« Populisme » : différence entre les versions
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Un parti est traité de populiste dès le moment qu’il remarque un peu trop fort, ne faisant pas partie de la caste exploiteuse au pouvoir, que le pouvoir politique du moment se sert de la (pseudo-)démocratie dans son propre intérêt et non dans celui du peuple comme il le prétend, autrement dit un parti est traité de populiste dès ''qu’il vise à chasser les politiciens voleurs et corrompus pour faire lui-même la même chose à son compte, ou qu’il vise à supprimer (du moins en partie) le système''. Deux cas de figure se présentent alors : | Un parti est traité de populiste dès le moment qu’il remarque un peu trop fort, ne faisant pas partie de la caste exploiteuse au pouvoir, que le pouvoir politique du moment se sert de la (pseudo-)démocratie dans son propre intérêt et non dans celui du peuple comme il le prétend, autrement dit un parti est traité de populiste dès ''qu’il vise à chasser les politiciens voleurs et corrompus pour faire lui-même la même chose à son compte, ou qu’il vise à supprimer (du moins en partie) le système''. Deux cas de figure se présentent alors : | ||
*Lorsque les partis traités de populistes sont effectivement pires, du point de vue libéral, que les partis qui les en traitent, ces derniers doivent tout faire pour éviter qu’ils soient critiqués pour les bonnes raisons, '''puisqu’ils ne peuvent rien leur reprocher de valable qui n’attirerait l’attention sur leur propre [[esclavagisme-absurdisme]]'''. Le discours anti-libéral en général et anti-« mondialisation libérale » en particulier est ainsi généralisé et unanime au sein de la classe politique française, de l’« extrême-gauche » à l’« extrême-droite », à quelques non-significatives exceptions près : que peut alors reprocher, par exemple, un Chirac à un Le Pen | * Lorsque les partis traités de populistes sont effectivement pires, du point de vue libéral, que les partis qui les en traitent, ces derniers doivent tout faire pour éviter qu’ils soient critiqués pour les bonnes raisons, '''puisqu’ils ne peuvent rien leur reprocher de valable qui n’attirerait l’attention sur leur propre [[esclavagisme-absurdisme]]'''. Le discours anti-libéral en général et anti-« mondialisation libérale » en particulier est ainsi généralisé et unanime au sein de la classe politique française, de l’« extrême-gauche » à l’« extrême-droite », à quelques non-significatives exceptions près : que peut alors reprocher, par exemple, un Chirac à un Le Pen ? Il ne peut lui reprocher d’être socialiste, puisqu’il l’est aussi, ni d’être protectionniste et anti-mondialisation, pas même de faire une distinction entre « citoyens nationaux » et « étrangers », puisque les hommes de l’Etat la font aussi. | ||
*Lorsqu’ils sont au contraire moins nuisibles, c’est à dire prêts à moins violer les droits des individus et à plus respecter leurs volontés, donc sont plus « démocratiques » et défendent mieux les « intérêts du peuple » que les partis au pouvoir, ces derniers doivent tout faire pour éviter que cela se remarque trop, et donc leur reprocher cela-même comme un défaut dangereux, en les traitant de populistes également. | * Lorsqu’ils sont au contraire moins nuisibles, c’est à dire prêts à moins violer les droits des individus et à plus respecter leurs volontés, donc sont plus « démocratiques » et défendent mieux les « intérêts du peuple » que les partis au pouvoir, ces derniers doivent tout faire pour éviter que cela se remarque trop, et donc leur reprocher cela-même comme un défaut dangereux, en les traitant de populistes également. | ||
Ainsi, les politiciens au pouvoir parviennent à introduire une nouvelle dichotomie trompeuse, qui est celle entre les « populistes » et les autres, les partis « extrémistes » et les partis « parlementaires », pour occulter le vrai enjeu du débat politique, qui est de savoir dans quelle mesure tel politicien est prêt à laisser « le peuple » décider de ce qui le concerne, dans quelle mesure il ''remet en cause le vol des faibles par les puissants'', c’est à dire du « peuple » par « ses représentants ». | Ainsi, les politiciens au pouvoir parviennent à introduire une nouvelle dichotomie trompeuse, qui est celle entre les « populistes » et les autres, les partis « extrémistes » et les partis « parlementaires », pour occulter le vrai enjeu du débat politique, qui est de savoir dans quelle mesure tel politicien est prêt à laisser « le peuple » décider de ce qui le concerne, dans quelle mesure il ''remet en cause le vol des faibles par les puissants'', c’est à dire du « peuple » par « ses représentants ». | ||
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Version actuelle datée du 6 January 2023 à 22:56
Le populisme est une accusation dont se servent les politiciens au pouvoir (et ceux qui les soutiennent) contre ceux qui leur reprochent de ne pas se servir de leur pouvoir dans l’intérêt du peuple.
