleurs, ou encore le nombre de personnes qui approuvent ce vol ou nient qu’il en est un. Et selon les mêmes principes rationnels de ''l’objectivité'' et de ''l’universalité'', est un assassin quiconque tue délibérément un innocent. Point final : définitions nécessaires et suffisantes. Quant à savoir de quel côté se trouve le Décalogue il suffit de se demander s’il ordonne : « tu feras comme disent les hommes de l’État », « tu adoreras la Démocratie » ou si, ''au contraire'', il répète : « tu ne voleras pas », « tu n’assassineras pas », etc.
 
Autre aspect de l'''eritis sicut dei'' que les clercs ne semblent plus condamner comme le libéralisme le fait : le refus d’appliquer aux ''hommes de l’État'' les prescriptions universelles de la morale et du Droit. Pour les étatistes, il existerait apparemment un ''[[croyance dans le chapeau|chapeau de sorcier]]'', avec marqué dessus « HOMME DE L’ÉTAT », qui transformerait tous les mensonges, tous les pillages, tous les meurtres, en une forme de « justice supérieure » à condition de le porter. Est-il vraisemblable, pourtant, que le Décalogue ne s’adresse pas aux hommes de l’État ? Ces interdictions de faire le Mal, faudrait-il les en dispenser parce qu’ils sont ceux qui peuvent en faire le plus, étant les seuls à pouvoir user impunément de la violence agressive ? Ne sont-ils pas des êtres humains comme les autres, et davantage encore portés à l’erreur et au crime, étant ''ceux qui peuvent forcer les autres à supporter ses conséquences à leur place'' ? Ne sont-ils pas suprêmement ceux qui peuvent mentir, voler, assassiner ?
 
Que nos clercs ne se récrient pas trop vite devant le « simplisme » de cette « caricature ». Car c’est bien aussi ce qu’implique leur propre invocation du « [[bien commun]] » à l’encontre du libéralisme. Elle ne fait qu’ajouter une ''formule rituelle'' comme condition d’efficacité du chapeau, mais l'''inconséquence magique'' est la même : oui, disent-ils en substance, les hommes de l’État ont le « droit » de disposer du bien d’autrui contre son gré, à condition de prétexter une destination particulière du butin. Mais la destination est indéfinissable et le prétexte absurde, puisque ''le principe libéral de non agression'', comme l’ont découvert les derniers [[Scolastiques]], ''est justement la'' solution ''de ce'' programme de recherche ''qu’est la question du « bien commun »''.
 
La non agression est la seule définition de l’acte juste qui soit ''constatable par tous'' : définissant comme propriété légitime tout ce qu’on n’a pas objectivement volé, c’est-à-dire acquis par ''violence'' et ''tromperie'', ce principe est universel et exclusif de tout autre. En l’admettant « mais dans certaines limites », parce qu’ils prétendent le faire dépendre d’autres normes prétendument « supérieures », comme le « bien commun », le « droit à la vie » et autres « destination universelle des biens », les clercs ne jettent pas seulement la logique par-dessus bord : en la rejetant, c’est toute l’objectivité du Juste qu’ils abandonnent. Ils livrent à l’arbitraire l’ensemble des règles politiques et sociales et de ce fait, qu’ils en aient conscience ou non, embrassent non seulement le subjectivisme, mais l’[[utilitarisme]] qu’ils prétendent par ailleurs abhorrer. Car pour définir la justice au-delà des critères du Décalogue, il leur faudrait pouvoir ''sonder les reins et les cœurs''. Et, bien entendu, ''qui veut faire l’ange fait la bête''. Voilà à quoi conduit de trouver ''plus raisonnable, moins [[extrémiste]],'' de dire suivant la formule du Cardinal de Lubac, que deux et deux feraient quatre et demi.
 
L’antilibéralisme de nos clercs leur offre bien d’autres occasions de renier les principes et les valeurs du [[christianisme]] : confondant la morale avec la justice, ils invoquent ses recommandations contre le Droit des autres, oubliant — ou feignant d’oublier — que ce Droit-là de choisir est une condition ''nécessaire'' de l’acte moral, et prennent pour de la ''charité'' cette prétendue « solidarité » qui n’est, pour reprendre un mot de saint Augustin, qu’un ''brigandage'' étatique. Voler les autres soi-disant au profit des pauvres, est-ce vraiment ce que le Christ demandait aux puissants ? Et comment croire qu’ils l’admettent par souci concret d’aider les nécessiteux, alors que leur « réalisme » consiste surtout à gober toutes les pieuses déclarations des hommes de l’État, comme si la [[redistribution politique]] ne consistait pas ''par définition'' en ce que'' les forts volent les faibles, les pauvres en étant donc toujours les [[Voleurs de pauvres|principales victimes]]'' ?
 
