Loi de Bitur-Camember
La Loi de Bitur-Camember ou : Loi de la Destruction Totale établit par une combinaison du raisonnement à l'équilibre, qui part du fait universel qu' il n'y a jamais de profit certain, et des règles de la comptabilité, donc à travers elles de la loi métaphysique de l'identité, que la redistribution politique détruit en tendance une richesse équivalente à celle qu'elle vole.
Autres énoncés
- Pour toute richesse volée et redistribuée par les hommes de l'Etat, une richesse équivalente devra être détournée de la production réelle pour être pseudo-investie dans la lutte pour ce butin, c'est-à-dire dans les démarches, l'intrigue, la propagande, la corruption et la violence nécessaires pour affronter la rivalité des autres prétendants : de sorte qu'en tendance, tous les avantages de l'action politique doivent être dissipés en coûts subis pour les obtenir.
- À tout gain quelconque occasionné par l'intervention de l'autorité politique correspond une destruction préalable de valeur quasi-équivalente en efforts pour capter ce gain. (Faré)
Démonstration
Il n'y a pas de profit certain
La théorie économique générale démontre - c'est même le point de départ de la théorie financière - que toute occasion de profit est immédiatement exploitée jusqu'à sa disparition : il s'ensuit qu'il ne peut jamais y avoir de profit certain.
La redistribution politique ne profite jamais à ses bénéficiaires supposés
Les économistes en ont déduit depuis longtemps que, toutes choses égales par ailleurs, la redistribution politique n'appauvrit ou enrichit les possesseurs de la chose taxée ou subventionnée que s'ils la détenaient au moment où celle-ci est devenue certaine. Ceux qui viennent longtemps après n'en profitent pas ni n'en souffrent, la chose étant à terme compensée par des variations de prix.
Les avantages et les charges réels de la redistribution politique, les économistes le savent, ne tombent donc que rarement sur ceux que désignent la loi et le discours public : ils sont au contraire aléatoires, dépendant des rapports de forces politiques ainsi que des conditions du marché.
La Loi de la destruction totale
Cependant, la théorie économique doit aussi reconnaître que pour obtenir la redistribution en question, de même que pour tenter de l'empêcher, on aura aussi dû faire des efforts et consentir des dépenses. Et c'est de ce fait-là que la théorie économique du laissez-faire entend, pour sa part, déduire que l'intervention de l'Etat détruit toute la production dont elle s'empare, soit au moment où elle s'empare du bien produit en rompant le lien entre la propriété usurpée et le projet que celle-ci devait servir, soit au cours des efforts faits pour s'emparer de ce butin ou pour échapper au vol par les pseudo-investisseurs dans la redistribution politique.
En appliquant à la redistribution politique le raisonnement général sur l' équilibre, fondé sur le fait qu'il n'y a jamais de profit certain, on démontre que pour recevoir les distributions de l'interventionnisme public, il faut en tendance consacrer à les obtenir des ressources équivalentes à ce qu'on en attend, dépense qui est entièrement perdue pour toute production réelle. Il s'ensuit que l'intervention de l'état détruit en tendance une richesse équivalente à toute richesse dont elle s'empare. En outre, elle le ferait automatiquement et certainement dans les conditions de "certitude" de l'"équilibre général", et ses adeptes s'en seraient rendus compte depuis longtemps s'ils n'omettaient pas depuis le début d'y intégrer la redistribution politique.
La Loi de Bitur-Camember est masquée par l'ignorance rationnelle
Les profits de la redistribution politique ne sont dus qu'à l'incertitude et, on vient de le voir, sont nécessairement bien moindres que les pertes qu'elle engendre ; cependant, l'imperfection de l'information, en l'espèce l'Illusion fiscale, aveugle l'opinion sur les pertes qu'elle entraîne, les statistiques étant faites pour n'en rendre aucun compte : soit qu'elles ne recensent qu'une partie des dépenses, efforts et pertes de temps consacrés à la recherche du butin, soit qu'elles "évaluent" les prétendus "services publics" à la charge qu'elles infligent au contribuable, et non à ce qu'il aurait pu être d'accord pour payer en échange.
Plus généralement, cet aveuglement s'explique par l'"ignorance rationnelle" des décideurs dans un cadre étatiste : l'interventionnisme d'état, en permettant à certains d'imposer aux autres de subir à leur place les conséquences de leurs choix - c'est-à-dire en instituant l'irresponsabilité - fait en sorte que ni les décideurs ni ceux qui subissent les décisions n'ont plus intérêt à s'informer de leurs conséquences à la hauteur de l'enjeu qui est en cause : cette Irresponsabilité Institutionnelle inhérente à l'interventionnisme d'Etat engendre l'incompétence et l'aveuglement chez ses agents aussi bien que chez ses victimes.