Le populisme comme défense du peuple
Le terme de populisme implique la notion de peuple. Or, cette notion peut-elle avoir un sens individualiste ? Le dictionnaire définit le peuple comme un « ensemble d’êtres humains vivant sur le même territoire ou ayant en commun une culture, des mœurs, un système de gouvernement. » A partir de cette définition de « peuple » il est pratiquement impossible de définir un intérêt commun sur lequel tous ses membres seraient d’accord.
Dans les sens qui nous préoccupent, par exemple « un politicien promet au peuple des baisses d’impôts ; c’est du populisme, juge son rival. » cette définition ne s’applique pas : le politicien ne le promet pas à lui-même, ni à son rival, ni en fait à l’ensemble de la caste exploiteuse. Il ne peut le promettre en réalité qu’à ceux qui sont victimes des impôts. Le terme populiste, pour avoir un sens, doit donc impliquer de définir le peuple comme la caste exploitée.
Selon la théorie des classes à laquelle le populiste adhère, il n’en tirera alors pas les mêmes conclusions : s’il s’en tient à la théorie des classes marxiste, il considèrera que ce sont les « capitalistes » qui « exploitent » les « travailleurs », et que « le peuple », c’est à dire la caste exploitée ainsi définie, doit donc se révolter contre la caste exploiteuse patronale ; s’il comprend la théorie des classes libérale (du moins en partie, et peut-être inconsciemment), au contraire, il sait que « le peuple » est exploité par les hommes de l’État, et que c’est leur (pseudo-)démocratie qui l’empêche de décider « lui-même » des affaires qui « le » concernent. C’est ce que François Guillaumat appelle les « populistes de gauche » et les « populistes de droite ».
Pris dans ces sens cohérents et non-contradictoires-là, le terme de populisme devient donc inutile, puisque synonyme soit de communisme, soit de libéralisme : la définition qui reste est donc celle d’un populiste de droite qui ne comprend pas tout. Sa définition à lui de pseudo-démocratie est bien souvent simplement la « social-démocratie technocratique », sa définition de « laisser le peuple décider des affaires qui le concernent » implique plutôt « la démocratie directe », et lui comme président la gérant, puisqu’il est politicien ! De même, il ne définit le peuple comme classe exploitée que pour les besoins de l’opposition avec la classe exploiteuse, mais pour le reste reconnaît une pertinence à la notion de peuple avec une volonté collective propre. Comme « peuple » se confond souvent avec « les citoyens de l’État-nation », ces populistes-là défendent toujours un certain nationalisme — sinon, ils ne seraient pas populistes mais libéraux et ne parleraient pas de « peuple » mais d'individus.
L’accusation de populisme
Des politiciens aux orientations très différentes sont souvent traités de populistes par d’autres politiciens, lesquels n’ont de théorie cohérente ni de la démocratie ni du Droit et seraient bien incapables de donner une définition cohérente tant de populisme que d’extrême-droite, et encore moins d’expliquer la distinction entre les deux.
Comme pour extrême-droite, le terme est principalement employé par la gauche pour discréditer certaines parties (de plus en plus grandes) de la droite, par exemple pour mettre dans un même sac Le Pen, Blocher, Haider, Pim Fortuyn. Or, même en admettant qu’ils ont en commun une certaine méfiance envers l’immigration, à des degrés, sous des formes et pour des raisons très divers d’ailleurs, ça n’explique toujours pas le « populiste » ni pourquoi il faudrait désigner d’un même terme un nationaliste plus ou moins socialiste (et de plus en plus socialiste depuis le début des années 1990…), un libéral-conservateur, un conservateur-nationaliste ou un opposant de l’Islam.
