À quoi sert le « principe de précaution » ?

From Liberpédia

par François Guillaumat

Une version précédente de ce texte a été publiée par le Québécois Libre

L’idée suivant laquelle le prétendu « principe de précaution » serait « scientifique », dépend strictement du rêve incohérent d’une « science » qui devrait tout savoir avant même d’avoir expérimenté.

Un esclavagisme absurdiste

Un des grands procédés sophistiques de l’esclavagisme-absurdisme socialiste, c’est de reprocher aux choix concrets des hommes, par définition réalisables et assis sur les lois de la nature, de ne pas se conformer à des « idéaux » strictement impossibles, voire impensables : « égalité des chances », « non-discrimination », etc. Ici, ce sera l'omniscience. Cet idéalisme est une des grandes portes vers l’absurdité qui caractérise toutes les rationalisations de l’esclavagiste socialiste : une fois que ses dupes ont gobé l’absurdité initiale, il peut leur dire et surtout leur faire n’importe quoi, ce qui était bien dès le départ le but de l’opération.

Il s’agit bien d'esclavagisme socialiste : les tenants du prétendu principe de précaution entendent bel et bien le cas échéant disposer du bien d’autrui, c’est-à-dire des fruits du travail d’un autre, contre son consentement : ils ne respectent nullement la propriété, le Droit de disposer de son bien et d’en subir les conséquences, bonnes ou mauvaises, et nous allons voir que s’ils le respectaient, c’est un tout autre principe qui prévaudrait, celui de la responsabilité, qui est celui de la véritable prudence.

De même, nous avons bel et bien affaire à un absurdisme caractérisé : ce qui concerne le prétendu principe de précaution, la norme utopique et même strictement impensable que l’esclavagisme-absurdisme socialiste oppose au choix réel et rationnel est une norme de connaissance : c’est l’ omniscience, dont il voudrait faire une condition préalable de l’action :

lorsqu’on peut seulement imaginer que certains événements catastrophiques ont la plus minime éventualité de se produire, alors que les savants n’en ont aucune expérience, de sorte qu’ils ne peuvent pas nous dire avec quelles chances, les adeptes du prétendu « principe de précaution » nous invitent en fait à traiter ces événements comme s’ils étaient certains.

En l’occurrence, le mot « catastrophique » est le déclencheur qui doit faire disjoncter notre faculté critique et, nous invitant à inverser la charge de la preuve là où, justement, aucune preuve n’existe, nous faire basculer dans l’ absurdisme caractéristique de l’esclavagisme socialiste.

L’imagination contre la connaissance

La première conséquence de cette réaction panique est en effet de nous inviter à jeter par-dessus bord toute objectivité, au profit de la seule imagination, aussi impérieuse qu’enfiévrée : en effet, l’ ignorance des faits est l’hypothèse de départ dans laquelle on nous invite à appliquer ce prétenu principe ; et de rappeler, ce qui est pour toujours exact, que « l’inexistence des preuves n’est pas la preuve de l’inexistence ». Les partisans du pseudo-principe de précaution en déduisent faussement qu’on ne devrait pas agir tant que cette ignorance subsiste. Faussement, parce que :

- la connaissance ne peut pas progresser à moins qu’on n’expérimente : de sorte que faire de la certitude préalable la condition de l’action, c’est garantir qu’on n’en saura jamais plus, et qu’on n’agira jamais.
-en outre, s’il est vrai que « l’inexistence des preuves n’est pas la preuve de l’inexistence », c’est parce que la science expérimentale ne pourra jamais prouver qu’elle a traité toutes les causes éventuelles qui pourraient engendrer une conséquence imaginable ; prétendre qu’elle le pourrait impliquerait une faute de raisonnement, que les logiciens appellent affirmation du conséquent : il s’ensuit donc aussi qu’ on ne pourra jamais prouver objectivement qu’une activité ne comporte aucun risque non encore découvert.

Exiger au nom du principe de précaution qu’on n’agisse pas avant d’être certain qu’il n’y a pas de risque est donc doublement absurde : parce qu’il faut agir pour expérimenter, et parce qu’on ne saura jamais tout. Au nom de dangers purement imaginés, l’absurdisme esclavagiste-absurdiste exige ici l’omniscience, tout en disqualifiant la connaissance existante et en proscrivant les moyens d’en acquérir davantage.

L’oblitération systématique de risques pourtant évidents

La deuxième conséquence est de nous inviter à méconnaître systématiquement un risque : ce risque est le deuxième de l’alternative, c’est le risque que l’événement tant redouté ne se produise jamais, de sorte qu’on aura pris pour rien d’immenses précautions, éventuellement ruineuses.

