« Dignité humaine » : différence entre les versions
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Revision as of 1 March 2016 à 23:59
La "dignité humaine" est un anti-concept dont l'objectif principal est de se substituer aux droits de l'homme afin de mieux les détruire, en les remplaçant par une notion vague, indéfinie et indéfinissable.
- Ainsi, une autre technique politique, la référence à la "dignité humaine" a-t-elle permis aux juges de limiter le droit des personnes à disposer d'elles-mêmes et de leur propre corps, et s'est accompagnée d'une prolifération de justifications inquiétantes des limitations des droits de l'homme au nom d'une indéfinissable "dignité" dont les juges seuls auraient l'appréciation. Le caractère très transgressif de cette notion au regard des principes et des normes fondamentales d'un Etat démocratique a été fort bien analysé dans les travaux du juriste Olivier Cayla, voir notamment avec Yan Thomas, L'enfant, la mère, la personne, Paris, Gallimard, 2001.
- Marcela Iacub, Le crime était presque sexuel et autres essais de casuistique juridique, Paris, Flammarion, 2002, p. 9
- Olivier Cayla, "Dignité humaine : le plus flou des concepts", Le Monde, 31 janvier 2003.
Alors que la science du Droit relève d'une étude objective et d'une identification de droits universels, la "dignité humaine" repose sur de simples opinions subjectives plus ou moins partagées.
L'anti-concept se développe alors en parasitant une perception légitime issue du Droit : si tout le monde s'accorde pour reconnaître que le Droit inclut le droit de ne pas être torturé ou assassiné, alors il sera facile d'accepter également qu'être torturé ou assassiné est, par ailleurs, également contraire à la dignité humaine. On peut aussi suggérer que jeter une personne en prison est de même contraire à la dignité humaine.
Exemples
- La dignité humaine comme pseudo-argument contre le libre commerce d'organes :
- Par conséquent, toute pratique tendant à commercialiser les organes humains ou à les considérer comme des biens pouvant faire l’objet d’échanges ou de commerce doit être considérée comme moralement inacceptable, car utiliser le corps comme un « objet » signifie violer la dignité de la personne humaine.
- « Discours du pape Jean-Paul II au 18e Congrès international sur la transplantation d’organes] », 29 août 2000 [1].
- La dignité humaine comme pseudo-argument contre la liberté religieuse :
Le pape Paul VI a utilisé la « dignité humaine » pour défendre le droit à la liberté religieuse.
La liberté religieuse est bien inattaquable en tant que droit négatif, restreint uniquement par les autres droits négatifs dans le cadre du Droit : « chaque homme a le droit de ne pas être empêché par les autorités civiles d’exercer, au for externe de la vie en société, les actes religieux qu’il se sent en conscience tenu d’accomplir, pour autant que ces actes ne troublent pas l’ordre public ».[2]
En revanche, défendue par l'anti-concept de « dignité humaine » elle peut être attaquée au nom de ce même anti-concept :
- Mais il reste toujours nécessaire et légitime que l’autorité intervienne pour empêcher l’expression publique de l’erreur et du mal, afin de préserver la dignité complète de l’homme [3]
- La dignité humaine comme pseudo-argument contre la libre disposition de son corps dans le cadre de la prostitution :