Traitant par le mépris l’obligation de servir autrui pour se servir soi-même qui caractérise les relations par définition volontaires de la société libérale, accablant de quolibets la « mythique main invisible », ils encensent les hommes de l’État qui détruisent cette [[Les Quatre leçons de Serge Gainsbourg|''nécessité réelle'' du service rendu à autrui]] au milieu de discours sur le prétendu « [[service public]] », institution qui, par nature et par vocation, en est ''effectivement dispensée'' par leur violence subventionneuse et monopolistique : ''non serviam'' ! Accusant d’« idolâtrer le marché » ceux qui ne font que prendre au sérieux les prescriptions politiques du Décalogue, ils rejettent sa définition de ''l’acte juste'' au profit d’utopies de « [[justice sociale]] » impliquant que ''les hommes de l’État'' seraient Omnipotents, Omniscients et Infiniment Bons et se retrouvent à patauger dans ''leur matérialisme pratique'', car ce sont ''eux'' qui raisonnent sérieusement à partir de prétendues « mesures » des projets humains avec des sommes d'''argent'', ayant perdu toute conscience de ''l’abîme moral'' qui sépare l’argent ''honnête'' de celui qu’ils ont ''volé''. Et pour parler de « marché » ''qui donc, sinon eux-mêmes'' n’a que ce mot-là à la bouche ? La règle de vie qu’ils voudraient disqualifier étant le simple principe de ''non agression'', intimement connu et reconnu par tout le monde, comment en faire un monstre, s’ils ne l’affublent pas d’un nom que personne ne comprend, à commencer par eux-mêmes ?


La justice libérale, par conséquent, tout le monde  la connaît,  ''et tout le monde s'y soumet'dans sa vie  de tous  les jours, y compris  les politiciens  et autres  hommes de l'état, quand justement  ils'' n'agissent pas'' en tant qu'hommes  de l'état.  Celui qui ne s'y conforme  pas :  qui frappe  son voisin, agresse  les passants  dans la rue  pour les voler,  tue  sa femme,  celui-là  se retrouve  en prison,  à l'hôpital  ou à la morgue.  La définition  libérale  de la justice  est donc  la définition  normale  des gens normaux.  Alors  par quelle aberration  devons-nous  subir  les pillages  et autres brimades  d'un état  qui est socialiste  comme jamais ?  Et par quelle schizophrénie  tant de clercs, de soi-disant  "chrétiens",  et comme les autres  conscients  et respectueux  de la justice  naturelle,  approuvent-ils  de sa part  tous  ces délits  et crimes ?
Cependant, les valeurs chrétiennes les plus spectaculairement reniées par l’antilibéralisme clérical sont les principales : l’amour, et notamment l’amour de la vérité. ''Le libéralisme est d’abord l’objet de falsifications.'' La plus grave, hélas, fut commise au siècle dernier par notre [[Église catholique|Sainte Mère l’église]] qui, au lieu de reconnaître dans le libéralisme son enfant légitime, l’a pris pour le contraire de ce qu’il est : pour un « subjectivisme » parce que, quand il disait que ''ceux qui se trompent'' ont des droits, elle croyait entendre que ''l’erreur'' en aurait. Pourtant, après deux siècles de mises au point par tant de libéraux expressément ou implicitement partisans du ''[[Droit naturel]]'' (à la suite de [[Locke]]), que penser de descriptions qui le confondent encore — ou font semblant — avec un [[nihilisme|absurde rejet de toute norme et de toute contrainte]], avec les misérables rationalisations de l’anomisme libertaire, refusant toujours de faire aux libéraux la ''charité'' de les considérer comme capables de penser la ''norme politique'' ? Ou qui appellent « libéraux » des précurseurs de l’étatisme totalitaire comme [[Hobbes]] ou [[Rousseau]], des [[pseudo-conservateurs]] ploutocratiques comme Guizot et même — cela s’est vu ! autoritaires comme Bismarck ? Ou encore qui voient du « [[néo-libéralisme]] » dans le vol de leurs terres aux paysans, la collusion des [[monopole]]s d’État en des supermonopoles supranationaux ou l’accaparement personnel par les hommes au pouvoir des richesses volées au peuple par leurs prédécesseurs socialo-communistes ?