Le prétendu principe de précaution fausse donc la prise de décisions parce que, face à une alternative entre deux choix, l’un et l’autre, comme tout choix, nécessairement risqués, il nous invite à ne tenir compte des risques que d’un seul des deux choix : comment faire passer cette attitude-là pour « raisonnable » ? et comme cela nous conduit à méconnaître systématiquement certains risques, c’est seulement par antiphrase que l’on peut appeler cela de la « précaution ».


Les vraies raisons du « principe de précaution »

Qui peut entretenir une utopie aussi absurde de la « science », et comment a-t-elle pu servir de prétexte pour balancer par-dessus bord les principes immémoriaux de la prudence au profit de cette espèce de panique institutionnalisée ? La clé se trouve dans le monde où vivent les sectateurs de cette démentielle falsification :

Le « principe de précaution » est né de l’irresponsabilité institutionnelle

À vrai dire, comme en témoigne par contraste la situation aux Etats-Unis où on n’en a nullement fait un « principe juridique », il fallait un socialisme déjà bien avancé pour qu’une telle absurdité se développe.

L’irresponsabilité institutionnelle caractérise l’action des hommes de l’Etat, puisque c’est par définition qu’ils peuvent forcer les autres à subir les conséquences de leurs choix. Cependant cette irresponsabilité intitutionnelle des hommes de l’Etat n’est jamais totale : elle n’est pas la même pour tous les types de décisions. En conséquence l’homme de l’État confronté à un choix, c’est-à-dire à une alternative entre deux actions, considère que s’il choisit l’un des termes de cette alternative, il échappera à ses conséquences, tandis que s’il choisit l’autre et que les risques y afférents se réalisent, on pourra lui faire grief d’avoir « pris trop de risque ».

Il prendra donc la décision, nécessairement porteuse de risques comme toute décision, dont il pense que ses risques ne retomberont pas sur lui. Cependant, dans ce contexte d’irresponsabilité, il n’a même pas besoin de se demander quels risques comportent une décision dont il ne s’attend pas à jamais subir les conséquences : de sorte qu’il peut très bien ne plus se rendre compte du tout des risques que comportait cette décision-là, et qu’il force les autres à subir. Donc, en n’évitant que les risques qui peuvent retomber sur lui, il perd la conscience de ceux qu’il impose aux autres. D’où son illusion de toujours « prendre le moins de risques possibles » et la dénomination du prétendu « principe de précaution », qui désigne en réalité le choix de :

ne prendre que les décisions dont on pourra forcer les autres à subir tous les risques.

Ce qui se traduit par le critère pratique suivant :

ne prendre que les risques dont la conscience échappe à l’opinion publique.


La loi des calamités

Alors, bien sûr, l’Irresponsable Institutionnel peut se tromper. Il peut arrive que ses choix, dont il croyait l’irresponsabilité garantie, passent au contraire le seuil du scandale public, de sorte que la décision qu’il croyait non risquée pour lui se révèle trop désastreuse pour que lui-même échappe à ses conséquences comme il s’y attendait. C’est ce qui est arrivé pour le sang contaminé, pour la vache folle, etc. Dans ces deux cas, le principe « pas de vagues » (en anglais CYA) était la manifestation concrète du prétendu principe dans l’esprit du bureaucrate : seulement, à ces deux occasions, il s’est peut-être trompé sur celui des deux risques qu’il fallait mépriser (il faut dire « peut-être » parce que ceux qui exposent un scandale dans leur organisation en sont toujours durement punis).

Cependant, on ne se rend toujours pas compte que c’est l’irresponsabilité institutionnelle qui a faussé la prise de risques, et que si le décideur irresponsable a fait comme si sa décision n’était pas risquée, c’est parce qu’il s’attendait bien à le demeurer, irresponsable. C’est pourquoi l’opinion peut attribuer à une « insuffisance de précautions » toutes ces catastrophes effroyables qui sont en réalité dues à l’usurpation du pouvoir de décider par des gens qui peuvent forcer les autres à en subir les conséquences à leur place (définition de la décision étatique).

Il ne s’agit d’ailleurs là que d’une simple application à la décision risquée de la loi des calamités décrite par Mises et dénommée ainsi par Michel de Poncins : toute calamité due à l’usurpation étatique sert de prétexte à de nouvelles usurpations criminelles... garantissant que de nouvelles catastrophes se produiront.