Anarcho-capitalisme
Le terme capitalisme peut prêter à confusion. Certains anarcho-capitalistes choisissent pour cette raison le terme de "anarchistes de marché" (market anarchists). D'autres se décrivent comme "anarchistes" tout court, en considérant que tous les anarchistes classiques n'étaient pas contre la propriété (Spooner, et même Proudhon qui s'est ravisé). Et d'autres se décrivent comme "libéraux" tout court, considérant qu'aucune théorie libérale cohérente ne permet de justifier l'Etat.
Dans tous les cas, les anarcho-capitalistes peuvent être définis très simplement comme défendant une théorie des droits de propriété qui les pousse à considérer l'Etat comme illégitime. La plupart de leurs conclusions sur l'Etat sont proches de celles des autres anarchistes, toutefois, comme ils défendent la propriété privée, ils défendent également le libre-échange et font une distinction entre les hiérarchies contraires au Droit (celles imposées par la violence) et celles qui ne sont pas imposées par la violence (qui peuvent être critiquées sur une base individualiste).
Confusions liées à l'ambiguïté du terme capitalisme
- Les anarcho-capitalistes se soucient du respect du Droit, de la juste, comme ils l'entendent. L'important est pour eux la non-agression. Ainsi, il n'est par exemple légitime d'user de la violence contre son patron par exemple (les anarcho-capitalistes considèrent le contrat de travail comme un accord volontaire entre individus).
- Mais comme l'anarcho-capitalisme est conçu comme une théorie du Droit, il dit ce qu'il ne faut pas faire (tuer, voler, agresser), et non ce qu'il faut faire.
- La question de l'organisation économique de la société est donc considérée comme juste par l'anarcho-capitaliste dès qu'elle est basée sur l'association volontaire.
- Le capitalisme, au sens d'accumulation du capital, est donc possible si il est souhaité (et sera défendu par beaucoup d'anarcho-capitalistes sur des bases économiques), mais n'est pas une condition de l'anarcho-capitalisme.
- De même, la hiérarchie d'entreprise est possible puisque basée sur l'adhésion volontaire des salariés (selon les anarcho-capitalistes), mais n'est pas nécessairement souhaitable pour autant, ce qui compte est le libre choix. Les anarcho-capitalistes étant souvent individualistes, ils peuvent (et là on sort du champ du Droit et donc de la définition de l'anarcho-capitalisme) préférer au contraire de travailler comme indépendants. De même, si les anarcho-capitalistes critiquent la bureaucratie de l'Etat, certains aspects économiques de cette critique peuvent aussi s'appliquer à des entreprises "trop grandes".
- Les anarcho-capitalistes critiquent bon nombre d'aspects du capitalisme tel que défini par les marxistes. En premier lieu, bien évidemment, le capitalisme d'Etat. De même, l'Etat, sans collaborer directement avec une entreprise, peut créér des tas d'autres distorsions ou incitations qui peuvent influencer l'action ou la taille des entreprises : par exemple, des entreprises plus grandes auront plus de facilité à se défendre contre les hommes de l'Etat qui voudraient les nationaliser, réglementer ou taxer ; la fiscalité est un problème beaucoup plus important pour de petites entreprises ou des indépendants qui ne peuvent se permettre l'engagement de comptables ou avocats fiscalistes, etc. L'Etat peut même rendre plus difficile la création d'entreprises, privilégiant ainsi les entreprises déjà établies.