La raison  est typique  des tromperies  du Malin :  "tout le monde  est contre le vol,"  expliquent  les sophistes  qui le servent, "mais  le vol  n'existe pas  en soi, c'est 'la loi' qui le définit".  Pour être clair, ce seraient  les hommes de l'état  qui décident  ce que c'est  qu'un voleur  et qui n'en est pas un.  De même  que pour  l'avortement,  ils déterminent  aujourd'hui  ce qui est  un assassinat  et ce qui n'en est pas.  À eux  appartiendrait donc ''la définition  du bien et du mal''.
Est-ce pour cela que les auteurs de commentaires se voulant savants ne font qu’interpréter de travers les quelques publicistes dont on leur a dit qu’ils étaient libéraux parce qu’ils sont des économistes compétents, comme [[Friedman]] ou [[Hayek]] ? Comment écarter l’hypothèse d’un ''refus de savoir'', chez ceux qui « jugent le libéralisme » sans avoir ''lu une ligne'' de [[Mises]], [[Rand]], [[Jasay]], [[Rothbard]] et [[Hoppe]], ses plus grands penseurs en ce siècle ? Comment prendre au sérieux ces « penseurs sociaux », diplômés voire professeurs de « philosophie politique », qui discutent gravement des politiques et des institutions ''sans seulement connaître leurs conséquences réelles'', n’ayant jamais appris la théorie économique ? Qui passent leur temps à accuser la ''liberté naturelle'' de causer chômage, pauvreté, analphabétisme, drogue, SIDA, délinquance, alors que ces pannes de la régulation sociale ne sont dues qu’à ''l’irresponsabilité'' et à ''l’impuissance [[Irresponsabilité institutionnelle|institutionnelles]]'' que les hommes de l’État nous imposent par leurs usurpations massives et permanentes ? Comment ne pas douter de la ''[[Folie française|santé mentale]]'' de ceux qui taxent d’« [[ultra-libéralisme]] » notre société alors que ces hommes de l’État y bafouent toujours davantage notre Droit de décider des affaires qui sont les nôtres, volant, pour redistribuer ''à leurs conditions'', bien plus de la moitié de ce que nous produisons ? Et surtout, comment croire que ces gens-là auraient sincèrement recherché la Vérité ?


C'est en cela  que le libéralisme  s'oppose  à l'étatisme :  pour lui, un voleur,  un assassin  ne sont pas  ceux ''qui ne passent pas  par les procédures étatiques  reconnues''  pour dépouiller  leur prochain  ou l'expédier  ''ad patres'' : pour le libéral, à l'inverse  du démocrate-social  qui se fait souvent  passer pour lui,  ''le voleur  est celui qui s'empare  du bien d'autrui  sans son consentement'' ; quels que soient l'agresseur,  la victime, le motif  du vol, la destination  du butin, les "besoins"  des receleurs, ou encore  le nombre  de personnes  qui approuvent  ce vol  ou nient  qu'il en est un.  Et selon  les mêmes principes  rationnels  de l'''objectivité''  et de l'''universalité'',  est un assassin  quiconque tue délibérément  un innocent.  Point final :  définitions  nécessaires  et suffisantes. Quant à savoir  de quel côté  se trouve  le Décalogue  il suffit  de se demander  s'il ordonne :  "tu feras  comme disent  les hommes  de l'état",  "tu adoreras  la Démocratie"  ou si,  ''au contraire'',  il répète :  "tu ne voleras pas",  "tu n'assassineras pas",  etc.
C’est pour ces ignorants volontaires, qui manquent à leur [https://fr.wikipedia.org/wiki/Devoir_d%27%C3%A9tat_(religion) devoir d’état], et plus encore pour leurs innombrables dupes, dont ils s’affairent depuis des décennies à brouiller le jugement, que [[Patrick Simon]] a écrit ce livre. Qu’on se rassure : c’est avec beaucoup plus de ménagements qu’il tente de rapprocher ses lecteurs de certaines des dures évidences que je viens de leur jeter à la face. C’est par des faits, des exemples, des citations patiemment développés qu’il démontre que la norme politique libérale est au moins compatible avec le christianisme. Autant dire que c’est avec une spatule, une toute petite spatule en bois, qu’il tente de décrotter nos analphabètes économiques à la française, auteurs et lecteurs de dénonciations ampoulées à l’encontre d’un libéralisme dont ils ne savent rien et auquel ils n’ont rien compris. Et s’il s’en trouve parmi eux qui n’ont pas tout à fait oublié l’époque où la Vérité les intéressait, ils sortiront de sa lecture considérablement plus intelligents qu’ils n’y étaient entrés.


