Simone de Beauvoir

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L’H. : Est-ce qu’elle parle du nazisme dans ses carnets ?
I. G. : Elle parle quelquefois des Juifs qu’elle a vus être menacés ou arrêtés, avec une relative indifférence. Cela ne va jamais plus loin qu’une ou deux phrases. Mais le pire est sans doute son attitude face à Bianca Bienenfeld, son ancienne amante juive qui était aussi la maîtresse de Sartre. Le 10 mars 1940, moment où cette dernière reçoit une lettre de rupture de Sartre, Beauvoir écrit avec cynisme : « Elle hésite entre le camp de concentration et le suicide. » (Lettres à Sartre, Gallimard, 1990, t. II, p. 133.) Sartre et Beauvoir laissent tomber Bianca qui s’est cachée dans le Vercors, et jamais ils n’ont cherché à savoir ce qu’elle était devenue.
L’H. : Sartre devient un compagnon de route du PCF en 1952. Elle le suit ?
I. G. : Oui, elle soutient comme lui le Parti communiste comme elle distribuera plus tard La Cause du peuple des maos. En 1954, elle rédige un article significatif pour Les Temps modernes où elle écrit notamment : « La vérité est une : l’erreur, multiple. Ce n’est pas un hasard si la droite professe le pluralisme. » Autrement dit, contre le pluralisme, il n’y a qu’une vérité, le marxisme. Une fois encore, elle embrasse une nouvelle cause avec passion. Claude Roy, ancien communiste exclu du Parti, a écrit fort justement dans son article nécrologique du Nouvel Observateur que « la force et la faiblesse de Beauvoir, c’était d’être absolument absolue » 18 avril 1986.
Elle a fait de multiples voyages avec Sartre, en URSS, en Chine, à Cuba. Elle ne s’est pas érigée en modèle, mais elle a eu une grande influence pour beaucoup d’intellectuels de la gauche non orthodoxe.
Ingrid Galster, « Les trois vies de Simone de Beauvoir », L’Histoire, mensuel 327, janvier 2008

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