« Le populisme consiste à défendre la “volonté du peuple” »
Le terme de populisme désigne aussi parfois ceux qui défendent la « volonté populaire » contre la démocratie représentative (par exemple, lors du débat sur le référendum français sur le TCE, Noël Mamère l’a employé dans ce sens-là en disant que c’est le parlement qui aurait dû ratifier le TCE, et que ceux qui pensent le contraire sont contre la démocratie représentative et donc des populistes).
De même, le terme peut désigner ceux qui pensent que la volonté du peuple doit être respectée, le rôle du politique étant de se demander « Que demande le peuple ? » et le faire. Il y a par exemple des sociologues suisses qui critiquent les abus dans le droit d’asile, non pas parce qu’ils poseraient un problème en eux-mêmes, mais parce que « le peuple » les considère comme un problème.
Mais ceux-là, il est inutile de les qualifier de populistes, ils sont tout simplement démocrates ! Tandis qu’un Mamère, dans ce cas, se reconnaît comme un autoritaire anti-démocrate : non seulement il nie le Droit des individus à disposer d’eux-mêmes (comme tous les démocrates), mais en plus il considère que c’est la classe politique, plutôt que la majorité du peuple, qui peut décider des violations des droits individuels.
Il est également significatif que les partis au pouvoir envisagent sérieusement d’interdire les partis « d’extrême-droite », alors même qu’ils acceptent par ailleurs que la volonté de la majorité prime sur le Droit : leur conception de la démocratie est de laisser la majorité choisir - tant qu’elle les choisit, eux ; et lorsqu’ils parlent de « limiter les excès de la démocratie » c’est bien dans ce sens-là qu’ils l’entendent, et non dans celui de l'illusion constitutionnaliste.
« Le populisme consiste à promettre au “peuple” de défendre ses intérêts...
...et le faire
Le reproche de populisme est alors d’être « trop proche du peuple » et des intérêts de la classe exploitée — en somme, de n’avoir pas intégré la classe exploiteuse technocratique. C’est plus ou moins dans ce sens que Rothbard l’utilise, voir « Le populisme de droite » par Murray Rothbard .
...ou non, parce que les promesses faites sont intenables, ou que le politicien mentait dès le départ
Populisme est alors utilisé dans le même sens que démagogie, c’est à dire prétendre défendre les intérêts du « peuple » pour en réalité mieux défendre les siens, ce qui est en réalité la définition même de tout politique ! Dans ce sens là, le politicien qui traite ses homologues de populistes ne le fait que dans un seul but : distraire « le peuple » du fait qu’il l’est lui-même. L’accusation de populisme relève dès lors d’un pur instrument rhétorique.
L’accusation de populisme est ainsi variable : le FN fut accusé de populisme, par la droite établie et par la gauche, accusé de faire dans la « démagogie sécuritaire » parce qu’il se faisait le porte-parole du « peuple », victime de l’insécurité. Jusqu’à ce que Sarkozy reprenne le discours « sécuritaire » à son compte. Il y eut alors décalage terminologique : la gauche continua à parler de populisme, mais en en accusant à présent la droite établie.
De même, le FN a repris à son compte une bonne partie du discours anti-mondialisation venu de la gauche attacante, lorsqu’il a vu que ce discours semblait plaire à une partie du « peuple ».
Plutôt que d’utiliser le terme de populisme dans ce sens-là, il est préférable d’employer celui, beaucoup plus précis et moins ambigu, d'électoralisme.
« Le populisme consiste à flatter les bas instincts du peuple »
Une autre variante consiste à accuser de populisme ceux qui défendent des souhaits populaires qui ne sont pas les mêmes que ceux de l’accusateur : suggérer de prendre l’argent là où il se trouve, c’est à dire faire croire au « peuple » qu’il va s’enrichir en punissant les riches de s’être enrichis par exemple ne sera que rarement qualifié de populisme, car le terme est surtout employé par les socialistes.
Là encore, le terme est utilisé pour une raison simple : tout faire pour cacher la seule distinction pertinente, qui est celle entre les souhaits du « peuple » qui sont parfaitement légitimes et ceux qui ne le sont pas :
- Les souhaits du « peuple » parfaitement légitimes sont tous ceux qui n’impliquent pas de violence agressive, mais au contraire visent à s’en protéger. Ainsi, est systématiquement traité de populiste ou de démagogue tout politicien faisant une proposition visant à rendre aux gens l’argent que les hommes de l’Etat leur ont volé[1], ainsi que tout politicien osant rappeler que la sécurité est de moins en moins assurée, et qu’il faudrait par conséquent peut-être laisser les individus se défendre contre les agressions, ou qu’il faudrait que les hommes de l’État assurent la sécurité des biens et des personnes, ce qui, après tout, est le prétexte premier de leur monopole de la violence.