Autre aspect  de l'''eritis sicut dei''  que les clercs  ne semblent plus  condamner  comme le libéralisme  le fait :  le refus  d'appliquer  aux ''hommes de l'état''  les prescriptions  universelles  de la morale  et du Droit.  Pour les étatistes,  il existerait apparemment  un ''[croyance dans le chapeau|chapeau de sorcier]'',  avec marqué dessus  "HOMME DE L'ÉTAT",  qui transformerait  tous les mensonges,  tous les pillages,  tous les meurtres,  en une forme  de "justice supérieure"  à condition  de le porter.  Est-il vraisemblable,  pourtant,  que  le Décalogue  ne s'adresse pas  aux hommes de l'état ?  Ces interdictions  de faire  le Mal,  faudrait-il  les en dispenser  parce qu'ils  sont ceux  qui peuvent  en faire  le plus,  étant les seuls  à pouvoir  user impunément  de la violence  agressive ?  Ne sont-ils pas  des êtres humains  comme les autres,  et  davantage encore  portés  à l'erreur  et au crime,  étant  ''ceux qui peuvent  forcer les autres  à supporter  ses conséquences  à leur place'' ?  Ne sont-ils pas suprêmement  ceux qui peuvent  mentir,  voler,  assassiner ?


Que nos clercs  ne se récrient  pas trop vite  devant  le "simplisme"  de cette "caricature".  Car c'est bien aussi  ce qu'implique  leur propre  invocation  du "bien commun"  à l'encontre  du libéralisme. Elle ne fait  qu'ajouter  une formule rituelle  comme condition d'efficacité  du chapeau,  mais  l'inconséquence magique  est la même : oui,  disent-ils  en substance,  les hommes de l'état  ont le "droit"  de disposer  du bien d'autrui  contre son gré,  à condition  de prétexter  une destination particulière  du butin. Mais la destination est indéfinissable  et le prétexte absurde,  puisque  le principe libéral  de non agression,  comme l'ont découvert  les derniers Scolastiques,  est justement  la solution de ce programme de recherche  qu'est  la question du "bien commun".
* 1 {{note|note1}} NDLR : Comme le note [[Christian Michel]] : « Il est intolérable pour un libéral, parce que follement dangereux pour nous tous, qu’un gouvernement quelconque puisse décider à son bon plaisir qui est un être humain et qui ne l’est pas. »[https://www.cite-catholique.org/viewtopic.php?p=22083&sid=f72559f0f086acd836a679719d00e9d5#p22083] (voir le tableau sur Wikipédia : [https://en.wikipedia.org/wiki/Abortion_law#Summary_table]).


La non agression  est la seule définition  de l'acte juste  qui soit  constatable par tous :  définissant  comme propriété légitime  tout ce qu'on n'a pas  objectivement  volé,  c'est-à-dire  acquis  par violence  et tromperie,  ce principe  est universel  et exclusif  de tout autre.  En l'admettant  "mais dans certaines limites",  parce qu'ils prétendent  le faire dépendre  d'autres normes  prétendument  "supérieures",  comme  le "bien commun",  le "droit à la vie"  et autres  "destination universelle  des biens",  les clercs  ne jettent  pas seulement  la logique  par-dessus bord :  en la rejetant,  c'est  toute l'objectivité  du Juste  qu'ils abandonnent.  Ils livrent  à l'arbitraire  l'ensemble  des règles  politiques  et sociales  et de ce fait,  qu'ils en aient conscience  ou non,  embrassent  non seulement  le subjectivisme,  mais l'utilitarisme  qu'ils prétendent  par ailleurs  abhorrer.  Car pour définir  la justice  au-delà  des critères  du Décalogue,  il leur faudrait  pouvoir sonder  les reins et les cœurs.  Et,  bien entendu,  qui veut faire l'ange  fait la bête.  Voilà  à quoi conduit  de trouver plus raisonnable,  moins extrémiste,  de dire  suivant  la formule  du Cardinal  de Lubac,  que deux  et deux  feraient  quatre  et demi.
== Voir aussi ==


L'antilibéralisme  de nos clercs  leur offre  bien d'autres  occasions  de renier  les principes  et les valeurs  du christianisme :  confondant  la morale  avec la justice, ils invoquent  ses recommandations  contre le Droit  des autres,  oubliant  — ou feignant d'oublier —  que ce Droit-là  de choisir  est une condition nécessaire  de l'acte moral,  et prennent pour de la charité  cette prétendue  "solidarité"  qui n'est,  pour reprendre  un mot  de saint Augustin,  qu'un brigandage  étatique.  voler les autres  soi-disant  au profit  des pauvres,  est-ce vraiment  ce que le Christ  demandait  aux puissants ? Et comment croire  qu'ils l'admettent  par souci concret  d'aider les nécessiteux,  alors que  leur "réalisme"  consiste surtout  à gober  toutes les pieuses déclarations  des hommes de l'état,  comme si  la redistribution politique  ne consistait pas par définition  en ce que les forts volent les faibles,  les pauvres  en étant donc toujours  les principales victimes[http://www.liberalia.com/htm/fg_voleur_pauvres.htm] ?
* [[François Guillaumat]], « [[Qui est le propriétaire de mon corps ?]] »


