« Ayn Rand » : différence entre les versions

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S’il était possible à un animal de décrire le contenu de sa conscience, le résultat serait une transcription de la philosophie de [[David Hume|Hume]].
Citation|Même indépendamment du fait que la théorie [[Emmanuel Kant|kantienne]] des «&nbsp;catégories&nbsp;» comme source des concepts de l’homme est une invention ridicule, son argument équivaut à une négation, non seulement de la conscience humaine, mais de toute espèce de conscience, de la conscience en tant que telle. Son argument, en substance, était le suivant&nbsp;: l’homme est limité par une conscience qui a une nature spécifique, laquelle perçoit par des moyens spécifiques et par nul autre&#8239;; il s’ensuivrait que sa conscience ne serait pas valide&nbsp;: que l’homme serait aveugle, parce qu’il a les yeux&#8239;; sourds, parce il a des oreilles&#8239;; dans l’erreur, parce qu’il a un esprit. Et c’est ''parce'' qu’il les perçoit que les choses qu’il perçoit n’existeraient pas<ref>Ayn Rand, [http://tfasinternational.org/ila/AynRand-ForTheNewIntellectual.pdf, ''For the New Intellectual''], 1961, p. 33. Cf aussi George Walsh,[http://enlightenment.supersaturated.com/objectivity/walsh1/ «&nbsp;Ayn Rand and the Metaphysics of Kant&nbsp;»]</ref>.
Ses conclusions seraient celles d’une conscience confinée au niveau de la perception, réagissant passivement à l’expérience des concrets immédiats, sans aucune capacité à former des abstractions, d’intégrer dans des concepts les objets qu’elle a perçus, attendant en vain qu’apparaisse un objet appelé ’causalité’ —sauf qu’une telle conscience serait incapable de tirer aucune conclusion d’aucune sorte<ref>Ayn Rand, [http://tfasinternational.org/ila/AynRand-ForTheNewIntellectual.pdf, ''For the New Intellectual'', 1961, p. 24. Traduit dans [http://fr.liberpedia.org/Pseudo-exp%C3%A9rimentalisme ''Liberpédia''&nbsp;: «&nbsp;Le pseudo-expérimentalisme&nbsp;»]</ref>.
 
De même des concepts abstraits de la philosophie normative&nbsp;: la définition du «&nbsp;bien&nbsp;» se construit par l’élimination des concepts qui se trouvent être contradictoires avec le reste de notre connaissance, qu’elle prenne la forme de faits concrets ou qu’elle se trouve condensée dans notre système de définitions<ref>Dans cette perspective, il n’y a qu’une définition du «&nbsp;juste&nbsp;» qui ne soit pas contradictoire&nbsp;: celle qui procède des ''actes respectueux de la propriété d’autrui''. Cf. Murray Rothbard, [http://mises.org/rothbard/ethics.pdf ''The Ethics of liberty''], traduit comme [http://membres.lycos.fr/mgrunert/ethique.htm ''L’éthique de la liberté'', Les belles lettres, 1991]&#8239;; Hans-Hermann Hoppe, «&nbsp;From the Economics of Laissez-Faire to the Ethics of Libertarianism&nbsp;», Ch. 8 de [http://mises.org/books/economicsethics.pdf ''The Economics and Ethics of Private Property'']. Boston/Londres/Dordrecht&nbsp;: Kluwer, 1993. Traduit comme [http://membres.multimania.fr/mgrunert/Hoppe_laissez_faire.htm «&nbsp;De la théorie économique du laissez-faire à la politique du libéralisme&nbsp;»].</ref>.
 
Ayn Rand était plus expéditive encore à l’encontre des philosophes [[idéalisme|idéalistes]] qui ont prétendu disqualifier la raison humaine parce que celle-ci est, par nature, bornée aux moyens de preuve qui sont les siens&nbsp;: ce qui revient selon elle à ''juger ce qui existe à l’aune de ce qu’on ne peut même pas imaginer''&nbsp;:
 
{{Citation|Même indépendamment du fait que la théorie [[Emmanuel Kant|kantienne]] des «&nbsp;catégories&nbsp;» comme source des concepts de l’homme est une invention ridicule, son argument équivaut à une négation, non seulement de la conscience humaine, mais de toute espèce de conscience, de la conscience en tant que telle. Son argument, en substance, était le suivant&nbsp;: l’homme est limité par une conscience qui a une nature spécifique, laquelle perçoit par des moyens spécifiques et par nul autre&#8239;; il s’ensuivrait que sa conscience ne serait pas valide&nbsp;: que l’homme serait aveugle, parce qu’il a les yeux&#8239;; sourds, parce il a des oreilles&#8239;; dans l’erreur, parce qu’il a un esprit. Et c’est ''parce'' qu’il les perçoit que les choses qu’il perçoit n’existeraient pas<ref>Ayn Rand, [http://tfasinternational.org/ila/AynRand-ForTheNewIntellectual.pdf, ''For the New Intellectual''], 1961, p. 33. Cf aussi George Walsh,[http://enlightenment.supersaturated.com/objectivity/walsh1/ «&nbsp;Ayn Rand and the Metaphysics of Kant&nbsp;»]</ref>.}}