L'économiste compétent n'est pas dupe de l'illusion fiscale
L'intervention de l'Etat, en isolant le décideur des conséquences de ses décisions, engendre donc une illusion systématique quant à leurs effets, illusion systématique que les théoriciens des choix publics ont appelée illusion fiscale (Buchanan) ou illusion politique (Puviani) et qui protège largement l'interventionnisme d'une appréhension correcte de ses effets destructeurs, ainsi que du caractère vain des "avantages" qu'on croit en tirer.
C'est le métier de l'économiste que de n'être pas dupe de cette illusion, et de décrire malgré elle les effets réels des politiques et des institutions, leurs redistributions effectives, l'impossibilité d'en profiter et leurs inéluctables destructions, par opposition aux effets que leur prête, à tort, le profane (et l'"économiste" à la française).
La loi de Bitur-Camember apparaît clairement si on raisonne à l'équilibre en faisant abstraction de l'incertitude
C'est s'il se représente l'économie comme les théoriciens de l'"équilibre", en faisant abstraction de l'incertitude, que l'économiste peut dégager la Loi de Bitur-Camember de la manière la plus exacte, la plus automatique et la plus certaine : dans une telle représentation, ce n'est pas seulement "en tendance" que la redistribution politique tend à détruire l'équivalent de tout ce qu'elle vole, mais toujours et partout.
En particulier, si les modèles de l'"équilibre général" l'étaient vraiment, "généraux", et intégraient enfin la redistribution politique dans leurs analyses d'équilibre "général", ils auraient depuis longtemps conclu que celle-ci est automatiquement et totalement destructrice de tout ce dont elle s'empare.
La Loi de Bitur-Camember et le Multiplicateur des Calamités
Le Cercle vicieux de l'interventionnisme
Une intervention particulière de l'Etat détruit donc la richesse dont elle s'empare dans un rapport de 1 à 1. Or, on a souvent l'impression qu'elle cause bien plus de destructions que cela. L'explication se trouve dans les destructions à venir, causées par les interventions futures que la première aura engendrées.
En effet, comme l'a démontré Ludwig von Mises, comme l'intervention de l'Etat crée un précédent dans la destruction du Droit, n'atteint pratiquement jamais ses objectifs affichés, et cause des dégâts dont le mécontentement se nourrit, elle engendre des pressions pour des interventions ultérieures aussi longtemps que subsiste l'illusion quant à ses effets réels : c'est le Cercle vicieux de l'interventionnisme décrit par Mises ou Loi des Calamités selon la formule de Michel de Poncins, qui doit conduire à terme à l'abolition de tout Droit (le "socialisme réel") et à la destruction de toute richesse si on continue à ne pas tenir compte de ses véritables conséquences.
Le Multiplicateur des Calamités
On appellera Multiplicateur des Calamités le rapport, supérieur à 1, entre les richesses dont s'empare une intervention particulière des hommes de l'Etat, et celles que cette intervention spécifique aura finalement détruites, compte tenu des interventions supplémentaires qu'elle aura par la suite inspirées.
Effets automatiques et effets vraisemblables
La Loi de Bitur-Camember et la Loi des Calamités sont donc vraies, toutes les deux, et ne diffèrent que par le type de causalité sociale dont on a choisi d'étudier les effets : la première décrit les conditions de l'"équilibre final" telles que les déterminent les effets contraignants d'une politique déterminée, la deuxième les conditions qui naissent des autres politiques que la première a de fortes chances d'inspirer.
La Loi de Bitur-Camember décrit les effets automatiques d'une politique par hypothèse déjà décidée, alors que les effets cumulatifs que celle-ci entraînera par le jeu de la Loi des Calamités ne sont que probables : les rapports de forces peuvent changer de façon imprévisible et en outre les parties prenantes peuvent théoriquement se rendre compte à tout moment que la spoliation légale n'est que pure destruction, et qu'il est donc toujours dans l'intérêt rationnel de tous de tenter d'y mettre fin.
Pourquoi Bitur-Camember
- Il s'agissait de trouver à cette loi, que nous avons démontrée ici, un nom qui illustre le fait que jusqu'à présent, les économistes - et a fortiori les comptables nationaux - n'avaient pas tiré toutes les conséquences des pseudo-investissements qu'on est obligé de faire dans la redistribution politique pour en obtenir les butins, et surtout n'avaient pas fait fait appel au raisonnement économique pour évaluer leur ampleur.