Traitant  par le mépris  l'obligation  de servir autrui  pour se servir  soi-même  qui caractérise  les relations  par définition  volontaires  de la société libérale,  accablant de quolibets  la "mythique main invisible",  ils encensent  les hommes  de l'état  qui détruisent  cette nécessité réelle  du service rendu  à autrui  au milieu  de discours  sur le prétendu "service public",  institution  qui,,  par nature  et par vocation,  en est effectivement  dispensée  par leur violence  subventionneuse  et monopolistique : non serviam !  Accusant  d'"idolâtrer  le marché"  ceux qui ne font  que prendre  au sérieux  les prescriptions politiques  du Décalogue,  ils rejettent  sa définition  de l'acte juste  au profit  d'utopies  de "justice sociale"  impliquant  que les hommes  de l'état  seraient  Omnipotents,  Omniscients  et Infiniment Bons  et se retrouvent  à patauger  dans leur matérialisme pratique,  car ce sont eux  qui raisonnent sérieusement  à partir  de prétendues "mesures"  des projets humains  avec des sommes d'argent,  ayant perdu  toute conscience  de l'abîme moral  qui sépare  l'argent honnête  de celui  qu'ils ont volé.  Et  pour parler  de "marché"  qui donc, sinon eux-mêmes  n'a que ce mot-là  à la bouche ?  La règle de vie  qu'ils voudraient  disqualifier  étant  le simple principe  de non agression,  intimement connu  et reconnu  par tout le monde,  comment  en faire  un monstre,  s'ils ne l'affublent pas  d'un nom  que personne  ne comprend,  à commencer  par eux-mêmes ?
[[Category:Textes]]
[[Category:Politique]]
[[category:religion]]


Cependant,  les valeurs chrétiennes  les plus spectaculairement reniées  par l'antilibéralisme  clérical  sont  les principales :  l'amour,  et notamment  l'amour  de la vérité.  Le libéralisme  est d'abord  l'objet  de falsifications.  La plus grave,  hélas,  fut commise  au siècle dernier  par notre Sainte Mère  l'église  qui,  au lieu  de reconnaître  dans le libéralisme  son enfant légitime,  l'a pris  pour le contraire  de ce qu'il est :  pour un "subjectivisme"  parce que,  quand  il disait  que ceux qui se trompent  ont des Droits,  elle croyait entendre  que l'erreur  en aurait.  Pourtant,  après deux siècles  de mises au point  par tant  de libéraux  expressément  ou implicitement  partisans  du droit naturel  (à la suite  de Locke),  que penser  de descriptions  qui le confondent encore  — ou font semblant —  avec  un absurde rejet  de toute norme  et de toute contrainte,  avec les misérables rationalisations  de l'anomisme libertaire,  refusant toujours  de faire aux libéraux  la charité  de les considérer  comme capables de penser  la norme politique ?  Ou qui appellent  "libéraux"  des précurseurs de l'étatisme totalitaire  comme Hobbes  ou Rousseau,  des pseudo-conservateurs  ploutocratiques comme Guizot  et même — cela s'est vu ! autoritaires  comme Bismarck ?  Ou encore  qui voient  du"néo-libéralisme"  dans le vol de leurs terres  aux paysans,  la collusion  des monopoles  d'état  en des supermonopoles  supranationaux  ou l'accaparement personnel  par les hommes  au pouvoir  des richesses  volées au peuple  par leurs prédécesseurs  socialo-communistes ?


Est-ce  pour cela  que les auteurs  de commentaires  se voulant savants  ne font  qu'interpréter  de travers  les quelques publicistes  dont on leur a dit  qu'ils étaient libéraux  parce qu'ils sont  des économistes compétents,  comme Friedman  ou Hayek ?  Comment  écarter l'hypothèse  d'un refus de savoir,  chez ceux  qui "jugent le libéralisme"  sans avoir  lu une ligne  de Mises,  Rand,  Jasay,  Rothbard  et Hoppe,  ses plus grands penseurs  en ce siècle ?  Comment prendre au sérieux  ces "penseurs sociaux",  diplômés  voire professeurs de "philosophie politique",  qui discutent gravement  des politiques  et des institutions  sans seulement  connaître  leurs conséquences réelles,  n'ayant jamais appris  la théorie économique ?  Qui passent  leur temps  à accuser  la liberté naturelle  de causer  chômage,  pauvreté,  analphabétisme,  drogue,  Sida,  délinquance,  alors que  ces pannes  de la régulation sociale  ne sont dues qu'à l'irresponsabilité et à l'impuissance  institutionnelles  que les hommes de l'état  nous imposent  par leurs usurpations  massives et permanentes ?  Comment  ne pas douter  de la santé mentale  de ceux  qui taxent  d'"ultralibéralisme"  notre société  alors que  ces hommes de l'état  y bafouent  toujours davantage  notre Droit  de décider  des affaires  qui sont  les nôtres,  volant,  pour redistribuer  à leurs conditions,  bien plus  de la moitié  de ce que  nous produisons ?  Et surtout,  comment croire  que ces gens-là  auraient sincèrement  recherché la Vérité ?