Prétendre énoncer une vérité quelconque alors que par ailleurs on disqualifie la raison humaine, c’est une ''contradiction pratique'' que Rand appelait le «&nbsp;vol de concepts&nbsp;» et qui lui a servi à pourfendre et à «&nbsp;déceler&nbsp;» ce qu’elle considère comme des fausses philosophies (cf. ''infra'').
Prétendre énoncer une vérité quelconque alors que par ailleurs on disqualifie la raison humaine, c’est une ''contradiction pratique'' que Rand appelait le «&nbsp;vol de concepts&nbsp;» et qui lui a servi à pourfendre et à «&nbsp;déceler&nbsp;» ce qu’elle considère comme des fausses philosophies (cf. ''infra'').
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elle a voulu montrer que des conclusions définies sont possibles en la matière, même si la science des définitions, comme toute science, ne cesse de s’améliorer par l’accroissement des connaissances et l’élimination des incohérences qui subsistent.
elle a voulu montrer que des conclusions définies sont possibles en la matière, même si la science des définitions, comme toute science, ne cesse de s’améliorer par l’accroissement des connaissances et l’élimination des incohérences qui subsistent.


=== Les instruments du détective philosophique ===
{{à sourcer}}
Armée de sa ''Science des Définitions'', Ayn Rand avait énuméré différents types d’erreurs possibles en la matière, qui font des mots des «&nbsp;abstractions flottantes&nbsp;» dont la correspondance avec le réel ne peut pas être établie, des «&nbsp;anti-concepts&nbsp;» qui détruisent la pensée au lieu de servir celle-ci.  
Armée de sa ''Science des Définitions'', Ayn Rand avait énuméré différents types d’erreurs possibles en la matière, qui font des mots des «&nbsp;abstractions flottantes&nbsp;» dont la correspondance avec le réel ne peut pas être établie, des «&nbsp;anti-concepts&nbsp;» qui détruisent la pensée au lieu de servir celle-ci.  
* L’erreur dont l’identification est la plus féconde en la matière —&nbsp;parce qu’elle se réfère à l’interdépendance des concepts dans la hiérarchie des classifications de la connaissance&nbsp;— forme de ''présupposé logique'' nécessairement méconnue par certaines écoles de philosophie, est peut-être le ''vol de concepts''&nbsp;: l’emploi d’un concept dont on a par ailleurs nié les fondements épistémologiques, c’est-à-dire le lien nécessaire avec le réel.  
* L’erreur dont l’identification est la plus féconde en la matière —&nbsp;parce qu’elle se réfère à l’interdépendance des concepts dans la hiérarchie des classifications de la connaissance&nbsp;— forme de ''présupposé logique'' nécessairement méconnue par certaines écoles de philosophie, est peut-être le ''vol de concepts''&nbsp;: l’emploi d’un concept dont on a par ailleurs nié les fondements épistémologiques, c’est-à-dire le lien nécessaire avec le réel.  
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Il restera aux autres philosophes réalistes de décider si ces notions-là peuvent leur être utiles, ou si les catégories du [[thomisme]] contemporain leur permettaient déjà de s’en passer.
Il restera aux autres philosophes réalistes de décider si ces notions-là peuvent leur être utiles, ou si les catégories du [[thomisme]] contemporain leur permettaient déjà de s’en passer.
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== Politique ==
== Politique ==


Ayn Rand défendait un État «&nbsp;minimal&nbsp;», financé volontairement, mais néanmoins coercitif de par son monopole sur un territoire donné [https://www.lewrockwell.com/1970/01/roy-a-childs-jr/objectivism-and-the-state-an-open-letter-to-ayn-rand/].
Ayn Rand défendait un État «&nbsp;minimal&nbsp;», financé volontairement, mais néanmoins coercitif de par son monopole sur un territoire donné [https://www.lewrockwell.com/1970/01/roy-a-childs-jr/objectivism-and-the-state-an-open-letter-to-ayn-rand/].

Revision as of 8 December 2017 à 15:05

Philosophe et romancière américaine.

Biographie

Ayn Rand (2 février 1905 - 6 mars 1982), née Alissa Zinovievna Rosenbaum, est une philosophe et romancière américaine (d’origine juive russe émigrée), connue pour sa philosophie, l’objectivisme. Sa principale œuvre est Atlas Shrugged (1957), un roman qui met en scène des entrepreneurs se révoltant face au pillage étatiste.

