Loi des Calamités
L’expression Loi des Calamités a été inventée par Michel de Poncins pour désigner la pente savonneuse de l’interventionnisme qu’avait décrite Ludwig von Mises :
- comme l’intervention de l’Etat crée un précédent dans la destruction du Droit, n’atteint pratiquement jamais ses objectifs affichés, et cause des dégâts dont le mécontentement se nourrit, elle engendre des pressions pour des interventions ultérieures aussi longtemps que subsiste l’illusion quant à ses effets réels.
Ce cercle vicieux de l’illusion fiscale doit conduire à terme à l’abolition de tout Droit (le « socialisme réel ») et à la destruction de toute richesse si on y reste enfermé, et continue à ne pas tenir compte des véritables conséquences de l’interventionnisme étatique.
Le Multiplicateur des Calamités
La Loi de Bitur-Camember ou Loi de la destruction totale démontre que toute intervention particulière de l’Etat détruit la richesse dont elle s’empare dans un rapport de 1 à 1.
Cependant, on doit aussi tenir compte des destructions à venir, causées par les interventions futures que la première aura engendrées. On appellera donc Multiplicateur des Calamités ou Multiplicateur de Poncins-Dray, du nom de ceux qui ont permis d’élaborer le concept, le rapport, supérieur à 1, entre les richesses qu’aura finalement détruites une intervention particulière des hommes de l’Etat, et celles dont cette intervention s’était spécifiquement emparée, compte tenu des interventions supplémentaires que la première aura inspirées par la suite.
Effets contraignants automatiques et effets induits vraisemblables
Que l’on puisse à la fois énoncer la Loi de Bitur-Camember et la Loi des Calamités illustre l’ambiguïté de la notion d’« équilibre final » : la première décrit les conditions de cet « équilibre » telles que les déterminent les effets contraignants d’une politique particulière, la deuxième les conditions qui naissent des autres politiques que la première aura inspirées, et l’une et l’autre sont vraies, suivant le choix des causes dont on décide d’étudier les effets.
La théorie économique ne peut raisonner autrement : elle ne peut élucider les divers aspects d’une causalité sociale complexe qu’en les isolant successivement, dans une expérience mentale (Gedankenexperiment) qui permet, en faisant abstraction des autres d’en examiner les tenants et les aboutissants : contrairement à ce que peuvent croire certains ingénieurs qui se prennent pour des économistes, la multiplicité de ces causes exclut toute représentation exhaustive de l’économie dans un « modèle » qui en reproduirait l’« essentiel » et on ne connaît que trop les confusions qui naissent de la vaine ambition de les traiter ensemble, simultanément.
Et dans la mesure où, en l’occurrence, cette théorie économique sert à prédire les effets d’une politique, le démonstration de Bitur-Camember est une étape nécessaire, puisqu’elle naît de la distinction traditionnelle, justifiée et pratiquement nécessaire entre ceux de ses effets qui sont automatiques et ceux qui ne sont que probables.
En effet, la Loi de Bitur-Camember décrit les effets automatiques d’une politique par hypothèse déjà décidée, alors que les effets cumulatifs que celle-ci entraînera par le jeu de la Loi des Calamités ne sont que probables : la spoliation légale résulte d’un jeu complexe de rapports de forces qui peut changer de façon imprévisible et en outre il n’est jamais complètement impossible que les parties prenantes y renoncent en tout ou partie, puisqu’elle n’est que pure destruction et qu’il est donc toujours dans l’intérêt rationnel de tous de trouver une manière d’y mettre fin.