- En somme, il fallait trouver une appellation qui traduise l'erreur de comptabilité majeure de ceux qui raisonnent sur la redistribution politique comme si elle pouvait durablement détruire moins qu'elle ne vole, parce qu'ils ne se sont pas demandés comment ce serait possible, alors que justement nous venons, pour nous être posé la question, de démontrer que ce ne l'est pas, que la redistribution politique tend à détruire l'équivalent de toute richesse dont elle s'empare, comme déduction directe et nécessaire du fait, reconnu par tous, qu'il ne peut pas exister de profit certain.
- Nous avons vu dans cette erreur logique, consistant à croire que la redistribution politique pourrait durablement détruire moins qu'elle ne vole, une analogie irrésistible avec les conceptions scientifiques du sergent Bitur, telles qu'il les faisait connaître au sapeur Camember:
- m'ferez quatre jours pour n'avoir pas creusé le deuxième trou assez grand pour pouvoir y mettre sa terre avec celle du premier trou.
- En effet, comme nous venons de le voir, il n'y a pas non plus de redistribution politique assez grande pour qu'on puisse y décompter à la fois la richesse qu'elle détruit et les avantages qu'elle apporte à ses bénéficiaires - ces avantages-là ne peuvent être qu'illusoires, et ses bénéficiaires prétendus.
- La redistribution politique, en tendance, détruit tout ce dont elle s'empare.
- En outre, les mathématiciens apprécient le dessinateur Christophe et ses personnages, et ce sont les économistes mathématiciens qui raisonnent le plus volontiers sur la richesse à partir de présupposés qui feraient de Bitur-Camember, d'une loi déjà universelle et nécessaire, une loi en même temps exacte et absolue. Et n'a-t-on pas besoin d'un peu d'humour pour attirer leur attention sur l'erreur de comptabilité qu'ils ont commise jusqu'à présent dans leurs modèles d'un (de ce fait) prétendu équilibre général en n'y tirant pas, pour la redistribution politique, les conséquences du fait qu'il n'y a jamais de profit certain?
- (François Guillaumat et Georges Lane)
Pourquoi pas Bitur-Camember
La question se pose maintenant de comprendre pourquoi cette loi de Bitur-Camember est nouvelle dans la théorie économique, ce qui permettra d'expliquer, et de prédire, les résistances qui ne manqueront pas d'apparaître contre son acceptation :
- (1) les théoriciens de l'équilibre général, qui auraient du être les mieux placés pour la découvrir, dans la mesure où c'est dans le cadre de leurs hypothèses qu'elle est automatiquement et exactement vraie, ne ne tiennent aucun compte de la spoliation légale -- en tous cas pas des conséquences du fait qu'elle est une spoliation,
- (2) les théoriciens des choix publics n'ont pas l'habitude de raisonner en termes d'équilibre final et général, de sorte qu'ils ne sont pas allés au bout d'une estimation théorique des pertes que cause la spoliation légale.
- (3) les économistes autrichiens sont ceux qui ont conservé l'habitude de raisonner en termes de théorie générale, et qui connaissent le mieux les nécessités, et les limites, du raisonnement à l'équilibre : c'est pourquoi ce sont des économistes autrichiens qui l'ont découverte.
- Cependant les économistes autrichiens, les mieux acceptés --parce qu'ils sont seuls à explorer leur domaine de recherche -- ceux qui suivent Kirzner, n'ont pas toujours à l'esprit ce que von Mises disait du raisonnement sur les conséquences logiques des contraintes connues à un instant donné comme point de départ nécessaire pour étudier l'action de l'entrepreneur.
- (4) le pseudo-expérimentalisme domine tellement en économie aujourd'hui que les gens n'ont pas imaginé de pouvoir déterminer a priori l'ampleur théorique des dégâts que cause la spoliation légale.
- Et pour ceux qui croiraient nécessaire et possible de tenter de la "vérifier" par l'observation historique, cette Loi se manifeste de tellement de manières, à tellement d'occasions, et tellement masquées par l'illusion fiscale, que cette entreprise -- outre qu'elle est scientifiquement inutile -- exigerait un travail important.
- (5) Enfin, et c'est une conséquence de cet empirisme, on n'a peut-être pas énoncé les postulats dont la Loi de Bitur-Camember se déduit parce qu'on ne comprenait plus très bien les conditions du raisonnement théorique en économie.
Références
- Présentation par François Guillaumat et George Lane sur le site de Marc Grunert.
- Développement par François Guillaumat et Georges Lane sur le site de Faré.
- Présentation par Faré sur son blog.