Socialement proche

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Socialement proche (Социально-близкие) est le terme officiel employé dans les régimes socialistes pour désigner les prisonniers de droit commun: voleurs, escrocs, vandales, bandits, violeurs, assassins, racketeurs et autres mafieux.

Le terme s’oppose à ennemi du peuple (враг народа), qui qualifie toute personne s’opposant au régime par ses actes, ses pensées, ses valeurs: contre-révolutionnaires, dissidents, commerçants honnêtes, personnes échangeant pacifiquement sur le marché noir.

Pour les socialistes, les « droit commun » sont « socialement proches », parce qu’ils sont des « victimes » des méfaits du capitalisme et des vices bourgeois, et parce qu’ils partagent les mêmes valeurs de « redistribution » forcée au détriment des producteurs et au bénéfice des « défavorisés ». Les socialement proches sont des affranchis, tout comme les membres légitimes du régime. Ils sont proches du régime, mais n’en font pas partie: ce ne sont pas des spoliateurs légaux, d’où leur emprisonnement quand ils sont pris. Ils ne jouent pas dans la cour des grands.

Les socialement proches ont vocation à avoir de faibles peines, à être bien traités, et à s’occuper de pourrir la vie aux caves — que ce soit en camp ou parmi la masse des citoyens en liberté surveillée. Ainsi, l’attention des caves est distraite, et la protection offerte par les [noble]s leur paraît bien agréable, « nécessaire » et désirable en comparaison. Il est tellement amusant pour les nobles de regarder les koulaks et autres moujiks se débattre sous les coups des socialement proches!

Lire notamment l’Archipel du Goulag d’Alexandre Soljénitsine pour une discussion du rôle des socialement proches dans les camps [1]. A rapprocher de la sollicitude dont bénéficient toutes les pires crapules criminelles aux yeux des « intellectuels » gauchistes, les mêmes qui conspuent tout entrepreneur honnête jusqu’à en souhaiter l’extermination (ouvertement ou non selon des considérations stratégiques). Ainsi, même si le terme socialement proche n’est pas dans la phraséologie officielle des social-démocraties, le concept y est tout aussi présent que dans les régimes ouvertement socialistes.

« Это всё уходит очень глубоко. В трудах прошлого века люмпен-пролетариат осуждался разве только за некоторую невыдержанность, непостоянство настроения. А Сталин всегда тяготел к блатарям —кто ж ему грабил банки? Еще в 1901 году сотоварищами по партии и тюрьме он был обвин?н в использовании уголовников против политических противников. С 20-х годов родился и услужливый термин: *социально-близкие*. В этой плоскости и Макаренко: *зтих* можно исправить. (По Макаренко, исток преступлений —только “контрреволюционное подполье”). Нельзя исправить *тех* —инженеров, священников, эсеров, меньшевиков.

[ And all that went very deep indeed. In works of the last century, the lumpenproletariat was criticized for little more than a certain lack of discipline, for fickleness of mood. And Stalin was always partial to the thieves—after all, who robbed the banks for him? Back in 1901 his comrades in the Party and in prison accused him of using common criminals against his political enemies. From the twenties on, the obliging term “social ally” came to be widely used. That was Makarenko’s contention too: these could be reformed. According to Makarenko, the origin of crime lay solely in the “counterrevolutionary underground.” (Those were the ones who couldn’t be reformed—engineers, priests, SR’s, Mensheviks.) ]

— Александр Солжени́цын, Архипелаг ГУЛаг


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