- Les souhaits du « peuple » qui ne sont pas légitimes sont toux ceux qui reposent sur la violence agressive. C’est notamment le cas des souhaits socialistes de certains, entretenus par l’esclavagisme-absurdisme, de se servir de la démocratie pour laisser les hommes de l’État charger les forces du désordre de commettre les atteintes au Droit qu’ils n’oseraient pas faire eux-mêmes directement, et que d’ailleurs ils comprennent qu’ils n’ont pas le droit de faire eux-mêmes, mais croient ou veulent croire qu’ils ont le droit de charger d’autres de le faire, ou mieux, de charger d’autres d’exiger d’autres qu’ils ordonnent à d’autres de le faire, de sorte à ce que tout le monde ait une excuse : c’est la croyance dans le chapeau.
Déjà John Locke avait pourtant compris que the people cannot delegate to government the power to do anything which would be unlawful for them to do themselves.
Avec « populiste », cette distinction essentielle disparaît — et c’est bien le but — et se retrouve remplacée par une fausse opposition entre les points sur lesquels les souhaits du « peuple » rejoignent ceux de la classe exploiteuse (c’est à dire souvent les souhaits de ceux qui lancent les anathèmes de « populisme ») et ceux sur lesquels ils la contredisent.
Populisme : un terme utilisé pour des raisons bien précises
En jouant sur le sens vague de « peuple », l’usage du terme populisme permet d’entretenir la confusion sur la (pseudo-)démocratie, et ainsi éviter le débat de fond sur sa définition et sa légitimité.
En étant utilisé par certains politiciens pour traiter d’autres de démagogues, il permet de faire oublier qu’ils le sont tous nécessairement.
Un parti est traité de populiste dès le moment qu’il remarque un peu trop fort, ne faisant pas partie de la caste exploiteuse au pouvoir, que le pouvoir politique du moment se sert de la (pseudo-)démocratie dans son propre intérêt et non dans celui du peuple comme il le prétend, autrement dit un parti est traité de populiste dès qu’il vise à chasser les politiciens voleurs et corrompus pour faire lui-même la même chose à son compte, ou qu’il vise à supprimer (du moins en partie) le système. Deux cas de figure se présentent alors :
- Lorsque les partis traités de populistes sont effectivement pires, du point de vue libéral, que les partis qui les en traitent, ces derniers doivent tout faire pour éviter qu’ils soient critiqués pour les bonnes raisons, puisqu’ils ne peuvent rien leur reprocher de valable qui n’attirerait l’attention sur leur propre esclavagisme-absurdisme. Le discours anti-libéral en général et anti-« mondialisation libérale » en particulier est ainsi généralisé et unanime au sein de la classe politique française, de l’« extrême-gauche » à l’« extrême-droite », à quelques non-significatives exceptions près : que peut alors reprocher, par exemple, un Chirac à un Le Pen ? Il ne peut lui reprocher d’être socialiste, puisqu’il l’est aussi, ni d’être protectionniste et anti-mondialisation, pas même de faire une distinction entre « citoyens nationaux » et « étrangers », puisque les hommes de l’Etat la font aussi.
- Lorsqu’ils sont au contraire moins nuisibles, c’est à dire prêts à moins violer les droits des individus et à plus respecter leurs volontés, donc sont plus « démocratiques » et défendent mieux les « intérêts du peuple » que les partis au pouvoir, ces derniers doivent tout faire pour éviter que cela se remarque trop, et donc leur reprocher cela-même comme un défaut dangereux, en les traitant de populistes également.
Ainsi, les politiciens au pouvoir parviennent à introduire une nouvelle dichotomie trompeuse, qui est celle entre les « populistes » et les autres, les partis « extrémistes » et les partis « parlementaires », pour occulter le vrai enjeu du débat politique, qui est de savoir dans quelle mesure tel politicien est prêt à laisser « le peuple » décider de ce qui le concerne, dans quelle mesure il remet en cause le vol des faibles par les puissants, c’est à dire du « peuple » par « ses représentants ».