C'est  pour ces ignorants volontaires,  qui manquent  à leur devoir d'état,  et plus encore  pour leurs innombrables dupes,  dont ils s'affairent  depuis des décennies  à brouiller  le jugement,  que Patrick Simon  a écrit  ce livre.  Qu'on  se rassure : c'est  avec  beaucoup plus  de ménagements  qu'il tente  de rapprocher  ses lecteurs  de certaines  des dures évidences  que je viens  de leur jeter  à la face.  C'est  par des faits,  des exemples,  des citations  patiemment développés  qu'il démontre  que la norme politique  libérale  est au moins  compatible  avec le christianisme.  Autant dire  que c'est  avec une spatule,  une toute petite  spatule en bois,  qu'il tente  de décrotter  nos analphabètes  économiques  à la française,  auteurs  et lecteurs  de dénonciations  ampoulées  à l'encontre d'un libéralisme  dont  ils ne savent rien  et auquel  ils n'ont rien compris.  Et s'il s'en trouve  parmi eux  qui n'ont  pas  tout à fait  oublié  l'époque  où la Vérité  les intéressait,  ils sortiront  de sa lecture  considérablement  plus intelligents  qu'ils n'y étaient  entrés.
[[en: The Law of the Decalogue]]
[[it: Il Diritto del Decalogo]]
[[es: La Política del Decálogo]]

Version actuelle datée du 27 June 2024 à 03:17

Par François Guillaumat

Préface au livre de Patrick Simon, Peut-on être catholique et libéral ?, Paris, 1999.

La norme libérale consiste à soumettre tous les membres de la Cité aux quatre articles du Décalogue qui concernent la politique :

— tu ne voleras pas,
— tu ne désireras pas injustement le bien d’autrui,
— tu n’assassineras pas,
— tu ne mentiras pas,

cette dernière norme étant incluse dans la politique, parce que la plupart des mensonges violent en fait le Droit ou sont nécessaires à l’injustice.

La justice libérale, par conséquent, tout le monde la connaît, et tout le monde s’y soumet dans sa vie de tous les jours, y compris les politiciens et autres hommes de l’État, quand justement ils n’agissent pas en tant qu’hommes de l’État. Celui qui ne s’y conforme pas : qui frappe son voisin, agresse les passants dans la rue pour les voler, tue sa femme, celui-là se retrouve en prison, à l’hôpital ou à la morgue. La définition libérale de la justice est donc la définition normale des gens normaux. Alors par quelle aberration devons-nous subir les pillages et autres brimades d’un État qui est socialiste comme jamais ? Et par quelle schizophrénie tant de clercs, de soi-disant « chrétiens », et comme les autres conscients et respectueux de la justice naturelle, approuvent-ils de sa part tous ces délits et crimes ?

La raison est typique des tromperies du Malin : « tout le monde est contre le vol », expliquent les sophistes qui le servent, « mais le vol n’existe pas en soi, c’est “la loi” qui le définit ». Pour être clair, ce seraient les hommes de l’État qui décident ce que c’est qu’un voleur et qui n’en est pas un. De même que pour l’avortement, ils déterminent aujourd’hui ce qui est un assassinat et ce qui n’en est pas un[1]. À eux appartiendrait donc la définition du bien et du mal.

C’est en cela que le libéralisme s’oppose à l’étatisme : pour lui, un voleur, un assassin ne sont pas ceux qui ne passent pas par les procédures étatiques reconnues pour dépouiller leur prochain ou l’expédier ad patres : pour le libéral, à l’inverse du démocrate-social qui se fait souvent passer pour lui, le voleur est celui qui s’empare du bien d’autrui sans son consentement ; quels que soient l’agresseur, la victime, le motif du vol, la destination du butin, les « besoins » des receleurs, ou encore le nombre de personnes qui approuvent ce vol ou nient qu’il en est un. Et selon les mêmes principes rationnels de l’objectivité et de l’universalité, est un assassin quiconque tue délibérément un innocent. Point final : définitions nécessaires et suffisantes. Quant à savoir de quel côté se trouve le Décalogue il suffit de se demander s’il ordonne : « tu feras comme disent les hommes de l’État », « tu adoreras la Démocratie » ou si, au contraire, il répète : « tu ne voleras pas », « tu n’assassineras pas », etc.