Œuvres

Fiction

  • Anthem
  • Atlas Shrugged
  • The Fountainhead

Essais

  • The Virtue of Selfishness
  • Capitalism: the Unknown Ideal
  • We The Living
  • Philosophy: Who Needs It

Articles

Philosophie

Autres


Citation|Même indépendamment du fait que la théorie kantienne des « catégories » comme source des concepts de l’homme est une invention ridicule, son argument équivaut à une négation, non seulement de la conscience humaine, mais de toute espèce de conscience, de la conscience en tant que telle. Son argument, en substance, était le suivant : l’homme est limité par une conscience qui a une nature spécifique, laquelle perçoit par des moyens spécifiques et par nul autre ; il s’ensuivrait que sa conscience ne serait pas valide : que l’homme serait aveugle, parce qu’il a les yeux ; sourds, parce il a des oreilles ; dans l’erreur, parce qu’il a un esprit. Et c’est parce qu’il les perçoit que les choses qu’il perçoit n’existeraient pas[1].

Prétendre énoncer une vérité quelconque alors que par ailleurs on disqualifie la raison humaine, c’est une contradiction pratique que Rand appelait le « vol de concepts » et qui lui a servi à pourfendre et à « déceler » ce qu’elle considère comme des fausses philosophies (cf. infra). C’est ainsi qu’à l’usage de ses contemporains, Ayn Rand a souhaité réhabilité le raisonnement logique non seulement en théorie économique et en philosophie normative, mais encore en métaphysique : elle a voulu montrer que des conclusions définies sont possibles en la matière, même si la science des définitions, comme toute science, ne cesse de s’améliorer par l’accroissement des connaissances et l’élimination des incohérences qui subsistent.

Armée de sa Science des Définitions, Ayn Rand avait énuméré différents types d’erreurs possibles en la matière, qui font des mots des « abstractions flottantes » dont la correspondance avec le réel ne peut pas être établie, des « anti-concepts » qui détruisent la pensée au lieu de servir celle-ci.

  • L’erreur dont l’identification est la plus féconde en la matière — parce qu’elle se réfère à l’interdépendance des concepts dans la hiérarchie des classifications de la connaissance — forme de présupposé logique nécessairement méconnue par certaines écoles de philosophie, est peut-être le vol de concepts : l’emploi d’un concept dont on a par ailleurs nié les fondements épistémologiques, c’est-à-dire le lien nécessaire avec le réel.

Ainsi, souligne Nathaniel Branden, le concept de « vol » n’a de sens que s’il peut exister une « propriété légitime » : la formule de Proudhon : « la propriété, c’est le vol » implique donc une contradiction, parce qu’elle se sert d’un mot dont en même temps elle nie implicitement la validité[2].

  • D’autres types d’« anti »concepts" identifiés par Ayn Rand sont :

— l’« abandon de contexte » (« concept-dropping »), erreur de catégorie qui consiste à prétendre se servir d’un mot en-dehors des conditions où celui-ci peut servir ;

— l’« amalgame » (« package-dealing ») qui consiste à fourrer dans le même sac des faits en réalité foncièrement différents et

— la « définition par des traits secondaires » (« definition by non-essentials »), qui consiste à définir un concept par une de ses caractéristiques qui ne permet pas vraiment de distinguer ce qu’il désigne des autres existants[3].

Il restera aux autres philosophes réalistes de décider si ces notions-là peuvent leur être utiles, ou si les catégories du thomisme contemporain leur permettaient déjà de s’en passer.

Politique

Ayn Rand défendait un État « minimal », financé volontairement, mais néanmoins coercitif de par son monopole sur un territoire donné [1].

  1. Ayn Rand, For the New Intellectual, 1961, p. 33. Cf aussi George Walsh,« Ayn Rand and the Metaphysics of Kant »
  2. Nathaniel Branden, « The Fallacy of the Stolen Concept », For the New Intellectual, 1961, p. 24.
  3. Un anti-concept peut implique plusieurs de ces erreurs à la fois : ainsi, dépassant même Ludwig von Mises sur ce point, Ayn Rand avait compris qu’il ne peut pas exister de monopole sur un marché libre, entre autres parce que la fausse notion de « monopole sur un marché libre » combine : — l’« amalgame », en fourrant dans le même sac des situations qui naissent de contrats librement acceptés avec des situations qui naissent de la violence réglementaire de l’état ; — la « définition par des traits secondaires », parce que ce qui, dans le monopole, « nuit à la production », ce n’est jamais l’« inélasticité de la courbe de demande » mais bien les entraves règlementaires à la liberté de produire et d’échanger ; — des « concepts volés », parce que la prétendue « définition » d’un « monopole sur un marché libre » dépend d’autres notions qui se dissolvent à l’examen rationnel : les notions d’« élasticité de la courbe de demande » et de « part de marché » sont en réalité arbitraires (parce qu’elles dépendent d’un contexte indéfinissable en raison), et la notion de « profit de monopole » est en fait contradictoire (parce qu’il implique une « définition par des traits secondaires » : le « profit », en fait, ne peut jamais naître que de l’incertitude et par conséquent on ne peut l’associer systématiquement à aucun type de situation économique quelle qu’elle soit).