Autre aspect de l'eritis sicut dei que les clercs ne semblent plus condamner comme le libéralisme le fait : le refus d’appliquer aux hommes de l’État les prescriptions universelles de la morale et du Droit. Pour les étatistes, il existerait apparemment un chapeau de sorcier, avec marqué dessus « HOMME DE L’ÉTAT », qui transformerait tous les mensonges, tous les pillages, tous les meurtres, en une forme de « justice supérieure » à condition de le porter. Est-il vraisemblable, pourtant, que le Décalogue ne s’adresse pas aux hommes de l’État ? Ces interdictions de faire le Mal, faudrait-il les en dispenser parce qu’ils sont ceux qui peuvent en faire le plus, étant les seuls à pouvoir user impunément de la violence agressive ? Ne sont-ils pas des êtres humains comme les autres, et davantage encore portés à l’erreur et au crime, étant ceux qui peuvent forcer les autres à supporter ses conséquences à leur place ? Ne sont-ils pas suprêmement ceux qui peuvent mentir, voler, assassiner ?

Que nos clercs ne se récrient pas trop vite devant le « simplisme » de cette « caricature ». Car c’est bien aussi ce qu’implique leur propre invocation du « bien commun » à l’encontre du libéralisme. Elle ne fait qu’ajouter une formule rituelle comme condition d’efficacité du chapeau, mais l'inconséquence magique est la même : oui, disent-ils en substance, les hommes de l’État ont le « droit » de disposer du bien d’autrui contre son gré, à condition de prétexter une destination particulière du butin. Mais la destination est indéfinissable et le prétexte absurde, puisque le principe libéral de non agression, comme l’ont découvert les derniers Scolastiques, est justement la solution de ce programme de recherche qu’est la question du « bien commun ».

La non agression est la seule définition de l’acte juste qui soit constatable par tous : définissant comme propriété légitime tout ce qu’on n’a pas objectivement volé, c’est-à-dire acquis par violence et tromperie, ce principe est universel et exclusif de tout autre. En l’admettant « mais dans certaines limites », parce qu’ils prétendent le faire dépendre d’autres normes prétendument « supérieures », comme le « bien commun », le « droit à la vie » et autres « destination universelle des biens », les clercs ne jettent pas seulement la logique par-dessus bord : en la rejetant, c’est toute l’objectivité du Juste qu’ils abandonnent. Ils livrent à l’arbitraire l’ensemble des règles politiques et sociales et de ce fait, qu’ils en aient conscience ou non, embrassent non seulement le subjectivisme, mais l’utilitarisme qu’ils prétendent par ailleurs abhorrer. Car pour définir la justice au-delà des critères du Décalogue, il leur faudrait pouvoir sonder les reins et les cœurs. Et, bien entendu, qui veut faire l’ange fait la bête. Voilà à quoi conduit de trouver plus raisonnable, moins extrémiste, de dire suivant la formule du Cardinal de Lubac, que deux et deux feraient quatre et demi.

L’antilibéralisme de nos clercs leur offre bien d’autres occasions de renier les principes et les valeurs du christianisme : confondant la morale avec la justice, ils invoquent ses recommandations contre le Droit des autres, oubliant — ou feignant d’oublier — que ce Droit-là de choisir est une condition nécessaire de l’acte moral, et prennent pour de la charité cette prétendue « solidarité » qui n’est, pour reprendre un mot de saint Augustin, qu’un brigandage étatique. Voler les autres soi-disant au profit des pauvres, est-ce vraiment ce que le Christ demandait aux puissants ? Et comment croire qu’ils l’admettent par souci concret d’aider les nécessiteux, alors que leur « réalisme » consiste surtout à gober toutes les pieuses déclarations des hommes de l’État, comme si la redistribution politique ne consistait pas par définition en ce que les forts volent les faibles, les pauvres en étant donc toujours les principales victimes ?

Traitant par le mépris l’obligation de servir autrui pour se servir soi-même qui caractérise les relations par définition volontaires de la société libérale, accablant de quolibets la « mythique main invisible », ils encensent les hommes de l’État qui détruisent cette nécessité réelle du service rendu à autrui au milieu de discours sur le prétendu « service public », institution qui, par nature et par vocation, en est effectivement dispensée par leur violence subventionneuse et monopolistique : non serviam ! Accusant d’« idolâtrer le marché » ceux qui ne font que prendre au sérieux les prescriptions politiques du Décalogue, ils rejettent sa définition de l’acte juste au profit d’utopies de « justice sociale » impliquant que les hommes de l’État seraient Omnipotents, Omniscients et Infiniment Bons et se retrouvent à patauger dans leur matérialisme pratique, car ce sont eux qui raisonnent sérieusement à partir de prétendues « mesures » des projets humains avec des sommes d'argent, ayant perdu toute conscience de l’abîme moral qui sépare l’argent honnête de celui qu’ils ont volé. Et pour parler de « marché » qui donc, sinon eux-mêmes n’a que ce mot-là à la bouche ? La règle de vie qu’ils voudraient disqualifier étant le simple principe de non agression, intimement connu et reconnu par tout le monde, comment en faire un monstre, s’ils ne l’affublent pas d’un nom que personne ne comprend, à commencer par eux-mêmes ?

Cependant, les valeurs chrétiennes les plus spectaculairement reniées par l’antilibéralisme clérical sont les principales : l’amour, et notamment l’amour de la vérité. Le libéralisme est d’abord l’objet de falsifications. La plus grave, hélas, fut commise au siècle dernier par notre Sainte Mère l’église qui, au lieu de reconnaître dans le libéralisme son enfant légitime, l’a pris pour le contraire de ce qu’il est : pour un « subjectivisme » parce que, quand il disait que ceux qui se trompent ont des droits, elle croyait entendre que l’erreur en aurait. Pourtant, après deux siècles de mises au point par tant de libéraux expressément ou implicitement partisans du Droit naturel (à la suite de Locke), que penser de descriptions qui le confondent encore — ou font semblant — avec un absurde rejet de toute norme et de toute contrainte, avec les misérables rationalisations de l’anomisme libertaire, refusant toujours de faire aux libéraux la charité de les considérer comme capables de penser la norme politique ? Ou qui appellent « libéraux » des précurseurs de l’étatisme totalitaire comme Hobbes ou Rousseau, des pseudo-conservateurs ploutocratiques comme Guizot et même — cela s’est vu ! autoritaires comme Bismarck ? Ou encore qui voient du « néo-libéralisme » dans le vol de leurs terres aux paysans, la collusion des monopoles d’État en des supermonopoles supranationaux ou l’accaparement personnel par les hommes au pouvoir des richesses volées au peuple par leurs prédécesseurs socialo-communistes ?

Est-ce pour cela que les auteurs de commentaires se voulant savants ne font qu’interpréter de travers les quelques publicistes dont on leur a dit qu’ils étaient libéraux parce qu’ils sont des économistes compétents, comme Friedman ou Hayek ? Comment écarter l’hypothèse d’un refus de savoir, chez ceux qui « jugent le libéralisme » sans avoir lu une ligne de Mises, Rand, Jasay, Rothbard et Hoppe, ses plus grands penseurs en ce siècle ? Comment prendre au sérieux ces « penseurs sociaux », diplômés voire professeurs de « philosophie politique », qui discutent gravement des politiques et des institutions sans seulement connaître leurs conséquences réelles, n’ayant jamais appris la théorie économique ? Qui passent leur temps à accuser la liberté naturelle de causer chômage, pauvreté, analphabétisme, drogue, SIDA, délinquance, alors que ces pannes de la régulation sociale ne sont dues qu’à l’irresponsabilité et à l’impuissance institutionnelles que les hommes de l’État nous imposent par leurs usurpations massives et permanentes ? Comment ne pas douter de la santé mentale de ceux qui taxent d’« ultra-libéralisme » notre société alors que ces hommes de l’État y bafouent toujours davantage notre Droit de décider des affaires qui sont les nôtres, volant, pour redistribuer à leurs conditions, bien plus de la moitié de ce que nous produisons ? Et surtout, comment croire que ces gens-là auraient sincèrement recherché la Vérité ?

C’est pour ces ignorants volontaires, qui manquent à leur devoir d’état, et plus encore pour leurs innombrables dupes, dont ils s’affairent depuis des décennies à brouiller le jugement, que Patrick Simon a écrit ce livre. Qu’on se rassure : c’est avec beaucoup plus de ménagements qu’il tente de rapprocher ses lecteurs de certaines des dures évidences que je viens de leur jeter à la face. C’est par des faits, des exemples, des citations patiemment développés qu’il démontre que la norme politique libérale est au moins compatible avec le christianisme. Autant dire que c’est avec une spatule, une toute petite spatule en bois, qu’il tente de décrotter nos analphabètes économiques à la française, auteurs et lecteurs de dénonciations ampoulées à l’encontre d’un libéralisme dont ils ne savent rien et auquel ils n’ont rien compris. Et s’il s’en trouve parmi eux qui n’ont pas tout à fait oublié l’époque où la Vérité les intéressait, ils sortiront de sa lecture considérablement plus intelligents qu’ils n’y étaient entrés.


  • 1 ^  NDLR : Comme le note Christian Michel : « Il est intolérable pour un libéral, parce que follement dangereux pour nous tous, qu’un gouvernement quelconque puisse décider à son bon plaisir qui est un être humain et qui ne l’est pas. »[2] (voir le tableau sur Wikipédia : [3]).

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